Dans le cadre de l'acquisition du char K2 Black Panther, le Maroc discute d'un partenariat stratégique avec la Corée du Sud. Cette acquisition serait accompagnée de transferts technologiques, de la mise en place d'un montage local et d'un programme de coproduction, destinés à renforcer l'industrie de défense marocaine. Des conditions similaires sont à l'étude dans les négociations entre les deux pays. Une possible révolution silencieuse est à l'œuvre dans l'équilibre militaire régional. Le Maroc, engagé dans une profonde reconfiguration de ses capacités de défense, envisage sérieusement l'acquisition du char sud-coréen K2 Black Panther, l'un des blindés les plus perfectionnés au monde, une information confirmée par diverses sources sud-coréennes crédibles. Lors d'une visite officielle à Séoul, une délégation conduite par Ryad Mezzour, ministre de l'industrie et du commerce, s'est entretenue successivement avec Kim Hee-sang, coordinateur pour la diplomatie économique au ministère des affaires étrangères, et M. Ahn Duk-geun, ministre du commerce, de l'industrie et de l'énergie, pour examiner les modalités de ce projet d'envergure. Une architecture géopolitique en mutation Au-delà du simple volet technologique, les discussions engagées traduisent une convergence stratégique de fond entre Rabat et Séoul. Le Maroc, confronté à des tensions frontalières persistantes avec l'Algérie – qui s'est dotée de plus de 300 chars T-90 russes –, cherche à acquérir un avantage qualitatif dans le domaine blindé. Le K2, grâce à son système de visée avancée, sa capacité de tir en mouvement à longue distance et ses dispositifs de protection active, offrirait au Royaume un levier décisif dans la dissuasion et l'anticipation tactique. Cette démarche reflète une volonté de rompre avec la dépendance à des plateformes occidentales vieillissantes (M60 américains, AMX-30 français), en dotant les Forces armées royales d'une capacité de projection mécanisée à la hauteur des standards contemporains. Le K2, un chef-d'œuvre d'ingénierie militaire Développé par Hyundai Rotem et entré en service opérationnel dans l'armée sud-coréenne en 2014, le K2 Black Panther incarne une synthèse raffinée de puissance de feu, de mobilité et de protection. Pesant environ 55 tonnes, il est équipé d'un canon 120 mm L/55 à âme lisse d'origine allemande, couplé à un système de chargement automatique capable d'atteindre une cadence de dix tirs par minute. Son système de conduite de tir intégré, assisté de capteurs infrarouges et de télémètres laser, lui permet de neutraliser des cibles situées à plus de 6 kilomètres, y compris dans des environnements topographiques complexes. Le blindé intègre également un moteur diesel de 1 500 chevaux, une transmission entièrement automatique, une suspension hydropneumatique active lui permettant de s'adapter au terrain et de s'incliner pour optimiser le tir ou la protection, ainsi qu'un système de franchissement de gué profond jusqu'à 4,1 mètres, conférant une liberté d'action rare sur les terrains variés marocains, allant des plaines atlantiques aux reliefs sahariens. Fidèle à sa stratégie d'exportation fondée sur des offres à géométrie industrielle variable, la Corée du Sud ne se contente pas de vendre un produit : elle propose un partenariat structurant. Dans le cas polonais, l'acquisition de K2 s'est accompagnée de transferts de technologie, de montage local et d'un programme de coproduction, pour enrichir la filière défense nationale du pays récipiendaire. Des dispositions analogues sont à l'étude dans le dialogue avec Rabat. Une adoption du K2 par les forces marocaines serait susceptible de provoquer une reconfiguration des rapports de force au Maghreb. Déjà engagée dans une spirale de réarmement, l'Algérie pourrait être incitée à intensifier ses propres acquisitions, notamment auprès de fournisseurs russes et chinois, exacerbant la course aux armements dans une région sous haute tension géopolitique. Par ricochet, ce mouvement pourrait stimuler des réajustements similaires dans d'autres Etats du Sahel et d'Afrique subsaharienne, dans un climat de rivalités croissantes et d'instabilité endémique. La Corée du Sud, nouvel acteur en Afrique de la défense ? L'ancrage potentiel du K2 sur le continent africain marquerait une rupture symbolique avec le monopole traditionnel des puissances occidentales et russes sur les marchés de l'armement africains. En conjuguant innovation technologique, souplesse diplomatique et engagements industriels, la République de Corée semble s'ériger en fournisseur de confiance pour les Etats en quête d'une autonomie capacitaire, sans les lourdeurs politiques souvent associées aux alliances stratégiques classiques. La conclusion de ce contrat pourrait façonner durablement l'avenir de la coopération entre Rabat et Séoul et, par ricochet, influencer les équilibres militaires dans toute l'Afrique du Nord.