Les importations marocaines de soufre ont franchi un seuil inédit en 2024, atteignant 8,3 millions de tonnes, contre 7,2 millions au maximum les années précédentes. Cette progression traduit une demande accrue portée par l'entrée en service de nouvelles unités de combustion. Une nouvelle installation, mise en fonctionnement progressif depuis décembre 2024, devrait absorber 550 000 tonnes de soufre par an une fois pleinement opérationnelle. Par ailleurs, un autre brûleur d'une capacité annuelle de 417 000 tonnes a été inauguré au deuxième trimestre de l'année dernière, augmentant les besoins en approvisionnement. Le Kazakhstan s'est imposé comme principal fournisseur, assurant près de la moitié des volumes importés contre 33 % un an plus tôt. Les livraisons en provenance d'Astana ont quasiment doublé en un an, atteignant 4,1 millions de tonnes, selon les dernières données de Global Trade Tracker (GTT). Ce basculement des flux commerciaux s'explique par la réduction du temps de transport, alors que les cargaisons en provenance du Moyen-Orient ont dû contourner le cap de Bonne-Espérance en raison des perturbations dans la mer Rouge, renchérissant les coûts d'acheminement. Dans le même temps, le marché brésilien a moins absorbé de soufre kazakh, faisant de l'Afrique du Nord sa principale destination. Les livraisons saoudiennes ont progressé de 58 %, atteignant 915 000 tonnes, les importateurs ayant privilégié des cargaisons combinant soufre concassé et granulaire pour réduire les coûts d'acquisition. Les Emirats arabes unis sont restés un acteur majeur de ce commerce, avec 2,5 millions de tonnes expédiées vers le Maroc, représentant 31 % des parts de marché. À l'inverse, les importations en provenance de Pologne ont reculé de 219 700 tonnes, ne dépassant plus légèrement les 100 000 tonnes sur l'année, en raison d'une demande accrue des consommateurs européens. Les volumes en provenance des Etats-Unis ont également fléchi de 212 000 tonnes, la production américaine de soufre ayant été affectée par l'allègement des charges dans les raffineries et certaines fermetures d'unités. La demande marocaine devrait encore progresser en 2025, portée par la montée en régime des nouvelles infrastructures. Une réorientation vers des cargaisons moyen-orientales pourrait également se dessiner, afin de satisfaire ces besoins croissants.