Le Maroc figure parmi les pays dont les ressortissants déposent massivement des demandes d'asile en Europe, une tendance qui, en 2024, a continué de se conjuguer au masculin. Selon la fiche d'information n° 35 de l'Agence de l'Union européenne pour l'asile (EUAA), publiée en août 2025, plus de 90 % des demandeurs marocains étaient des hommes, et plus de 90 % étaient majeurs. Une asymétrie hommes-femmes saisissante chez les demandeurs marocains La répartition des demandeurs d'asile marocains illustre, avec constance, une structure démographique dominée par les hommes adultes. Le document de l'EUAA, fondé exclusivement sur les données Eurostat extraites le 7 juillet 2025, classe le Maroc parmi les nationalités pour lesquelles les hommes dépassent 90 % des effectifs déclarés. Cette surreprésentation masculine s'accompagne d'une proportion tout aussi écrasante d'adultes. Parmi les dix premières nationalités recensées, les ressortissants du Maroc se distinguent également par la très faible part de mineurs, et par l'absence manifeste de parité entre les sexes. Cette configuration s'oppose aux profils observés chez les Vénézuéliens ou les Colombiens, chez qui les femmes sont aussi nombreuses — sinon plus — que les hommes. Une baisse des hommes jeunes en Europe, mais un équilibre persistant Dans l'ensemble des pays membres de l'Union européenne et de l'Espace Schengen élargi (UE+), plus d'un million de demandes d'asile ont été enregistrées en 2024. Deux tiers des requérants étaient des hommes. La tranche des 18 à 34 ans reste la plus fournie : elle concentrait 37 % des dossiers. À cette catégorie s'ajoutaient 15 % d'hommes de 35 à 64 ans, contre 12 % de femmes âgées de 18 à 34 ans. On relève cependant une diminution significative du nombre d'hommes dans les classes d'âge les plus actives — adolescents, jeunes adultes et adultes d'âge moyen. Cette contraction numérique s'est accompagnée d'une relative stabilité du nombre de femmes. «Malgré le recul, les hommes âgés de 18 à 34 ans formaient encore le groupe le plus important», indique le document. Par contraste, la part des femmes âgées de 35 à 64 ans a progressé, non par augmentation des flux féminins, mais du fait d'un accroissement notable du nombre d'Ukrainiennes dans cette catégorie, qui a contrebalancé le reflux observé chez d'autres nationalités. L'Afghanistan inverse la tendance par un surcroît de requêtes féminines Alors que la plupart des pays présentent une stabilité dans la répartition par sexe, certains font figure d'exception. L'Afghanistan en est l'exemple le plus frappant : le nombre de demandes déposées par des hommes a chuté de 33 000, tandis que celui des femmes progressait légèrement, provoquant une hausse de 12 points de pourcentage de la part féminine, désormais fixée à 32 %. Il s'agit du plus haut niveau jamais enregistré pour cette nationalité depuis le début des statistiques en 2008. Ce basculement, observé dans toutes les tranches d'âge féminines, est également visible, quoique de manière plus contenue, chez les ressortissantes du Soudan, du Soudan du Sud, du Kosovo et du Tadjikistan. Une poussée des mineurs dans certains pays d'Afrique et du Moyen-Orient Parmi les demandeurs de moins de 18 ans, la part des mineurs non accompagnés représentait 14 % en 2024. Mais ce taux recouvrait de fortes disparités selon la nationalité. Si les mineurs colombiens ou vénézuéliens n'étaient que très rarement non accompagnés (moins de 1 %), 71 % des mineurs égyptiens l'étaient. Les mouvements les plus spectaculaires parmi les mineurs ont été enregistrés chez les Jordaniens (multiplication par cinq des dossiers), suivis des Haïtiens et des Kosovars. À l'inverse, des baisses proches de 50 % ont été observées chez les Géorgiens, les Nord-Macédoniens, les Cubains, les Turcs et les Russes. Les nationalités dominées par les hommes demeurent nombreuses En 2024, 96 % des Bangladais ayant sollicité l'asile dans l'UE+ étaient de sexe masculin. La quasi-totalité de ces derniers étaient adultes (98 %). D'autres nationalités présentaient des configurations similaires : Marocains, Egyptiens, Burkinabè, Pakistanais, Gambiens et Maliens figuraient parmi les pays dont plus de 90 % des requérants étaient des hommes. Chez les Maliens en particulier, 9 600 demandes supplémentaires ont été déposées par des hommes, contre seulement 190 par des femmes. «Dans chaque tranche d'âge inférieure à 65 ans, les hommes ont largement dépassé les femmes», conclut la fiche. Chez les Mauritaniens, les Philippins, les Nigériens et les Kényans, la tendance allait dans le même sens : les candidatures masculines ont progressé tandis que les demandes féminines reculaient. Chez les Ethiopiens, les Mongols et les personnes à nationalité inconnue, la part des femmes a atteint un plancher historique.