Une délégation saoudienne de haut niveau, composée de plus de trente investisseurs et responsables économiques, a entamé une tournée officielle en Afrique du Nord, avec pour étapes principales le Maroc et la Mauritanie. Cette mission, conduite par la Fédération des chambres de commerce saoudiennes (FSC), a débuté le 29 juin et prévoit une série d'entretiens destinés à approfondir les relations économiques bilatérales et à examiner les conditions de l'investissement dans les deux pays visités. Au Maroc, le volume des échanges commerciaux avec le royaume saoudien atteint désormais cinq milliards de riyals saoudiens (environ 1,3 milliard de dollars). La part des importations marocaines représente 13 % de cet ensemble, un déséquilibre qui traduit, selon Riyad, l'existence d'un vaste potentiel inexploité. Les entretiens organisés au cours de la visite entendent identifier les domaines propices à un rapprochement économique plus soutenu, notamment dans les secteurs des infrastructures, des technologies industrielles, de l'agroalimentaire et des ressources naturelles. Rabat et Riyad ont signé en 2024 un accord de coopération entre leurs chambres de commerce respectives. Ce texte encadre désormais les relations institutionnelles entre les deux milieux d'affaires. Il prévoit l'échange régulier d'informations économiques, l'organisation conjointe de manifestations sectorielles, la coordination des missions commerciales et la mise en place de mécanismes de règlement des différends commerciaux. «Les deux parties souhaitent que cette visite permette d'ouvrir de nouveaux horizons dans les relations économiques et commerciales», a rapporté l'agence de presse saoudienne (SPA). Nouakchott accueille un forum d'affaires saoudo-mauritanien En Mauritanie, les échanges restent nettement plus modestes : le commerce bilatéral s'élève à 119 millions de riyals (environ 32,1 millions de dollars), dont 99 % proviennent des exportations saoudiennes. Les importations mauritaniennes sont quant à elles limitées à environ 100 000 riyals. Ce déséquilibre structurel fait de la Mauritanie la 88e destination à l'exportation de l'Arabie saoudite et son 196e fournisseur. La visite prévoit un forum d'affaires conjoint entre les deux pays, avec la participation du ministère saoudien de l'industrie et des ressources minérales, du ministère de l'investissement, de l'Autorité générale du commerce extérieur et du Fonds saoudien pour le développement. La délégation est conduite par le président de la FSC, Hassan Moejeb Al-Huwaizi. Les exportations saoudiennes vers la Mauritanie comprennent essentiellement des produits métallurgiques, des pneumatiques, des équipements mécaniques et des biens issus des filières animales et laitières. Les rares importations mauritaniennes concernent principalement les produits de la mer, les tissus bruts, le thé, les instruments médicaux et les articles d'optique. Une ouverture africaine arrimée à la stratégie saoudienne 2030 La tournée nord-africaine s'inscrit dans le cadre d'un vaste programme d'expansion internationale de la FSC, qui a déjà conduit des missions économiques dans dix-sept pays depuis le début de l'année. Cette orientation reflète la volonté des autorités saoudiennes d'élargir leur assise économique au-delà de la péninsule arabique, dans le sillage de la stratégie nationale baptisée Vision 2030. Cette feuille de route, adoptée à Riyad, vise à réduire la dépendance aux hydrocarbures en diversifiant les relations économiques extérieures. L'Afrique, longtemps négligée par les grandes entreprises du Golfe, apparaît désormais comme un réservoir de coopérations sectorielles et d'investissements bilatéraux. «La mission entend valoriser les perspectives offertes par l'économie saoudienne et tisser des liens commerciaux durables avec ses partenaires africains», a indiqué la FSC. La présente tournée de la délégation, par son ampleur et la qualité de ses membres, témoigne de cette inflexion stratégique. Le Maroc et la Mauritanie, choisis pour leur positionnement géographique et leurs perspectives économiques, pourraient ainsi devenir les premiers jalons d'un réseau commercial saoudien plus vaste sur le continent.