Benslimane: Lancement de l'opération de sélection et d'incorporation des nouveaux appelés au Service Militaire au sein du 40è contingent    Aïd Al Mawlid : Le Roi préside une veillée religieuse à la mosquée Hassan    Conseil de gouvernement : Adoption d'un projet de décret fixant la liste des établissements ne relevant pas des universités    Le Maroc lance un programme historique de 5,6 milliards de dollars pour faire face à la crise de l'eau et renforcer son partenariat avec la Chine    La victoire de la Chine sur le fascisme en images à Rabat    Gaza-Cisjordanie : le Maroc appelle au retour à la table des négociations    Aïd Al Mawlid Annabawi : Grâce Royale au profit de 681 personnes    Aïd Al Mawlid : SM le Roi préside une veillée religieuse à Rabat    SM le Roi félicite les Chefs d'Etat des pays islamiques à l'occasion de l'Aïd Al-Mawlid Annabaoui Acharif    Complexe Moulay Abdellah : Les Lions de l'Atlas ont découvert leur nouveau joyau    Díaz rencontre Timoumi : hommage aux légendes marocaines    Maroc-Niger : Tout est réuni pour que la fête soit belle !    Prépa CDM U17 Qatar 2025 / Espagne : Les Lionceaux démarrent fort face au Canada    Afro Basket U16 Rwanda 2025 : Les Lionceaux s'inclinent face à l'Egypte    Le Mali défie l'Algérie devant la Cour internationale de Justice : un procès historique pour "agression armée"    Aïd Al Maoulid Annabaoui : La NARSA appelle à la vigilance sur les routes    Arrêté au Maroc, un baron de drogue écossais condamné à six ans de prison    Accidents de la route : les indemnisations atteignent près de 7,9 milliards de dirhams en 2024    Rétro - Verso : Bab Maâlka, suspendue aux confins de l'Atlantique et de l'exil    Gad Elmaleh revient à Casablanca avec son spectacle « Lui-même »    Aïd Al-Mawlid : Le roi Mohammed VI présidera une veillée religieuse à Rabat    Sothema confirme sa dynamique au Maroc mais marque le pas à l'international    Ecuador's National Assembly forms interparliamentary friendship group with Morocco    DP World launches Atlas maritime service linking Morocco to UK and Europe    Corredor de origen marroquí, Mohamed Attaoui logra el récord de España y el tercer mejor tiempo de la historia en los 1000 m    Création du Groupe d'amitié Equateur-Maroc à l'Assemblée nationale équatorienne    Flux net des IDE : Les Emirats arabes unis, premier pays investisseur au Maroc en 2024    The Jazz au Chellah festival relocates and becomes Jazz à Rabat    La montée et la chute de la Maurétanie, un royaume amazigh oublié    Biennale de Venise : L'animation marocaine sous les projecteurs internationaux    L'Office national marocain du tourisme engage une vaste consultation pour affiner sa stratégie de promotion qui concerne «le transport aérien, la distribution, l'image et la numérisation»    Maroc–Turquie : un nouvel élan pour les échanges commerciaux    OMPIC : 56.611 entreprises créées en six mois    Le Maroc importe 89 700 tonnes de blé russe en août pour 211 millions de dirhams, un volume accru de moitié par rapport à l'an passé    Le Maroc instituera des comités judiciaires dans les stades pour traiter les infractions lors du Mondial 2030    Les températures attendues ce jeudi 4 septembre 2025    LdC : l'OM écarte Amine Harit et inscrit Nayef Aguerd et Bilal Nadir dans sa liste européenne    Taxe carbone et filières stratégiques : comment le Maroc se positionne sur le marché euro-méditerranéen des énergies propres    Le PL sur les indemnisations des victimes d'accidents de la route approuvé en Conseil de Gouvernement    Le Caire : Bourita s'entretient avec son homologue égyptien    Portugal : deuil national après le déraillement meurtrier d'un funiculaire à Lisbonne    Le Maroc et l'Azerbaïdjan approfondissent leurs relations culturelles lors d'un entretien à Rabat en vue du 11e Salon international du livre de Bakou    Buraïda, capitale saoudienne des dattes, célèbre le patrimoine et la créativité lors d'un carnaval mondial    Belgium Moving Toward Recognizing Morocco's Sovereignty Over the Sahara by the End of 2025    La Chine réplique à Washington : la lutte antidrogue est une priorité nationale et nous ne sommes pas la source du chaos mondial    Régionales 2025. Le Cameroun fixe la date    Biens publics : l'INPBPTM dénonce un détournement de fonds    Œuvres d'art : Tanger accueille une vente aux enchères publique de Monsieur C    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Rétro - Verso : Bab Maâlka, suspendue aux confins de l'Atlantique et de l'exil
Publié dans L'opinion le 04 - 09 - 2025

À bien des égards, Bab Maâlka, porte de Salé et de l'Atlantique, témoigne du retour des Morisques et des échanges entre le Maroc et l'Espagne et bien plus d'épisodes historiques...
Dans la trame ancienne des murailles de Salé, ville des marins, des savants et des saints, se dresse une porte discrète mais chargée de mémoire : Bab Maâlka. Contrairement à certaines appellations modernes comme «la porte suspendue», non validées par les historiens, son nom dérive de Malaga, reflétant son rôle de point d'accès pour les Morisques et autres réfugiés qui, de retour de la péninsule ibérique par l'Atlantique, entraient dans la ville par cette porte.

Ce portail ne possède ni l'ampleur triomphale de Bab El-Mrissa, ni l'éclat décoratif des grands portails mérinides, mais son arc sobre et ses murailles épaisses témoignent d'un temps où la cité se trouvait au carrefour des dynasties, des ambitions et des croyances.


Selon Seddik Maâninou, journaliste, écrivain, chercheur, fervent défenseur et fin connaisseur de l'Histoire de Salé, "l'édification de Bab Maâlka se situe dans le XIIème siècle, à l'heure où les Almohades régnaient sur le Maghreb et l'Andalousie. Héritiers d'une idéologie réformatrice et d'une volonté impériale, ces souverains entourèrent Salé d'une enceinte solide, destinée à affirmer leur autorité et à protéger cette cité de l'Atlantique, point stratégique face aux incursions venues de la mer". Dans ce dispositif défensif, Bab Maâlka trouva sa place, non comme une simple ouverture sur l'extérieur, mais comme un passage réservé : le sultan lui-même l'empruntait pour gagner les lieux saints, le cimetière, ou descendre jusqu'à la plage où reposaient les ancêtres de la ville.

Le XIIIème siècle, marqué par le déclin almohade et l'avènement des Mérinides, a coïncidé avec l'épanouissement de Salé comme centre de commerce et foyer de savoir. Les portes de la médina jouaient alors un rôle vital : "Bab Fès contrôlait les caravanes venues de l'intérieur, Bab El-Mrissa ouvrait la cité sur l'océan et les expéditions maritimes, tandis que Bab Maâlka, plus secrète, conservait sa fonction rituelle et princière. À travers elle, on ne régulait pas seulement le flux des hommes et des marchandises, mais l'on ménageait aussi un passage où le pouvoir temporel rencontrait le sacré", continue l'intellectuel Seddik Maâninou.

Si les chroniques mentionnent peu Bab Maâlka, son architecture, telle que nous la voyons aujourd'hui, s'exprime sans paroles à travers un arc en plein cintre, une cour intérieure, un escalier menant au chemin de ronde : autant d'éléments sobres mais révélateurs de l'ingéniosité défensive de l'époque. En ces lieux pétris de mémoire, point de zelliges éclatants ni de stucs ciselés, seule la pierre, massive et vigilante, rappelle que la cité de Salé fut d'abord une forteresse. De ce dépouillement naît une austérité presque majestueuse, qui convient à la dignité du passage réservé aux souverains.

Au fil des siècles, les dynasties se succédèrent : Mérinides, Wattassides, puis Saâdiens au XVIème siècle, enfin Alaouites à partir du XVIIème. Chacune a son empreinte sur la cité, agrandissant les murailles, renforçant les portes, bâtissant mosquées et marabouts. Mais Bab Maâlka demeura, immuable dans son rôle discret, gardienne d'une tradition où le pouvoir consacrait la mémoire des ancêtres et des saints. Les siècles d'instabilité (raids ibériques, piraterie barbaresque, affrontements entre Salé et Rabat) n'altérèrent pas son existence, tant son usage était lié au rituel plutôt qu'au commerce ou à la guerre.

Le XVIIIème siècle, où l'on pourrait croire les murailles délaissées, vit encore la porte servir de seuil au sultan visitant les sanctuaires. Dans ce siècle d'échanges méditerranéens et atlantiques, où les consuls européens s'installaient à Rabat et où les corsaires de Salé écumaient les mers, Bab Maâlka continuait d'ouvrir un passage vers le silence du cimetière et l'horizon de l'océan. Elle symbolisait, par contraste, la permanence d'un ordre ancien dans une époque en mouvement.

Aujourd'hui, au XXIème siècle, la Porte dite de Malaga se tient toujours, adossée à l'enceinte de la médina. Elle ne reçoit plus les cortèges des souverains ni les prières des marins en partance, mais elle conserve dans ses pierres la mémoire des âges. Peu de visiteurs la remarquent, fascinés qu'ils sont par la monumentalité de Bab El-Mrissa. Pourtant, pour qui sait lire l'Histoire dans les murailles, Bab Maâlka apparaît comme un palimpseste : Almohade dans son origine, témoin des fastes mérinides, silencieuse depuis.

Elle nous rappelle que l'Histoire ne réside pas seulement dans les monuments éclatants, mais aussi dans ces portes modestes, fidèles et obstinées, qui ont vu passer les siècles, les cortèges et les prières.


Rétrospective : Une conjoncture hors pair
Ce lien étymologique de Maâlka et Malaga suggère que cette porte servait de point d'entrée pour les personnes revenant d'Espagne, notamment des commerçants, des pèlerins ou d'autres voyageurs ayant traversé le détroit de Gibraltar.

La période médiévale a été marquée par des échanges intenses entre le Maghreb et la péninsule ibérique. Après la chute de Grenade en 1492, de nombreux musulmans et juifs furent expulsés d'Espagne. Certains d'entre eux ont trouvé refuge au Maroc, notamment dans des villes comme Salé, qui offraient des opportunités commerciales et une certaine sécurité.

Bab Maâlka, en tant que porte orientée vers l'Espagne, aurait facilité l'entrée de ces migrants et commerçants. Elle aurait également servi de point de passage pour les navires revenant d'Espagne, apportant des marchandises, des informations et des influences culturelles.

Salé, au cours des siècles, est devenue un centre commercial prospère. La ville a établi des relations commerciales avec plusieurs ports espagnols, dont Malaga, Séville et Cadix. Ces échanges comprenaient des produits tels que les textiles, les épices, les céréales et les métaux précieux. Bab Maâlka, en tant que porte stratégique, a joué un rôle clé dans la régulation et la facilitation de ces échanges.

Au-delà de son rôle fonctionnel, Bab Maâlka représente également un symbole de l'Histoire partagée entre le Maroc et l'Espagne. Elle témoigne des liens profonds établis au fil des siècles, marqués par des migrations, des échanges commerciaux et des influences culturelles mutuelles.

Aujourd'hui, Bab Maâlka demeure un témoin silencieux de l'Histoire de Salé, rappelant l'importance stratégique et culturelle de la ville au fil des siècles.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.