Le cas d'une artiste franco-algérienne, incarcérée depuis depuis début mars en Algérie pour «appartenance à une organisation terroriste» en lien avec ses productions artistiques dédiées au mouvement de contestation du Hirak n'a jamais été évoqué par Paris, malgré la gravité des accusations portées à son encontre et qui peuvent lui coûter plusieurs années d'emprisonnement. Selon des sources consultées par Barlamane.com, la France veut éviter le scénario de la militante politique et journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, arrêtée en Tunisie avant d'être placée «sous la protection des autorités françaises». Elle a «fait l'objet d'une tentative d'enlèvement et de séquestration de la part de certaines autorités dépositaires de la force publique en Tunisie, à la demande des autorités algériennes», une affaire qui a secoué les relations entre Paris et Alger début 2023. En marge de cet événement, l'Algérie a rappelé «pour consultations» son ambassadeur en France pour protester contre «l'exfiltration illégale» via la Tunisie de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui. Cette dernière a finalement pu embarquer sur un vol à destination de la France, sachant qu'elle faisait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire en Algérie. Djamila Bentouis, 60 ans, mère de trois enfants, était venue de France rendre les derniers hommages à sa mère mourante et a été interrogée à son arrivée, pendant plusieurs heures, à l'aéroport d'Alger le 25 février puis de nouveau les jours suivants avant d'être placée en détention le 3 mars, a précisé la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme LADDH, sur sa page Facebook. La détention de Mme Bentouis a également été confirmée par le Comité national de défense des détenus (CNLD). Accusations fabriquées Selon des sources de la société civile algérienne, l'incarcération de Mme Bentouis a été confirmée le 13 mars. Elle est poursuivie pour «appartenance à une organisation terroriste active à l'intérieur et à l'extérieur du pays», «atteinte à la sécurité et à l'unité nationale» et «incitation à attroupement non armé.» «Les accusations (contre Mme Bentouis) s'appuient sur des interprétations des paroles de la chanson qu'elle a écrite et chantée pendant les manifestations de solidarité au Hirak en Algérie», et contre «les arrestations et la répression qui s'était abattue sur les activistes», ont souligné les deux ONG. À l'international, les voix qui réclament une révision de l'article 87 relatif aux actes terroristes, utilisée par les autorités algériennes pour incarcérer les opposants au régime, est vivement réclamée. Selon le CNLD, 230 personnes ayant pris part aux contestations sociales sont encore dans les prisons en Algérie.