La discussion du projet de loi n° 26.25 relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP) a mis au jour, lundi, de profondes divergences entre les groupes parlementaires de la majorité et ceux de l'opposition, réunis au sein de la commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants. Présenté en séance par le ministre de la jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, le texte a été défendu par les composantes de la majorité comme une réponse aux attentes de la profession, censée offrir au CNP les moyens d'exercer ses missions dans le respect des règles déontologiques et des garanties d'indépendance. L'opposition, bien que reconnaissant l'utilité d'une réorganisation du secteur, a dénoncé plusieurs dispositions perçues comme contraires au pluralisme et au libre exercice du journalisme. Le groupe du Rassemblement national des indépendants (RNI), chef de file de la majorité, a souligné le contexte difficile auquel fait face la presse marocaine – entre contraintes économiques, exigence professionnelle et éthique vacillante. «Le projet permettra d'ériger un cadre autorégulé solide, adapté à la complexité du métier», ont plaidé ses membres, tout en se déclarant disposés à proposer des amendements. Le Parti authenticité et modernité (PAM) a pour sa part salué «l'approche participative» du ministère et jugé que le texte «comble le vide juridique hérité de la loi de 2017, en assurant une transition ordonnée vers une gouvernance démocratique et claire du secteur». Le groupe a toutefois exprimé le souhait que les garanties accordées au Conseil ne soient pas uniquement symboliques. Le groupe istiqlalien a insisté sur «la qualité du travail gouvernemental» et sur «l'intégration du bilan de la commission provisoire ayant consulté les principaux corps professionnels», estimant que le projet ouvre la voie à une organisation plus rigoureuse et à une parole médiatique responsable, à même de dialoguer avec les mutations de l'espace public. Le Groupe socialiste a exprimé des réserves, notamment sur l'instauration d'un pouvoir disciplinaire attribué au CNP, avertissant contre une possible dénaturation de sa vocation première. Il a cependant reconnu que «le texte peut constituer une base, à condition que soient pleinement assurées l'indépendance du Conseil et la protection juridique des journalistes». Le Mouvement populaire (MP) a quant à lui mis en cause la méthode, fustigeant «le manque d'implication des corps professionnels et de la société civile». Il a demandé au gouvernement d'ouvrir la voie à de véritables concertations et de ne pas précipiter l'adoption du texte. «Il convient d'écouter les praticiens avant toute réforme structurelle», a martelé l'un de ses députés. Le Groupe constitutionnel, démocratique et social (GCDS) s'est montré plus nuancé, affirmant que le projet «résulte d'un débat public bien amorcé» et qu'il «pose les jalons d'un nouveau fonctionnement fondé sur la transparence, une réduction du nombre des membres et une gouvernance mieux définie». Quant au Parti du progrès et du socialisme (PPS), il a appelé à «des garanties contractuelles sérieuses», faisant référence à la précarité de nombreux journalistes, à leur accès restreint à la protection sociale, et au respect incertain du droit du travail dans plusieurs rédactions. Enfin, le Parti justice et développement (PJD) a critiqué «l'insuffisance des concertations» et mis en doute l'indépendance juridique et financière du futur Conseil. Il s'est inquiété du chevauchement des compétences entre celui-ci et le ministère de tutelle, appelant à «clarifier les lignes de partage et à écouter l'ensemble du corps professionnel». En réponse, Mohamed Mehdi Bensaïd a défendu «une méthode fondée sur la participation active des acteurs du secteur». Il a insisté sur le fait que le ministère n'avait fait que «formuler juridiquement les propositions recueillies auprès de la commission provisoire et des professionnels consultés». Il a souligné : «Le Maroc a parcouru un chemin considérable en matière de liberté de la presse. Ce débat doit être l'occasion de préserver cet acquis, tout en dotant le Conseil des moyens d'agir efficacement.» Le ministre a conclu en rappelant que la réforme du CNP devait faire émerger une instance pleinement démocratique, respectueuse de la Constitution et des conventions internationales, mais également attentive à «la voix de la corporation elle-même».