Le tribunal de première instance de Rabat a condamné, mercredi 3 septembre, la militante féministe Ibtissame Lachgar à deux ans et demi d'emprisonnement, assortis d'une amende de 50 000 dirhams, pour «offense à la religion musulmane» après la diffusion d'une photographie jugée blasphématoire. La décision a été rendue à l'issue d'un procès marqué par des débats sur la liberté d'expression et la protection des croyances religieuses. Le parquet marocain avait déjà annoncé, le 10 août, son placement en garde à vue. Dans un communiqué, il avait affirmé que cette décision avait été prise «conformément à la loi», à la suite de la diffusion d'une photographie comportant «des expressions offensantes envers Dieu». Le ministère public avait ajouté que «les mesures légales adéquates seront prises à la lumière des résultats de l'enquête», tout en insistant sur le fait que la publication comportait également «un texte offensant à la religion islamique». Le code pénal marocain prévoit, pour ce type d'infraction, une peine allant de six mois à deux ans de prison et – ou – une amende comprise entre 20 000 et 200 000 dirhams. Il dispose aussi que la sanction peut atteindre cinq ans d'emprisonnement lorsque l'«outrage» est commis par un moyen public, notamment électronique. La défense, l'état de santé et les réactions La défense de la militante avait sollicité une libération provisoire, mais la juridiction a rejeté cette requête. L'image à l'origine de la controverse montrait la militante portant un vêtement sur lequel apparaissait le mot «Allah», suivi d'une expression réservée aux minorités sexuelles. Elle était accompagnée d'un commentaire dans lequel elle qualifiait l'islam, «comme toute idéologie religieuse», de «fasciste, phallocrate et misogyne». La diffusion de cette photographie avait provoqué un vif émoi sur les réseaux sociaux. Certains internautes avaient appelé à son arrestation. Le parquet avait indiqué que la garde à vue avait été ordonnée «conformément à la loi». À l'issue de cette mesure, il appartenait au procureur du roi près le tribunal de première instance de Rabat de décider des poursuites.