L'ALASCAM (association des loueurs automobiles sans chauffeur au Maroc) procédera à la refonte de ses statuts le 7 mars prochain. A l'ordre du jour: des cotisations à la proportionnelle et LA préparation d'un lobbying plus à même de défendre les intérêts de la profession. Détails d'une rencontre qui pourrait être des plus houleuses… Tout le microcosme du secteur touristique, et peut-être même l'ensemble du gotha économique, garde encore en mémoire l'adoption dans la douleur des nouveaux statuts de la FNT (Fédération Nationale du Tourisme), ainsi que les élections rocambolesques qu'elle a connues fin 2007. Aujourd'hui, il semblerait que ce soit au tour de l'un des corps de métier membre de la FNT. Il est vrai qu'il n'y aura pas de combats de coq pour prendre les rênes de l'association, puisque les élections n'auront lieu que dans deux ans, seulement aujourd'hui, il est question d'adopter des statuts à l'image de ceux de la FNT. Exception faite du binôme de tête, qui n'arrange pas les affaires de tout le monde. Mais là n'est pas la question. L'adoption de ces nouveaux statuts entraîne bien d'autres changements… L'ALASCAM est une association qui a certes fait couler beaucoup d'encre, vu les divergences au sein de la profession, ou la volonté de certains opérateurs de faire cavalier seul, mais qui depuis, se fait plutôt discrète. Seulement aujourd'hui, l'heure est à la «rupture». Une rupture dont le premier chantier consiste à établir un nouveau barème de cotisation, qui ne fera pas que des heureux, même si Khalid Kabbaj, le président de l'association, précise qu'«il ne faut pas se focaliser sur cet aspect-là». Car l'objectif est de doter l'association de statuts qui puissent la faire muer vers une fédération, afin que sa force de frappe soit autant nationale que régionale. Mais revenons un temps soit peu à cette histoire de cotisation. En réalité, le principe paraît assez juste, même s'il instaure la loi du plus fort: le nombre de voix attribué à chaque opérateur est fonction du montant de sa cotisation. La cotisation étant établie sur la base de l'importance du parc automobile, dont dispose chaque opérateur. Concrètement, quand hier, une entreprise cotisait à hauteur de 1.500 DH ou 15.000 DH, elle disposait du même nombre de voix (c'est-à-dire une), alors que demai,, cela ne sera plus le cas si les nouveaux statuts sont validés par l'AG du 7 mars. Pour vous donner une idée, voici la fourchette des cotisations: entre 0 et 5 véhicules, l'entreprise verse 1500 DH et bénéficie d'une voix. Au-delà de 3000 véhicules, la cotisation se chiffre à 15.000 DH, et pèse pour 10 voix. Des intérêts bien compris La réaction des opérateurs ne se fera sans doute pas attendre, et des modifications seront peut-être introduites à ce barème, histoire de faire passer la pilule. Car introduire la proportionnelle signifie aussi donner moins de poids aux revendications des petits opérateurs. «Cela dit, il faut bien garder à l'esprit que notre souhait est de défendre les intérêts de la profession et de leur donner plus de poids. Avec la création prochaine des FRT (Fédération Régionale du Tourisme) que l'on attend depuis 2001 d'ailleurs, nous nous devons d'être représentés dans l'ensemble des villes où l'activité est significative, afin de pouvoir peser dans les décisions au niveau régional également», explique Khalid Kabbaj. Ainsi, à Rabat, l'association a vu le jour fin 2007 ; celle d'Agadir suivra très prochainement. Quant à Marrakech et Tanger, elles disposent déjà de leur association respective, seulement, l'ALASCAM compte procéder à leur dynamisation. Un programme d'action qui se mettra en place dès le mois de mars. Mais le but ultime recherché par cette «réorganisation» de l'ALASCAM, en essayant de coller au modèle de la FNT, est bien de faire passer des requêtes qui remontent aux calendes grecques. «Vous savez, il est plus simple de faire passer nos revendications par le biais de la FNT que de nous adresser à notre ministère de tutelle, celui de l'Equipement et du Transport, puisque aujourd'hui, le tourisme est devenu une priorité nationale», avoue un autre opérateur . Et les revendications sont nombreuses, car le dahir qui régit le secteur date de 1970. Il est donc complètement dépassé, et omet de nombreuses évolutions que connaît le secteur de la location automobile. Exemple. «Aujourd'hui, nous adressons quotidiennement des demandes d'autorisation pour l'exploitation de nos véhicules car celles-ci, de par la loi, sont renouvelables chaque année. Or la plupart d'entre nous utilisent des véhicules neufs, qui ne nécessitent pas un renouvellement annuel. Le passer à trois ou cinq ans permettrait de désencombrer nos services, et ceux du ministère par la même occasion», propose Khalid Kabbaj. Autre exemple, anecdotique celui-ci, mais ô combien important pour les opérateurs: lors de la décision de la mise en place des radars automatiques, le cas des sociétés de location de voitures n'a pas été pris en compte, puisque la société ne peut en aucun cas endosser la responsabilité de l'excès de vitesse. L'ALASCAM est donc au pas de charge pour défendre les intérêts du secteur. Cette stratégie sera peut-être même payante, et permettra de balayer toutes les réticences au sujet des cotisations, car le jeu «peut en valoir» la chandelle.