En prétendant, à l'issue d'une visite bilatérale, que le Ghana aurait exprimé un ralliement à sa lecture du conflit au Sahara, l'Algérie s'adonne une fois de plus à une construction diplomatique sans fondement. La posture affichée par Alger repose sur une interprétation abusive d'un communiqué commun, dont elle s'emploie à tordre ( ou à imaginer) les formulations pour faire croire à un virage inexistant de la diplomatie ghanéenne. En attribuant au Ghana des intentions qu'il n'a jamais formulées, Alger ne se contente pas d'exagérer les termes d'une déclaration diplomatique : elle les détourne délibérément pour conforter une fiction que l'érosion du soutien africain rend de plus en plus difficile à maintenir. Cette falsification des signaux diplomatiques reflète une longue tradition de surinterprétations, de communiqués unilatéraux maquillés en accords partagés et de mises en scène censées compenser l'effondrement du soutien au Polisario. L'Algérie a soutenu, à l'issue d'une visite officielle du ministre ghanéen des Affaires étrangères, M. Samuel Okudzeto Ablakwa, qu'un accord aurait été trouvé avec Accra sur «la nécessité de parvenir à une solution politique reposant sur les décisions du Conseil de sécurité y afférentes et les principes de la Charte des Nations unies, ainsi que l'Acte constitutif de l'Union africaine [...] afin de garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Or, cette déclaration, reprise avec empressement par les médias publics algériens, entre en contradiction manifeste avec la position exprimée par le Ghana au début de l'année. Dans une communication diplomatique datée de janvier, la diplomatie ghanéenne avait annoncé que Accra «a décidé de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo "rasd"», ajoutant qu'elle en informerait «immédiatement, à travers les canaux diplomatiques, le gouvernement du Royaume du Maroc, l'Union africaine et l'Organisation des Nations unies.» Ce même document précisait que le Ghana appuyait «les efforts de bonne foi déployés par [Rabat] afin de parvenir à une solution acceptée par toutes les parties.» L'Algérie manufacture un soutien inexistant du Ghana En annonçant que le Ghana aurait réaffirmé son soutien à la thèse séparatiste sur le Sahara, l'Algérie se livre à une manipulation diplomatique aussi évidente qu'indécente. Le communiqué diffusé par Alger, qui entend transformer un simple échange bilatéral en une prétendue réconciliation sur cette question, relève d'une réécriture des faits, destinée à masquer l'isolement croissant de la position algérienne sur ce dossier. Il convient de souligner que la nouvelle décision de Ghana de janvier est restée inchangée et n'a fait l'objet d'aucune révision ni rétractation depuis lors. Pourtant, dans le contexte de cette visite officielle, Alger semble avoir décidé de manipuler l'interprétation des faits, en prétendant que le Ghana aurait, d'une manière ou d'une autre, réaffirmé son engagement en faveur du Polisario. Derrière cette opération, il est clair que l'Algérie cherche à maintenir l'apparence d'une solidarité continentale sur le dossier du Sahara, alors que la réalité est tout autre : la majorité des pays africains s'éloignent de la position algérienne, comme en témoigne la suspension des relations par 46 Etats, dont 13 africains, avec la «rasd». Alger, face à cette érosion de son influence, se retrouve dans l'obligation d'inventer des alliances et de travestir des déclarations diplomatiques pour tenter de préserver une façade de soutien. En se construisant un appui inexistant du Ghana, l'Algérie n'entreprend ni plus ni moins qu'un stratagème pour faire illusion, au détriment de la vérité diplomatique. Face à l'inexorable recul de sa position sur la question du Sahara, elle recourt à une forme de déformation systématique, fragilisant ainsi sa propre crédibilité sur la scène internationale. Dans un registre plus large, les entretiens entre Ahmed Attaf et Samuel Okudzeto Ablakwa ont porté sur les défis sécuritaires et humanitaires du continent. Les deux responsables ont exprimé leur «profonde préoccupation» face à la dégradation de la situation au Sahel et déclaré leur attachement à des réponses concertées, relevant de «solutions africaines aux problèmes africains.» Ils ont également évoqué la nécessité de «privilégier le dialogue, la réconciliation et les règlements négociés pour résoudre les conflits en Afrique.» Sur le plan bilatéral, les deux ministres ont réaffirmé leur souhait de raviver leur partenariat historique à travers une feuille de route prévoyant, entre autres, la tenue à Accra, avant la fin 2025, de la quatrième session de la Commission mixte permanente de coopération. Cette rencontre devra permettre l'examen de projets dans les domaines de «l'enseignement supérieur, la formation professionnelle, la justice, les transports, l'agriculture, la santé, l'industrie pharmaceutique, l'industrie agricole et les matériaux de construction.» Un accord d'exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels a été signé. Les deux parties ont aussi abordé «la possibilité d'élargir cette disposition aux porteurs de passeports ordinaires.»