Une délégation du Front Polisario a abrégé son séjour au Japon où elle prenait part à la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad 8), après avoir été sommée par les autorités nippones de restreindre sévèrement ses activités, rapporte le quotidien The Nishinippon Shimbun. Selon le journal japonais, les séparatistes, présents lors de la conférence, auraient été «invités à restreindre leurs actions à la seule participation aux débats officiels de la Ticad». Cette injonction, dictée par la volonté de préserver le caractère strictement économique et de coopération de la rencontre, a conduit la délégation à «avancer la date de son retour». Tokyo a, ainsi, cherché à prévenir toute dérive de la conférence vers des objectifs de propagande politique. Le quotidien souligne que le gouvernement nippon a marqué son refus de voir la rencontre servir les desseins du Polisario. Une contradiction dénoncée Cette posture japonaise n'a toutefois pas échappé aux critiques qui pointent la contradiction entre la constance proclamée de Tokyo dans sa non-reconnaissance de l'entité séparatiste et la visibilité de fait accordée à celle-ci par sa présence dans les enceintes de la Ticad. Rabat, qui considère cette participation comme une provocation, a fait valoir que la crédibilité des assises s'en trouvait affectée. Dans un message jugé fort et clair à l'adresse de l'Afrique et des Nations unies, le Japon a d'ailleurs réitéré pour la troisième fois en deux jours sa position de non-reconnaissance lors de l'ouverture du sommet de la Neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad 9), mercredi à Yokohama. À l'entame des travaux, le ministre japonais des affaires étrangères, Takeshi Iwaya, a solennellement affirmé au nom de son gouvernement que «la présence d'une entité non reconnue par le Japon en tant qu'Etat ne saurait affecter la position du Japon quant au statut de cette entité». Cette précision fut l'unique point substantiel de son allocution liminaire, après les amabilités protocolaires, marquant ainsi un signal sans équivoque du rejet nippon de toute tentative d'utiliser la Ticad à des fins séparatistes. Cette triple réaffirmation s'inscrivait dans la continuité de ses déclarations de la veille, lors de la réunion ministérielle d'ouverture, où M. Iwaya avait déclaré devant les ministres africains et les représentants des organisations internationales : «Je tiens à préciser que la présence dans cette réunion de toute entité que le Japon ne reconnaît pas comme Etat n'affecte en rien la position du Japon concernant le statut de cette entité». De même, la réunion préparatoire des hauts fonctionnaires, tenue mardi à Yokohama, avait été marquée par une mise au point ferme du Japon sur la non-reconnaissance de l'entité séparatiste. Réserves officielles La diplomatie japonaise a précisé, en outre, qu'elle s'était refusée à adresser une invitation au Front Polisario, se limitant à convier «les pays avec lesquels le Japon entretient des relations diplomatiques». Elle a souligné que l'invitation de l'entité séparatiste émanait de la Commission de l'Union africaine. Le Maroc était représenté à la Ticad-9 par l'ambassadeur marocain au Japon, Mohamed Rachad Bouhlal. Selon les organisateurs, cette édition placée sous le thème «Co-créer des solutions innovantes avec l'Afrique» visait à harmoniser les objectifs de développement de l'Union africaine (UA) avec ceux de l'Agenda 2030 des Nations unies. Elle avait également pour ambition de stimuler les collaborations en matière d'innovation technologique et d'explorer de nouveaux débouchés dans les domaines de la transition numérique, du développement durable et de l'inclusion sociale. Dans ce cadre, le Ticad Business Expo a rassemblé 196 entreprises et organisations japonaises, dont 107 petites et moyennes entreprises, venues exposer leurs innovations dans huit secteurs thématiques, allant des infrastructures et de la santé publique aux chaînes de valeur agroalimentaires et à la culture populaire. Le Maroc pourrait ne plus participer à cet événement si le Japan persiste à y inviter le Polisario.