Le flux d'investissements en capital au Maroc pourrait atteindre, pour la première fois, 3,6 milliards de dirhams, en progression annuelle de 112 %, selon les estimations livrées à la presse, mercredi 28 mai à Casablanca par le président de l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), Hassan Laaziri. Cette prévision marque une inflexion significative dans l'évolution du secteur, soutenu par l'entrée en activité des premiers compartiments sectoriels du fonds souverain Mohammed-VI pour l'investissement (FM6I), créé en 2021 et doté d'une contribution initiale de quinze milliards de dirhams par l'Etat. À terme, le FM6I entend canaliser jusqu'à 150 milliards de dirhams vers l'économie productive, par l'intermédiaire de structures thématiques confiées à des sociétés de gestion. Celles-ci devront mobiliser l'équivalent de deux milliards de dollars dans un horizon de cinq années, à partir des marchés financiers nationaux et internationaux. Repli en 2024, redressement annoncé en 2025 En 2024, les sociétés de capital-investissement opérant au Maroc avaient injecté 1,7 milliard de dirhams, soit un repli de 34 % par rapport au record enregistré l'année précédente. Toutefois, selon M. Laaziri, la conjoncture actuelle, adossée au déploiement progressif des outils du FM6I, devrait inaugurer une phase inédite de progression quantitative. Concernant les opérations de retrait, le secteur a enregistré 11 cessions d'actifs pour un montant cumulé excédant légèrement le milliard de dirhams, soit une hausse de 5,4 %. La majorité de ces désengagements ont été réalisés sur le marché secondaire, par le biais de ventes à d'autres fonds d'investissement. La cotation en bourse ne constitue, selon les précisions fournies, qu'un second recours. Le rapport annuel présenté à Casablanca recense 25 sociétés de gestion, supervisant ensemble 48 véhicules d'investissement. En 2024, les levées de fonds ont avoisiné 3,8 milliards de dirhams, en hausse de 28 % sur un an. Ce chiffre devrait doubler pour atteindre 7,8 milliards de dirhams cette année, sous l'effet de l'arrivée annoncée de nouveaux intervenants, tant marocains qu'étrangers. Le rendement moyen observé sur les 115 opérations de retrait conduites entre 2000 et 2024 s'établit à 12 %, selon les données de l'AMIC. Le secteur de la santé se distingue par un taux de retour sur investissement de 23 %, suivi des domaines des services (15 %) et du bâtiment (14 %). Malgré les perspectives favorables qui entourent la montée en régime du FM6I, plusieurs entraves subsistent. L'environnement fiscal demeure, selon l'AMIC, un facteur contraignant : «le Maroc figure parmi les rares pays à maintenir une taxe sur la valeur ajoutée appliquée aux fonds d'investissement.» Au total, les sociétés de capital-investissement ont levé 15 milliards de dirhams au cours des cinq dernières années. Ce volume devrait franchir les 20 milliards à l'horizon 2027, illustrant, selon l'association, l'attractivité accrue du Royaume, portée par la stabilité de sa monnaie, la résilience de sa place boursière et la fluidité des mécanismes de transfert de capitaux.