Le gouvernement japonais s'apprête à annoncer, lors de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) qui s'ouvre le 20 août à Yokohama, son intention d'entamer des discussions en vue de conclure des accords de libre-échange avec plusieurs Etats africains, dont le Maroc. Le Maroc parmi les partenaires pressentis Selon le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun, Tokyo privilégiera dans un premier temps les pays d'Afrique de l'Est, regroupés au sein de la Communauté d'Afrique de l'Est, et l'Afrique de l'Ouest avec le Nigeria et le Ghana. Le Maroc figure également parmi les partenaires pressentis, en raison de sa fonction de plate-forme économique et logistique tournée vers l'Europe et l'Atlantique. Toutefois, la participation marocaine aux travaux de la Ticad reste incertaine. Le royaume avait exprimé par le passé de vives réserves après les intrusions illégales de représentants du Front Polisario lors d'éditions précédentes, ce qui avait provoqué des tensions diplomatiques et assombri la rencontre. Une réponse à la concurrence chinoise et coréenne Tokyo cherche également à contenir l'expansion de la Chine, qui déploie ses réseaux terrestres et maritimes en Afrique dans le cadre des «Nouvelles routes de la soie» mais aussi celle de la Corée du Sud, qui a entamé l'an dernier des discussions économiques avec le Maroc, la Tanzanie et le Kenya. Le Japon, qui n'a encore conclu aucun accord de libre-échange avec un pays africain, estime qu'une telle démarche faciliterait notamment l'exportation de ses automobiles. «L'élimination des droits de douane réduirait les coûts logistiques et ouvrirait de nouvelles perspectives à nos entreprises», a indiqué une source gouvernementale citée par le Nihon Keizai Shimbun. Une Afrique recherchée pour sa croissance et sa démographie D'après la Banque africaine de développement, la croissance du continent devrait atteindre 3,9 % cette année, et 21 pays dépasseront les 5 %. Avec un produit intérieur brut nominal estimé à 2 800 milliards de dollars, l'Afrique représente environ 70 % de l'économie japonaise et dépasse de 30 % celle de la Corée du Sud. La dynamique démographique accentue cette attractivité : la population africaine, actuellement de 1,5 milliard d'habitants, pourrait s'élever à 2,5 milliards d'ici 2050, soit un quart de la population mondiale. La conférence de Yokohama, présidée par le Premier ministre Shigeru Ishiba, doit également examiner la question des infrastructures reliant l'Afrique orientale à l'océan Indien, afin de fluidifier les échanges commerciaux.