Le juriste ghanéen David Ofosu-Dorte, associé principal du cabinet AB & David Africa, a estimé que l'abstention du Ghana lors d'un vote décisif à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), concernant une résolution condamnant le manque de coopération de l'Iran sur ses obligations nucléaires, ne saurait être considérée sans tenir compte du repositionnement d'Accra à l'égard du dossier du Sahara. «À mon sens, l'abstention du Ghana n'avait que peu à voir avec l'Iran ; elle s'explique plus par le Maroc [qui a rompu ses relations avec Téhéran en 2018]», a-t-il déclaré sur les ondes de JoyNews, à l'occasion du JoyBusiness Economic Forum. Il faisait référence au scrutin du 12 juin au sein de l'AIEA, à la veille des frappes israéliennes contre des installations iraniennes. Alors que la Chine, la Russie et le Burkina Faso ont rejeté la résolution, le Ghana s'est abstenu. Selon M. Ofosu-Dorte, cette position traduit une inflexion délibérée de la diplomatie ghanéenne, qui s'est récemment distanciée du Front Polisario pour manifester son appui à la souveraineté marocaine sur le Sahara, dans une lecture qu'il qualifie de «géosensible». Un plaidoyer pour la lucidité géostratégique L'intervenant a appelé les responsables politiques ghanéens à faire preuve d'une conscience plus aiguë des réalités internationales, estimant que nombre de décisions tactiques dans le passé manquaient de vision géopolitique cohérente. «Notre tactique — et je distingue clairement la tactique de la stratégie — consiste à décider chaque jour de notre conduite face aux événements. La question est : agissons-nous avec géosensibilité ?», a-t-il interrogé. Evoquant les frappes de Tel-Aviv en Iran, M. Ofosu-Dorte a souligné qu'elles relevaient d'une doctrine israélienne destinée à contenir les ambitions nucléaires de Téhéran et non d'un fait isolé. «Si Israël bombarde l'Iran, c'est en raison de ses inquiétudes stratégiques. Ce qui importe, c'est de formuler une réponse géostratégique fidèle à notre propre vision», a-t-il conclu.