Le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a rendu public, vendredi 13 juin à Abidjan, la première édition de son Indice de performance de la prestation des services publics (PSDI), un instrument inédit destiné à mesurer la qualité effective des services fournis par les administrations africaines. Conçu pour être publié tous les deux ans, le rapport évalue la capacité des Etats à assurer l'accès effectif à l'électricité, aux énergies renouvelables, à la sécurité, à l'assainissement, à la santé, à l'eau, à l'éducation, à la libre circulation, à la sécurité alimentaire, à l'infrastructure, au commerce intra-africain et à la résilience climatique. Il repose sur un croisement de données officielles produites par les bureaux nationaux de statistique et d'enquêtes de perception menées dans l'ensemble du continent. Parmi les pays les mieux classés dans cette première édition figurent l'île Maurice, l'Egypte, l'Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghana et le Maroc. Le Maroc distingué parmi les meilleures administrations du continent Rabat se hisse dans le peloton de tête grâce à des résultats jugés probants dans l'accès aux services essentiels, la qualité des infrastructures et la progression de certaines politiques publiques sectorielles. Cette reconnaissance intervient dans un contexte de rareté hydrique persistante et de tensions budgétaires accrues, qui mettent à l'épreuve la solidité des institutions. L'institution financière panafricaine a également annoncé la création d'un Prix africain de la prestation des services publics, dont la première attribution est prévue en 2027. Ce prix distinguera les administrations locales et nationales ayant démontré des améliorations tangibles et des avancées notables dans la qualité du service rendu au citoyen. Le président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, a insisté sur l'exigence d'un service public à la hauteur des enjeux contemporains : «Vous ne pouvez espérer un secteur privé florissant sans un secteur public apte à fournir les biens collectifs essentiels à son essor.» Et d'ajouter : «Nos fonctions publiques ne doivent pas se contenter de remplir des formulaires ; elles doivent être jugées à l'aune de leur capacité à constituer un véritable capital social. Celui-ci devrait être comptabilisé et valorisé, à l'image des actions cotées sur les marchés financiers.» Ce lancement a donné lieu à une table ronde de haut niveau, réunissant économistes, responsables gouvernementaux et experts en administration publique, pour débattre des méthodes d'évaluation de la qualité des services et de leur rôle dans la construction de sociétés équitables et résilientes. La BAD, dans cette démarche, entend fournir aux Etats un cadre de référence robuste pour juger de leur propre efficacité, sans recourir à des classements importés, souvent peu adaptés aux réalités africaines.