revue de presse de ce mercredi 23 juillet 2025    La Chambre des conseillers clôture la session d'avril de l'année législative 2024-2025    Mémoire : Sur les traces des héros du Baddou [INTEGRAL]    HD Hyundai veut construire un chantier naval géant à Casablanca    Retraites : accord-cadre entre la CMR et l'Etat pour la période 2025–2027    Banques cotées : la rentabilité redécolle, les marchés suivent    BLS rachète La Voie Express et crée un géant national de la logistique    Horizon 2030 : entre capital fixe et capital humain, le spectre d'une fracture [Par Anas Abdoun]    La Bourse de Casablanca ouvre dans le vert    Provinces de Berrechid et Benslimane : Programmation de deux pôles intégrés de développement sur plus de 7.000 Ha    Passeports algériens : l'escalade d'un différend révélateur des impasses d'Alger    Après 5 ans de suspension, l'Inde reprend la délivrance de visas touristiques aux citoyens chinois    CAN féminine : Vilda félicite ses joueuses et se tourne vers la finale    Feyenoord prêt à battre son record de transfert pour Hamza Igamane    1⁄2 Finale Euro (f) Suisse 2025 : Une Angleterre insubmersible renverse l'Italie au bout du suspense    Ouled Frej: Coup d'envoi à la deuxième édition du Festival du Figuier    Botola D1 : Berkane en fête ce mercredi pour recevoir le trophée du sacre    A Sidi Bennour, l'Art Mural comme manifeste silencieux    Le Maroc à l'heure d'une nouvelle presse : la réforme du Conseil national adoptée par les députés    Wall Street en alerte : les géants de la tech face au test des résultats trimestriels    Bourse de Casablanca : Top des actions les plus performantes en juillet 2025    CAN 2024 féminine : Le Maroc se qualifie pour une deuxième finale consécutive    Les prévisions du mercredi 23 juillet    Le Parlement adopte la réforme du Conseil national de la presse    Démission de la directrice d'un centre scientifique de la NASA    Etats-Unis : HRW dénonce des conditions «déshumanisantes» de détention de migrants    Iran-USA : Menace d'une nouvelle attaque des installations nucléaires iraniennes    Les députés adoptent en deuxième lecture le projet de Code de procédure pénale    Sahara marocain : Le Portugal affirme son plein soutien à l'initiative marocaine d'autonomie    Conseil national de la presse. La réorganisation avance bien    «We won't criticize him publicly», says Polisario after Zuma's Morocco visit and Sahara support    Canadian nationals arrested at Casablanca airport with 134 kg of marijuana    Sahel: Malí da por terminada la era de los acuerdos de Argel    Après la visite de Zuma au Maroc, l'Afrique du sud organise un forum de soutien au Polisario    Région de Guelmim-Oued Noun : adoption de deux conventions en matière d'eau potable et de gestion des déchets ménagers    Langue amazighe: Signature de trois conventions entre le SGG, l'IRCAM et le département de la Transition numérique    Les propos de Cafu sur Hakimi    CAN féminine : le Nigeria bat l'Afrique du Sud et file en finale    Carte complète du Maroc dans une institution gouvernementale chinoise : un signal diplomatique fort qui renforce le partenariat stratégique entre Rabat et Pékin    L'ONDA inaugure un centre de tri automatisé à Casablanca pour soutenir l'essor du trafic aérien    Et Meknès, la plus délaissée parmi ses consœurs impériales, de tirer vanité de son parc d'attraction, l'unique au Maroc et en Afrique    Infrastructures hospitalières : lancement d'un programme de réhabilitation de 83 établissements et 8.700 lits    «Calle Malaga», le film de Maryam Touzani sélectionné à la Mostra de Venise et à Toronto    Maroc – Espagne : Grenade accueille une conférence sur la diplomatie culturelle    Al Hoceima: le Festival des Plages s'ouvre en fanfare    Prix des médicaments: Un accord trouvé entre gouvernement et syndicats    Cinéma : "Eddington", une Amérique à la dérive dans le huis clos d'une petite ville    Fehd Benchemsi et Hasba Groove électrisent les Doukkala : Quand les rythmes Gnaouis rencontrent le jazz et le funk au Mazagan Concerts    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La guerre russe en Ukraine. Un pas géant vers l'inconnu [Par Lahcen Haddad]
Publié dans Challenge le 25 - 02 - 2022

Dans son ouvrage « De la Guerre », l'officier prussien Carl Von Clausewitz (qui avait opéré contre Napoléon au début du dix-neuvième siècle) définit la guerre comme étant « un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté ». Le Président russe, Vladimir Poutine, voudrait, par son attaque contre l'Ukraine, contraindre celle-ci à demeurer, ou redevenir un rempart contre les velléités occidentales de vouloir étendre l'OTAN à l'Est de l'Europe, affaiblir la Russie et empêcher la renaissance de la grandeur russe tant chantée par le Président russe, une grandeur qui ferait un écho heureux du monde soviétique construit de toute pièce par Joseph Staline et de l'empire russe nourri et défendu par tous les Csars depuis Pierre Premier (1721) jusqu' à la fin du règne des Romanov en 1917.
Le même Clausewitz est derrière le fameux dicton « La guerre n'est qu'un prolongement de la politique par d'autres moyens ». La politique que veut imposer le Président Poutine à l'Occident et à l'Ukraine est un engagement écrit de ne pas étendre les forces de l'OTAN jusqu'aux frontières russes, ce qui constituerait à ses yeux une menace directe à un nouvel ordre d'une Russie entourée de pays satellites ou au moins neutres et non nuisibles aux desseins géostratégiques de Moscou. Néanmoins, en déclenchant une Blitzkrieg contre l'Ukraine, l'objectif politique que le Président Poutine voudrait atteindre n'est pas clair.
Il n'est pas clair non plus quel genre de guerre le Président Poutine compte mener contre les Ukrainiens. Une guerre totale pour déloger le gouvernement actuel de Volodymyr Zelensky (qualifié de pro-Nazi par Poutine en référence à l'aide apportée par certains antirusses ukrainiens à l'Allemagne nazie quand elle avait attaqué l'URSS à partir de juin 1941) et mettre un gouvernement pro-russe à sa place ? Option coûteuse en vies humaines et en financement de l'effort de guerre, surtout si les milices s'organisent autour et à l'intérieur de Kiev et mènent une guérilla urbaine, aidée par les occidentaux, contre l'armée russe.
Lire aussi | Guerre en Ukraine : les prix des matières premières explosent et les bourses chutent. Quid du Maroc?
L'autre option est de choisir une démarche tactique qui consiste à mener des attaques ciblées et négocier suite à ces attaques : la pression des canons pour donner un appui sur le terrain aux négociateurs. Le Ministre des Affaires Etrangères russe, Sergei Lavrov, a dit que la Russie est toujours ouverte au dialogue même après l'attaque russe (« Russia Always Prepared for Dialogue that Should Bring Justice, UN Charter Principles-Lavrov » Interfax Feb 24, 2022). Mais rien ne garantit que les occidentaux seraient prêts à négocier sous le son des tirs de canons.
La troisième option serait de « punir », affaiblir et sortir pour mieux négocier. Le danger que représente cette option est le spectre d'une guerre civile entre les russophiles et les russophobes ukrainiens, dont les attitudes deviendraient exacerbées par la destruction, les passions et les démons de la haine qui vont avec. Du côté occidental, la gestion du dossier ukrainien n'a pas été brillante non plus. Est-ce que les occidentaux avaient promis à Gorbatchev en 1990 de ne pas étendre les forces de l'OTAN vers l'Est de l'Europe même après l'unification allemande, et après ils sont revenus sur leur promesse (en acceptant les républiques baltiques, la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie sous le parapluie de la défense commune transatlantique) ?
Les évènements de 2004-2005 (la révolution orange) qui ont ramené le pro-occidental Viktor Iouchtchenkou (2005-2010) au pouvoir et de 2013-2014 qui ont entrainé la fuite du pro-russe Viktor Ianoukovitch (2010-2014) vers la Russie, étaient-ils orchestrés par les Américains et les occidentaux en parfaite ignorance de la sensibilité russe par rapport à l'Ukraine ? Le sens de l'humiliation ressenti par la Russie et les populations russophones de l'Ukraine a été derrière la politique agressive de Poutine en faveur de l'annexion illégale de la Crimée et le soutien aux séparatistes du Donbass (en violation de l'accord de Minsk de 2014, un accord qui n'est pas respecté non plus par l'Ukraine).
Lire aussi | Maroc. L'état d'urgence sanitaire est prolongé
Etait-il possible de trouver un juste milieu entre les desseins géostratégiques de Moscou et la tendance pro-occidentale de Kiev (contestée, certes, par les russophones ukrainiens), une solution qui garderait une certaine autonomie à Kiev qui ne dérangerait pas la Russie ? Une « neutralité négative » (ni la Russie, ni l'OTAN) qui ne ramènerait pas les missiles de l'OTAN à proximité des frontières russes ? L'Occident ne voulait pas céder au chantage du Président Poutine, mais entre le chantage et une guerre meurtrière et coûteuse pour tout le monde et surtout pour les civils ukrainiens, le choix devrait être normalement clair.
Le Président Poutine a mal calculé : en voulant garder les forces de l'OTAN loin des frontières russes, il a précipité la « réunification » des occidentaux autour des Etats Unis et a redonné un rôle, et un nouveau souffle à un OTAN qui avait été mal mené par Donald Trump, Recep Tayyip Erdogan et d'autres. D'autres parts, en ne cherchant pas à comprendre les Russes, les occidentaux les ont poussés dans les bras des Chinois, mettant ainsi fin au divorce entre les deux entrainé par Den Xiao Ping depuis les années soixante-dix du vingtième siècle. Un divorce qui avait toujours servi les intérêts de l'Occident qui ne voulait pas voir l'Empire du Milieu s'allier à ce que Ping appelait l'ours polaire (la Russie).
En plus de la destruction, des malheurs des civils ukrainiens, de la très possible crise humanitaire des réfugiés de la guerre, des haines ethniques qu'elle va entrainer, la guerre, à son premier jour, a poussé le prix du pétrole au-delà de 100 dollars le baril et a fait exploser le prix du blé et des denrées alimentaires de base. L'effet de domino de cette inflation galopante va se sentir très bientôt sur les finances publiques des pays du sud, comme le Maroc, qui seraient obligés d'intervenir pour soutenir les ménages face à la flambée des prix.
Lire aussi | Impôt. Le suivi des réclamations désormais possible via l'application Daribati [DGI]
En conclusion, il est ironique que les pays forts, membres du Conseil de Sécurité, disposant d'un droit de veto et de l'arme nucléaire, et censés maintenir la paix mondiale et contrôler les velléités militaires des « petits », deviennent eux-mêmes les fauteurs de trouble. Hier c'était l'attaque américaine contre l'Irak, aujourd'hui celle de la Russie contre l'Ukraine. Demain la Chine contre Taiwan ? La Chine n'a pas condamné l'attaque russe et a refusé de l'appeler « une invasion » appelant les « parties à exercer la retenue et favoriser le dialogue » et la négociation (« Biden Takes Veiled Swipe at China Condemning Russia Backers on Ukraine », Reuters, 25 Février 2022). C'est un nouvel ordre mondial bizarre quand les grands se permettent ce qu'ils sont censés prévenir en étant membres du club des grands.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.