Le Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition) a critiqué, jeudi 3 avril avec virulence, la gestion gouvernementale du secteur de l'élevage et de l'approvisionnement en viandes rouges, estimant que les aides publiques accordées aux importateurs de bétail depuis fin 2022 ont engendré un coût fiscal dépassant 13 milliards de dirhams, susceptible d'atteindre 20 milliards de dirhams, une fois intégrées les sommes engagées depuis octobre 2024. Dans un communiqué consulté par Barlamane.com, le PPS reproche à l'exécutif de maintenir coûte que coûte un mécanisme jugé stérile, mettant en cause un déséquilibre structurel où les ressources publiques sont absorbées par un cercle restreint d'opérateurs, sans bénéfice réel pour les consommateurs ni pour la filière nationale de l'élevage. Une politique jugée inefficace sur les prix et la production locale Le soutien financier de l'Etat aux importateurs de bétail, destiné à stabiliser les prix des viandes rouges et à pallier la baisse du cheptel national, n'a produit aucun effet tangible sur le marché intérieur, selon le PPS. En plus des aides indirectes, le gouvernement a octroyé 437 millions de dirhams de subventions directes pour l'importation d'ovins destinés aux sacrifices de l'Aïd al-Adha 2023 et 2024. Toutefois, le parti affirme que ces injections de liquidités n'ont ni atténué la pression sur les prix, qui restent élevés pour les ménages, ni renforcé la résilience du secteur. Il souligne que la situation actuelle met en péril la viabilité des éleveurs locaux, fragilisés par la concurrence des importations subventionnées et les contraintes liées à la sécheresse. Un manque à gagner fiscal et un arbitrage budgétaire contesté D'après les estimations du PPS, les fonds alloués aux importateurs privent le Trésor d'un revenu substantiel alors que ces sommes auraient pu être réorientées vers des investissements productifs ou des mesures de soutien ciblées en faveur des petits et moyens agriculteurs. Le parti critique une politique budgétaire asymétrique, où les ressources publiques servent à soutenir des acteurs privés bénéficiant déjà d'une situation de rente, sans contrepartie claire en termes de stabilisation du marché ou de souveraineté alimentaire. L'échec du plan "Génération verte" pointé du doigt Dans son communiqué, le PPS met en cause l'inefficacité du programme agricole "Génération verte", qui devait structurer la filière et garantir une meilleure autonomie du pays en matière de production animale. Selon lui, ce plan stratégique s'est transformé en un levier de concentration des richesses, favorisant principalement les grands exportateurs, tandis que les petits et moyens éleveurs demeurent en marge des dispositifs d'accompagnement. Le parti met en garde contre un modèle agricole déséquilibré, marqué par une surexploitation des ressources hydriques et un recul des capacités nationales de production, ce qui, à terme, accentuerait la dépendance aux importations et l'instabilité des prix alimentaires. Alors que les voix critiques se multiplient, y compris au sein de la majorité gouvernementale, le PPS appelle à une réévaluation urgente des choix budgétaires en matière de soutien au secteur de l'élevage et plaide pour une redéfinition des priorités agricoles dans un contexte de tensions économiques croissantes.