Le vice-président nigérian Kashim Shettima a déclaré, lundi 2 juin, que le Nigeria portait un projet de gazoduc sous-marin d'une valeur estimée à 25 milliards de dollars, destiné à acheminer du gaz naturel vers l'Europe en longeant les côtes ouest-africaines jusqu'au Maroc, selon l'agence de presse officielle NAN. S'exprimant à Abuja devant les représentants de la Société de négoce Vitol — premier opérateur indépendant mondial dans le domaine des matières premières — M. Shettima a insisté sur la complexité technique du projet et la nécessité d'une coopération étroite avec des partenaires expérimentés. «Nous avons besoin de votre expertise bien plus que de vos capitaux. La fiabilité de l'approvisionnement en gaz est primordiale, d'où notre choix du tracé sous-marin», a-t-il souligné. Le gazoduc dit Afrique Atlantique, qui prolongera l'actuel liaison ouest-africaine jusqu'au Maroc, traversera plusieurs Etats riverains avant de se connecter au réseau gazier européen, selon le tracé initial. Un tournant stratégique selon M. Shettima Se réclamant de la nouvelle orientation économique défendue par le président Bola Ahmed Tinubu, le vice-président a mis en évidence une série de réformes jugées historiques. «Le président Tinubu comprend les mécanismes à la fois de l'énergie et de la finance, car il est issu de cet univers professionnel. Depuis vingt-cinq ans, aucun dirigeant n'avait pris de décisions aussi audacieuses — suppression de la subvention sur les carburants, unification des taux de change, révision profonde du régime fiscal», a-t-il déclaré. Appelant les investisseurs à saisir l'occasion, il a affirmé : «C'est ici que tout se joue. Investissez au Nigeria». M. Shettima a présenté le secteur gazier nigérian comme un espace régulé, transparent et relativement autonome, notamment grâce aux performances constantes de la Compagnie nationale de gaz naturel liquéfié (Société nigériane de GNL). «Les revenus issus de notre société de GNL sont stables et prévisibles. C'est pourquoi nous intensifions nos efforts vers les exportations gazières à destination de l'Europe», a-t-il affirmé. Vitol confirme son engagement au Nigeria Le directeur financier de Vitol, Jean-François Dellapina, a rappelé les liens anciens qui unissent l'entreprise à la République fédérale du Nigeria. «Le Nigeria est un partenaire fondamental pour nous. Nous sommes présents dans les activités en aval, le financement, les échanges commerciaux et la coopération institutionnelle», a-t-il indiqué. Il a renouvelé la volonté du groupe de maintenir et d'approfondir ses engagements. «Nous restons attachés à ce pays et souhaitons poursuivre notre croissance à ses côtés», a-t-il déclaré. Le porte-parole de Vitol, Mourtala Baloni, a rappelé l'appui apporté à l'Etat nigérian au plus fort de la crise sanitaire. «Nous avons soutenu le gouvernement là où nous le pouvions, y compris en mobilisant des fonds, comme ce fut le cas pour le projet Gazelle, avec un apport de 300 millions de dollars à la Compagnie nationale nigériane des hydrocarbures», a-t-il précisé. Egalement présent à la rencontre, Thomas de Montulé, responsable pays de Vitol, a réaffirmé la disponibilité du groupe à mettre son réseau mondial et son savoir-faire technique au service du projet Afrique Atlantique.