Vingt-quatre personnes, dont plusieurs mineurs, ont été interpellées en France dans le cadre de deux enquêtes distinctes portant sur des enlèvements et tentatives d'enlèvement à des fins d'extorsion, ciblant des investisseurs en cryptomonnaies et leurs proches. Les autorités judiciaires soupçonnent un ressortissant franco-marocain, actuellement établi au Maroc, d'être l'architecte de cette entreprise criminelle. Selon des sources proches de l'enquête citées par Le Parisien, les arrestations ont débuté lundi à la suite d'une opération de grande ampleur conduite par la brigade de répression du banditisme (BRB), laquelle est intervenue in extremis pour empêcher le rapt d'un entrepreneur du secteur crypto, dont l'identité n'a pas été dévoilée. Dix autres suspects ont été appréhendés mardi après la tentative d'enlèvement de la fille d'un investisseur. Les suspects, pour la plupart âgés de moins de vingt ans, sont poursuivis pour «enlèvement et séquestration en bande organisée avec actes de torture et de barbarie», «association de malfaiteurs» et «tentative d'enlèvement en bande organisée», a précisé une source judiciaire. Parmi eux figurent au moins deux mineurs. Ils auraient assuré des fonctions tant logistiques qu'opérationnelles. L'analyse des flux financiers issus d'un paiement de rançon aurait permis d'identifier un homme de 40 ans, de nationalité franco-marocaine, comme le principal organisateur. Résidant au Maroc, il serait à l'origine de plusieurs tentatives d'enlèvement perpétrées sur le territoire français depuis le début de l'année. Le premier fait signalé remonte au 1er mai. Le père d'un jeune millionnaire en cryptomonnaies avait alors été enlevé afin d'exiger de son fils une rançon comprise entre cinq et sept millions d'euros. L'homme avait été mutilé, un doigt sectionné pour contraindre le fils à céder. Six individus impliqués dans ce crime ont été placés en détention provisoire. Le 13 mai, c'est la fille de 34 ans de Pierre Noizat, fondateur de la plate-forme Paymium, qui a échappé de justesse à un enlèvement en plein jour à Paris. Une caméra de surveillance a capté l'intervention de trois hommes masqués surgissant d'un fourgon, tentant de la forcer à monter à bord. Elle a opposé une résistance acharnée, soutenue par son époux, obligeant les assaillants à prendre la fuite. Ces affaires récentes rappellent un précédent douloureux survenu en début d'année : le rapt de David Balland, cofondateur de la plate-forme Ledger, et de son épouse. Le couple avait été séquestré pendant deux jours dans deux lieux distincts avant d'être libéré. Durant sa captivité, Balland avait été sévèrement mutilé ; ses ravisseurs exigeaient un paiement en cryptomonnaies auprès de son associé Eric Larchevêque. À la suite de la tentative visant la famille Noizat, le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, a réuni plusieurs figures du secteur crypto, dont Pierre Noizat lui-même, afin d'évaluer les risques accrus auxquels ces entrepreneurs sont confrontés. «Ces violences dépassent le seul univers des cryptoactifs. Elles concernent tous ceux qui bâtissent, innovent et refusent de se soumettre à la peur. Personne ne devrait dissimuler sa réussite, ni craindre pour son intégrité du seul fait d'avoir prospéré», a déclaré Eric Larchevêque sur la plate-forme X. Dans une autre publication, ce dernier a dénoncé une «mexicanisation de la France», appelant à une réponse judiciaire «ferme, rapide et sans équivoque». «Il n'y a pas à s'excuser d'avoir réussi», a-t-il écrit.