Le Parlement européen a adopté, jeudi 22 mai, un règlement relevant fortement les droits de douane sur les produits agricoles et les engrais azotés importés de Russie et de Biélorussie, avec pour effet attendu l'arrêt complet de ces flux commerciaux vers l'Union. Selon le texte consulté par European Pravda, cette mesure suspend l'accès au marché européen aux 15 % de denrées russes encore épargnées jusqu'ici. Pour les produits agricoles, le droit ad valorem sera porté à 50 %. Pour les fertilisants, aux 6,5 % en vigueur s'ajoutera un prélèvement spécifique allant de 40 à 45 euros par tonne dès 2025, pour atteindre entre 315 et 430 euros la tonne à l'horizon 2028. «L'objectif est d'assécher toute dépendance et de prévenir les détournements par le biais de la Biélorussie», précise la note explicative annexée au règlement. «Certains Etats membres se sont déjà affranchis des importations russes sans tensions d'approvisionnement ni flambée des prix.» Ce dispositif tarifaire, en attente de validation formelle par le Conseil et de publication officielle, devrait rediriger la demande européenne vers des fournisseurs alternatifs. Parmi eux : le Maroc, l'Egypte, la Norvège, le Maroc, le Sultanat d'Oman et les Etats-Unis. Rabat, déjà bien implanté dans les marchés des phosphates et des engrais complexes, pourrait en tirer un bénéfice stratégique durable. La Commission mise sur un rééquilibrage progressif, apte à revitaliser les capacités industrielles des producteurs européens fragilisés par la crise énergétique et la concurrence à bas coût de la Russie.