Réunis à Helsinki sous l'égide de l'ambassade du Maroc en Finlande, diplomates, universitaires et praticiens du dialogue international ont souligné la place éminente qu'occupe la coopération Sud-Sud dans l'édifice diplomatique marocain. Loin d'une simple orientation stratégique, ce principe s'impose comme un fondement constitutionnel et une ligne de conduite portée par la vision du roi Mohammed VI. Intitulée «Relier le Sud et le Nord : l'importance de la coopération Sud-Sud dans la politique étrangère marocaine», la table ronde a permis d'explorer les dimensions multiples de ce socle doctrinal, en mettant en lumière les responsabilités assumées par le Maroc à l'échelle continentale et dans les enceintes multilatérales. Mohamed Achgalou, ambassadeur du Maroc à Helsinki, a ouvert les travaux en rappelant que cette forme de coopération procède «d'une volonté souveraine de nouer des partenariats équilibrés, respectueux des identités et orientés vers l'élévation collective». Il a rappelé que cette approche trouve sa consécration dans la Loi fondamentale marocaine, qui consacre «la solidarité Sud-Sud comme principe structurant de l'action extérieure». Le diplomate a présenté comme illustration majeure de cette orientation l'Initiative royale pour l'Afrique Atlantique (IRAA), lancée en 2023. «Destinée à offrir aux pays sahéliens un accès pérenne à l'Atlantique, cette vision dépasse les schémas de coopération hérités, en affirmant une doctrine de développement ancrée dans la coresponsabilité et la prospérité partagée», a-t-il souligné. Dialogue des cultures, paix durable et responsabilité migratoire La rencontre a également mis en exergue les dimensions culturelles et intellectuelles de cette diplomatie méridienne, fondée sur la circulation du savoir, la reconnaissance mutuelle des héritages et le respect de la pluralité. «La coopération Sud-Sud ne saurait s'exonérer des échanges humains et artistiques, qui forgent les conditions d'une compréhension durable entre les peuples», a rappelé l'ambassadeur. Dr Thomas Babila Sama, professeur de sciences sociales à l'université d'Helsinki, a abondé dans ce sens, en saluant «l'effort constant du Maroc pour établir des passerelles solides entre les sociétés africaines et européennes, par l'enseignement, la culture et le dialogue». Les discussions ont abordé la fragilité croissante des mécanismes multilatéraux de résolution des crises. Tiina Kukkamaa-Bah, conseillère principale pour les pays du Sahel au sein de la Fondation Martti Ahtisaari (CMI), a déploré «l'affaissement du rôle des Nations unies face à l'usage croissant de la force et à la désagrégation des cadres de médiation». En réponse, l'ambassadeur a rappelé que «la paix ne peut être authentique que si elle s'enracine dans la souveraineté, la reconnaissance des droits fondamentaux et la liberté des peuples», ajoutant que «la guerre n'est jamais une issue, pas plus qu'il n'existe de mauvaise paix». L'ambassadeur a également appelé à aborder la question migratoire sous un angle de dignité partagée, de lucidité géopolitique et de solidarité agissante : «La mobilité humaine est un fait global, structurel et irréversible ; y répondre exige un sens aigu de la justice, de la coresponsabilité et de l'humanité», a-t-il insisté. En conclusion, les intervenants ont appelé à bâtir des partenariats économiques fondés sur la réciprocité, à accorder une place centrale au secteur privé, et à encourager l'émergence d'un environnement juridique et financier propice à l'investissement. L'accroissement des flux financiers Sud-Sud et Nord-Sud, par le truchement d'investissements productifs, d'instruments de crédit adaptés et de garanties publiques, a été identifié comme un levier déterminant pour assurer un développement durable, émancipé des logiques asymétriques.