Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Dans le «grand jeu stratégique» entre puissances rivales, «le Maroc redoute que l'Algérie ne devienne un instrument au service d'intérêts destructeurs», analyse The Times of India
À l'occasion de la fête du Trône, le roi Mohammed a articulé une vision lucide du développement national, saluant les progrès sociaux tout en appelant à la vigilance face aux fractures territoriales et aux bouleversements stratégiques mondiaux. Son discours, selon The Times of India (1er août), a été marqué par un appel sans équivoque à l'Algérie en faveur d'un dialogue fraternel, dans un contexte régional incertain. Recul mesuré de la pauvreté et pressions sur la classe moyenne Le souverain a souligné que la pauvreté multidimensionnelle au Maroc a reculé de 11,9 % en 2014 à 6,8 % en 2024. «Les signes de l'essor de la classe moyenne sont palpables dans les grandes villes comme Tanger, où les centres commerciaux sont pleins et où les préoccupations quotidiennes ont glissé vers l'inflation», note The Times of India, qui y voit «les caractéristiques d'une classe moyenne sensible aux prix, mais encore dotée d'un niveau de vie honorable». Pour autant, le roi Mohammed a mis en garde contre une évolution inégalitaire du territoire. Il a plaidé pour «un ancrage plus résolu des politiques locales dans les zones rurales», afin d'éviter «l'émergence d'un pays à deux vitesses». Le développement, selon lui, ne saurait être authentique sans équité territoriale. Appel solennel à l'Algérie et lucidité géopolitique Le passage le plus commenté à l'étranger demeure toutefois son adresse directe à l'Algérie. «J'en appelle à nos frères et sœurs d'Algérie», a affirmé le roi, lançant un plaidoyer pour «un dialogue fraternel, de nature à régler tous les différends en suspens entre nos deux pays». Il a également réitéré son attachement à «une Union du Maghreb, dont le Maroc et l'Algérie demeurent les colonnes fondatrices». Cette ouverture intervient dans un climat bilatéral demeuré glacial depuis la rupture des relations diplomatiques décidée unilatéralement par Alger en 2021, qui affirmait alors que les liens entre les deux pays avaient atteint un point de non-retour. D'après The Times of India, cette ouverture survient dans un contexte asymétrique, où «le Maroc semble en position de force, son plan d'autonomie pour le Sahara ayant gagné en légitimité internationale depuis l'appui explicite des Etats-Unis en 2020». L'Algérie, en revanche, souffrirait d'un isolement relatif et d'un sentiment d'impuissance face aux succès diplomatiques de son voisin occidental. «Mais un animal blessé peut se révéler redoutable», avertit l'article indien, estimant que «l'Algérie pourrait réagir de manière imprévisible, poussée par des acteurs extérieurs tels que la Russie». Dans ce qu'il décrit comme un «grand jeu stratégique» entre puissances rivales, «le Maroc redoute que l'Algérie ne devienne un instrument au service d'intérêts destructeurs». Le roi Mohammed, conscient de cette dérive possible, s'efforce selon la publication de «préserver les acquis nationaux et d'empêcher les différends de se muer en conflit ouvert». Cette prudence s'expliquerait, entre autres, par les tensions généralisées qui secouent l'ordre mondial : guerre en Ukraine, bombardements à Gaza, affrontements iraniens, tensions frontalières en Asie du Sud-Est. Tous symptômes d'un «réalignement stratégique» entre un axe occidental dirigé par les Etats-Unis et un pôle sino-russe appuyé par l'Iran et la Corée du Nord. Un choix crucial laissé à Alger «La position du roi Mohammed révèle la lucidité de la direction marocaine», conclut The Times of India, avant de poser la question cruciale : «L'Algérie répondra-t-elle positivement à l'appel du souverain, ou cédera-t-elle aux injonctions de ses bailleurs géopolitiques ?». «Choisir la voie du dialogue serait une preuve de sagesse ; celle de la confrontation précipiterait son propre déclin», conclut le journal indien.