Réuni mardi à Rabat pour sa deuxième session trimestrielle de l'année, le conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a arrêté un diagnostic d'ensemble empreint de prudence sur l'évolution monétaire, budgétaire et macroéconomique du royaume. Il a jugé approprié de maintenir le taux directeur à 2,25 %, estimant que la trajectoire désinflationniste se poursuivrait sans menacer la reprise de l'activité. Une désinflation jugée durable Dans sa note conjoncturelle, l'institution monétaire anticipe une décélération marquée de l'inflation, qui atteindrait une moyenne annuelle de 1 % en 2025, avant de s'élever modérément à 1,8 % en 2026. Sa composante sous-jacente, c'est-à-dire l'inflation hors éléments volatils, suivrait une évolution parallèle, confirmant le repli généralisé des tensions sur les prix à la consommation. Cette orientation reflète notamment la dissipation progressive des chocs extérieurs, la maîtrise des anticipations et la stabilité des cours de plusieurs matières premières importées. Une croissance portée par l'exportation et la demande interne La banque centrale prévoit une progression vigoureuse de l'activité économique nationale, évaluée à 4,6 % en 2025, puis légèrement atténuée à 4,4 % en 2026. Ce rebond reposerait sur la vitalité de la demande intérieure et la bonne tenue du secteur extérieur. Les exportations marocaines augmenteraient de 5,1 % cette année, puis de 9 % l'année suivante, grâce notamment à la performance accrue du secteur phosphatier, dont la valeur atteindrait 106,7 milliards de dirhams (MMDH) à l'horizon 2026. En parallèle, les importations progresseraient de 5,1 % en 2025 et de 7 % en 2026, sous l'effet principalement d'une recrudescence des acquisitions de biens d'équipement, reflet de la montée en puissance des projets productifs. Une position extérieure préservée Malgré cette expansion des échanges, les avoirs officiels de réserve se maintiendraient à un niveau confortable, atteignant 407 MMDH fin 2025, puis 423,7 MMDH en 2026, soit l'équivalent de cinq mois et demi d'importations de biens et services. Sur le plan du change, le taux effectif réel connaîtrait une appréciation de 1,9 % cette année, avant de reculer de 1,7 % en 2026, traduisant des ajustements équilibrés dans les termes de l'échange. Une orientation budgétaire encadrée La gestion des finances publiques resterait marquée par une relative rigueur, avec un déficit prévu à 3,9 % du PIB en 2025, hors produit des cessions de participations de l'Etat. Cette proportion devrait reculer à 3,4 % en 2026, témoignant d'un effort continu de discipline budgétaire malgré le soutien à la croissance. Bank Al-Maghrib conclut que les conditions monétaires actuelles demeurent propices au maintien de la stabilité des prix et à la poursuite de l'expansion économique, dans un environnement international toujours exposé à des aléas multiples.