Dans un contexte de rivalité croissante avec le Maroc et le Rwanda pour l'organisation du premier Grand Prix de Formule 1 sur le sol africain depuis plus de trente ans, l'Afrique du Sud vient de franchir une étape décisive : la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a validé les plans de transformation du circuit de Kyalami pour le porter au plus haut niveau d'homologation. Un passé prestigieux, un avenir convoité Edifié en 1961, le circuit de Kyalami s'est rapidement imposé comme l'épicentre du sport automobile en Afrique australe. Le climat favorable en période hivernale dans l'hémisphère nord y attira de nombreux concurrents européens. Entre 1967 et 1993, vingt-et-une éditions du Grand Prix de Formule 1 d'Afrique du Sud y furent disputées. «Ces événements ont contribué à faire rayonner non seulement le circuit, mais aussi l'Afrique du Sud à l'échelle mondiale», rappelle le communiqué publié jeudi 19 juin. Une transformation sans altération du tracé Le circuit actuel, long de 4,522 kilomètres, avait déjà fait l'objet d'une réhabilitation en 2016, lui valant la certification Grade 2 de la FIA. Le projet de passage au Grade 1 – indispensable pour accueillir la Formule 1 – ne prévoit aucun changement du tracé, mais uniquement des aménagements techniques. «Il s'agit d'une mise à niveau légère d'un point de vue technique, mais qui permet de porter les standards déjà excellents du circuit au niveau des exigences actuelles du Grade 1», a déclaré Clive Bowen, directeur de la société britannique Apex Circuit Design, chargée de superviser les travaux. Les modifications porteront notamment sur l'élargissement des zones de dégagement, l'amélioration des barrières de sécurité, l'ajout de grillages anti-débris, la révision des bordures et l'optimisation du drainage. Trois années pour livrer les travaux L'approbation de la FIA ouvre une période de trois ans pour la réalisation des aménagements, qui seront effectués sans interrompre l'activité commerciale du complexe. Le site, devenu un pôle multifonctionnel, héberge conférences, salons et événements tout au long de l'année. «Le Kyalami Grand Prix Circuit est un lieu autonome, animé en permanence par une activité économique diversifiée», souligne le communiqué. Le coût des travaux est estimé à 180 millions de rands. Toby Venter, propriétaire du site depuis 2014, en appelle désormais à un soutien de l'Etat. «Lorsque nous avons acquis Kyalami, nous avons pris l'engagement d'en faire un symbole du sport automobile pour tout le continent africain. L'acceptation de notre conception par la FIA marque une étape capitale dans cette trajectoire», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Course géopolitique en Afrique Si la FIA a donné son feu vert technique, l'organisation effective d'un Grand Prix dépendra du calendrier officiel de la Formule 1 et du choix définitif de l'hôte africain. Selon le texte, «certains travaux dépendront directement de l'inscription de l'Afrique du Sud au calendrier et de la sélection de Kyalami comme lieu d'accueil». Parallèlement, le Maroc, déjà doté d'une infrastructure à Marrakech utilisée pour la Formule E, demeure un concurrent sérieux. Le royaume entretient depuis plusieurs années des relations soutenues avec les instances internationales du sport automobile. À cela s'ajoute l'intérêt grandissant du Rwanda, qui multiplie les démarches diplomatiques pour attirer de grands événements sportifs. «Aujourd'hui, nous tournons la page vers un nouveau chapitre audacieux pour Kyalami. Nous sommes prêts à accueillir la Formule 1 sur le sol africain», a conclu M. Venter.