La vague de chaleur qui a frappé le Maroc à la fin du mois de juillet a gravement affecté les vergers d'avocats, réduisant de moitié le volume attendu pour la prochaine campagne et annonçant une hausse marquée des prix, rapporte le site spécialisé Fresh Plaza. Abdelkrim Allaoui, président de l'Association des producteurs d'avocats de la région du Gharb, a précisé que «[la] région, qui concentre l'essentiel des vergers du pays, a connu trois journées consécutives de chaleur extrême, du 28 au 30 juillet. Les températures ont atteint 40 °C à Kénitra et 49 °C à Moulay Bousselhem, zone de production majeure. Les arbres n'ont pas supporté et ont perdu une grande quantité de fruits». Des aléas climatiques répétés Selon M. Allaoui, la saison avait déjà été compromise au mois de mars par un froid inhabituel et de fortes pluies au moment de la floraison. «D'autres vagues de chaleur sont prévues, y compris aujourd'hui», a-t-il indiqué, soulignant que le mois d'octobre, période sensible, peut aussi apporter tempêtes et vents violents le long de la façade atlantique nord, cœur de la culture de l'avocat au Maroc. Les pertes varient selon les exploitations, mais elles représenteraient, au niveau national, près de la moitié des volumes annuels. «Nous estimons que les pertes pour la saison 2025/26 ne seront pas inférieures à 40 %, pouvant atteindre 50 % entre mars et août. Le dommage est moindre pour ceux qui ont protégé leurs vergers, et inversement. Nous avons donc révisé notre prévision à 80 000 tonnes, contre 140 000 à 160 000 tonnes initialement, un chiffre encore susceptible d'évoluer», a-t-il précisé. Des prix en forte hausse attendus Pour limiter les pertes, les producteurs devront, selon M. Allaoui, multiplier les soins apportés aux arbres, notamment en irrigation et en nutrition, afin d'obtenir des fruits de calibre important. «Les prix montent déjà, des mois avant la récolte, et atteignent 23 dirhams le kilo pour des fruits encore sur l'arbre. Nous pensons que la saison débutera à un minimum de 30 dirhams, contre 17 dirhams au démarrage de la saison précédente», a-t-il affirmé, rappelant que la précédente campagne avait vu ses prix comprimés par une surproduction. Les producteurs comptent aussi retarder la récolte pour attendre des cours plus favorables. Les variétés à peau verte sont habituellement cueillies en octobre, suivies des Hass en novembre. «La saison prochaine, nous attendrons la fin janvier, voire mars, pour récolter l'essentiel des Hass, lorsque les prix sur les marchés internationaux sont à leur sommet», a-t-il annoncé. Un changement dans les modes de vente La relation entre producteurs et exportateurs devrait également évoluer. Habituellement, les fruits sont vendus sur pied ou à la ferme, au kilo ou à forfait par parcelle. «La saison à venir ne connaîtra que des ventes au kilo. Les producteurs devront fournir un effort agronomique considérable pour obtenir des calibres élevés, ce qui influera sur les coûts, les prix et les méthodes de vente. Les acheteurs le savent, et de nombreux importateurs européens se sont déjà rendus dans la région pour sécuriser leur approvisionnement», a conclu M. Allaoui.