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Le Maroc offre un potentiel entre 35 et 55 milliards de livres sterling comme pôle de traitement des minerais critiques, soutenu par l'énergie verte et une ouverture commerciale accrue, déclare Londres
Le Maroc apparaît aujourd'hui comme l'un des pôles les plus prometteurs du continent africain pour le traitement des minerais critiques, avec un potentiel estimé entre 35 et 55 milliards de livres sterling, soit environ 700 à 1 100 milliards de dirhams marocains, selon un rapport conjoint du ministère britannique des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement et du ministère britannique du commerce et de l'industrie. Adossé à une infrastructure portuaire et énergétique de premier ordre, à un environnement politique stable et à des accords de libre-échange couvrant plus de 1,5 milliard de consommateurs, le Royaume ambitionne de devenir un centre de proximité pour le raffinage du cobalt, du lithium, du graphite et du manganèse destinés aux marchés européens et américains. L'étude évalue le marché intérieur marocain des batteries électriques entre 30 et 60 milliards de dirhams, tandis que le potentiel combiné des marchés européens et américains atteindrait 1 100 milliards de dirhams d'ici 2030. Soutenu par des investissements dans l'énergie verte, la recherche technologique et le recyclage industriel, le Maroc s'impose comme un partenaire stratégique dans la construction de chaînes d'approvisionnement décarbonées et sécurisées, au moment où la demande mondiale en minerais critiques connaît une expansion sans précédent. Le Maroc se voit reconnaître, par un rapport conjoint du ministère britannique des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement et du ministère britannique du commerce et de l'industrie du Royaume-Uni publié vendredi 10 octobre, un potentiel d'investissement estimé entre 35 et 55 milliards de livres sterling, soit environ 700 à 1 100 milliards de dirhams marocains, en tant que centre de traitement de proximité des minerais critiques destinés aux marchés européens et américains. Le document positionne le Maroc comme un lieu stratégique pour le traitement de ces ressources indispensables à la transition énergétique mondiale. Selon ses auteurs, «la demande mondiale en minerais critiques, portée par l'essor des véhicules électriques et des technologies d'énergie renouvelable, confère au Maroc une position singulière, à la croisée des chaînes d'approvisionnement occidentales.» Un emplacement géostratégique et une infrastructure industrielle d'envergure Les rédacteurs du document soulignent que «la forte concentration des chaînes d'approvisionnement en Chine incite désormais les pays occidentaux à rechercher des partenaires plus proches, fiables et politiquement stables.» Le Maroc bénéficie, à cet égard, d'un accès privilégié aux marchés européens et américains, renforcé par ses accords de libre-échange avec l'Union européenne et les Etats-Unis ainsi que par son inclusion dans la loi américaine sur la réduction de l'inflation (IRA), ouvrant la voie à une coopération industrielle accrue avec Washington. Le Maroc accueille déjà un secteur automobile exportateur en pleine expansion et s'emploie à bâtir une chaîne de valeur intégrée dans les batteries électriques, couvrant les projets de traitement du lithium, du cobalt, du graphite et du recyclage des masses noires. «Ces filières placent le Maroc dans une trajectoire d'industrialisation technologique avancée, articulée autour d'une vision énergétique décarbonée.» Le texte insiste sur les avantages comparatifs du pays : stabilité politique, infrastructures portuaires de premier plan – notamment le complexe Tanger Med, devenu le premier port d'Afrique et de Méditerranée –, main-d'œuvre qualifiée et compétitive, ainsi qu'un potentiel exceptionnel en énergies renouvelables. Les auteurs affirment que «l'association entre des coûts de production maîtrisés, une énergie verte abondante et un cadre réglementaire attractif confère au Maroc une place unique parmi les économies émergentes.» Les zones économiques spéciales (ZES), réparties entre Tanger, Kénitra, Casablanca et Laâyoune, offrent aux investisseurs des régimes fiscaux incitatifs et des procédures administratives allégées. Le rapport précise que «les ZES constituent un instrument efficace de convergence industrielle entre entreprises locales et multinationales.» Les accords commerciaux, la logistique portuaire et ferroviaire ainsi que la qualité de l'environnement d'affaires sont mis en avant comme des leviers déterminants. L'étude évalue le marché intérieur des batteries électriques entre 1,5 et 3 milliards de livres sterling, soit 30 à 60 milliards de dirhams, tandis que le potentiel combiné des marchés européens et américains atteindrait 55 milliards de livres, soit 1 100 milliards de dirhams, à l'horizon 2030. «Le Maroc présente une perspective stratégique et opportune pour les entreprises britanniques désireuses de sécuriser des chaînes d'approvisionnement résilientes et à faible empreinte carbone, tout en contribuant au développement durable de l'Afrique du Nord.» Cinq axes d'investissement identifiés et des défis technologiques à surmonter Le rapport britannique énumère cinq domaines d'investissement jugés immédiatement accessibles : le financement de l'énergie verte, la financiarisation de projets de traitement intermédiaire, la conclusion d'accords d'approvisionnement à long terme, le recyclage des déchets industriels et des masses noires, et enfin la coopération technologique avec les groupes nationaux, notamment OCP et Managem, tous deux déjà engagés dans le raffinage du cobalt et du manganèse. Cependant, les auteurs reconnaissent plusieurs contraintes structurelles. «Le Maroc demeure tributaire des importations pour certaines ressources clés, notamment le lithium et le nickel, dont les gisements nationaux restent limités.» «L'essor des capacités énergétiques renouvelables et la réduction de la dépendance vis-à-vis des technologies chinoises s'imposent comme des conditions préalables à la pleine valorisation du potentiel national.» Pour pallier ces faiblesses, l'étude préconise un recours accru aux mécanismes de financement vert, des partenariats technologiques et le développement du recyclage industriel. «La coopération trilatérale entre le Royaume-Uni, le Maroc et les partenaires africains pourrait accélérer l'émergence d'un pôle intégré de traitement des minerais à faible émission carbone.» Les auteurs rappellent également que le pays dispose déjà d'un tissu industriel mature, notamment dans les secteurs de la chimie, de la métallurgie et de la transformation des phosphates. «L'expérience acquise dans le raffinage du phosphate et la gestion d'infrastructures portuaires de rang mondial constitue un socle solide pour l'extension du savoir-faire vers le traitement des minerais critiques.» Le texte note en outre que la politique nationale de l'énergie – fondée sur la stratégie 2030-2050 – prévoit plus de 50 % d'électricité issue de sources renouvelables dès la prochaine décennie. Ce contexte favoriserait, selon les experts britanniques, «la création d'un écosystème industriel cohérent et respectueux des normes environnementales internationales.» Vers une intégration régionale africaine du traitement des minerais Au-delà des atouts domestiques, le rapport envisage le Maroc comme pivot continental. «Par sa stabilité, sa connectivité et son ouverture économique, le Royaume peut devenir le point de convergence des flux africains de minerais destinés à l'Europe.» Les corridors reliant la Guinée, la République démocratique du Congo et le Maroc, via la Mauritanie et le Sénégal, sont cités parmi les axes logistiques prioritaires à consolider. Les auteurs considèrent que la coopération Sud-Sud pourrait amplifier les bénéfices collectifs. «Une alliance africaine pour le traitement des minerais critiques, articulée autour du Maroc, réduirait la dépendance du continent aux marchés asiatiques et renforcerait sa souveraineté industrielle.» Cette perspective s'accorde avec les orientations du Growth Gateway, programme britannique destiné à stimuler les échanges entre l'Afrique et le Royaume-Uni dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Selon les projections, le marché mondial des technologies vertes – batteries, éoliennes, panneaux photovoltaïques – devrait tripler d'ici 2035, générant une demande exponentielle en cobalt, nickel, manganèse et graphite. «Les Etats disposant d'une base industrielle et d'une stabilité réglementaire auront un avantage décisif dans cette nouvelle économie minérale.» Le texte britannique met en avant, aussi, la proximité géographique du Maroc avec les grands centres industriels européens, ainsi que la qualité de ses ports et zones franches, pour souligner son aptitude à servir d'interface naturelle entre l'Afrique et l'Occident. Un modèle de développement conciliant souveraineté et durabilité La stratégie nationale présentée repose sur trois principes : l'industrialisation à haute valeur ajoutée, la décarbonation progressive de la production, et la montée en compétences de la main-d'œuvre locale. L'étude observe que «la qualité de l'enseignement technique marocain et la disponibilité d'ingénieurs formés aux standards internationaux constituent un avantage compétitif durable.» Elle invite par ailleurs à soutenir les partenariats de formation, notamment avec les établissements britanniques et européens, dans les disciplines de la métallurgie, de la chimie et du génie énergétique. «Les synergies entre les universités marocaines et les centres de recherche étrangers favoriseront la maîtrise locale des procédés de traitement, condition indispensable à la souveraineté industrielle.» Les experts recommandent aussi une gouvernance claire du secteur, afin de garantir la transparence, la traçabilité et la durabilité des chaînes d'approvisionnement. Le rapport mentionne «la nécessité d'un cadre réglementaire stable, assurant la confiance des investisseurs tout en protégeant les ressources nationales.» Le Maroc, conclut-il, dispose des fondations matérielles et institutionnelles pour devenir un centre africain du traitement des minerais critiques, sous réserve d'une coordination efficace entre les acteurs publics et privés. «La convergence des politiques industrielles, énergétiques et minières pourrait transformer Rabat en maillon essentiel d'une économie verte mondiale.» Une perspective stratégique à long terme Les auteurs du rapport estiment enfin que le Maroc incarne une approche équilibrée du développement, conciliant performance économique, stabilité politique et engagement écologique. «L'histoire récente du Royaume témoigne d'une capacité rare à bâtir des institutions solides et à maintenir un climat d'affaires prévisible, deux éléments essentiels pour attirer des investissements durables.» Les relations économiques avec le Royaume-Uni, appuyées par la création de la plate-forme Growth Gateway, ouvrent de nouveaux horizons de coopération technologique et financière. L'étude préconise de renforcer les liaisons industrielles bilatérales dans la métallurgie, la valorisation des métaux et la recherche appliquée. En définitive, le rapport britannique dépeint un Maroc au cœur des mutations géo-économiques mondiales, capable d'offrir à la fois une stabilité régionale, une base industrielle compétitive, et une transition énergétique exemplaire. «Dans un monde en quête de sécurité matérielle et de sobriété carbone, le Maroc apparaît non comme un simple fournisseur de matières premières, mais comme un partenaire d'industrialisation et d'innovation.»