Le Mali a annoncé, jeudi 4 septembre, avoir déposé auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) une «requête introductive d'instance contre l'Algérie» après qu'un drone militaire malien a été abattu le 1er avril au-dessus du territoire malien, ce que Bamako considère comme «une violation manifeste de son espace aérien». Le ministère malien de l'administration territoriale a précisé que cette action constitue «non seulement un acte hostile, une atteinte, mais aussi une violation manifeste du principe de non-recours à la force». Selon le communiqué, «cet acte flagrant est le summum d'une série d'actes hostiles et démontre clairement une collusion malsaine entre les terroristes et le régime algérien». Alger a rejeté ces accusations. Selon les autorités algériennes, les données radars de leur ministère de la Défense «établissent clairement la violation de l'espace aérien de l'Algérie» par le drone malien. Cette divergence d'interprétation a provoqué une crise diplomatique d'ampleur entre les deux pays frontaliers. Escalade diplomatique et mesures réciproques Depuis l'incident, le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso, gouvernés par des militaires, ont procédé au rappel de leurs ambassadeurs respectifs en Algérie. De son côté, Alger a annoncé le rappel de ses représentants diplomatiques au Mali et au Niger. Parallèlement, chaque pays a fermé son espace aérien à l'autre, renforçant ainsi la tension régionale. Les relations entre le Mali et l'Algérie se sont détériorées au fil des années. Bamako reproche à Alger d'entretenir «une proximité avec les groupes terroristes», notamment dans la zone frontalière. En janvier 2024, la junte malienne avait déclaré la «fin, avec effet immédiat» de l'accord de paix d'Alger signé en 2015, longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays. Le Mali fait face depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde, alimentée par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamiqu ainsi que par des bandes criminelles communautaires, accentuant le climat d'instabilité et la fragilité de la région sahélienne.