Certes, les régimes de retraite ont montré des signes d'amélioration suite aux dernières augmentations salariales, mais cela ne peut suffire pour occulter les déséquilibres structurels qui les gangrènent depuis des lustres. C'est ce qu'atteste le rapport annuel sur la stabilité financière au Maroc. Un énième appel du pied pour que tout le monde se mette autour d'une table pour rechercher de véritables solutions. « Malgré l'amélioration temporaire de certains indicateurs financiers à la suite de l'application de la première tranche des augmentations salariales issues du dialogue social du 29 avril 2024, les régimes de retraite de base continuent d'enregistrer des déséquilibres structurels », souligne le rapport publié par Bank Al-Maghrib (BAM), l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) et l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC). Pour les régimes du secteur public (CMR-RPC et RCAR-RG), la revalorisation des salaires a permis d'améliorer les cotisations ce qui a atténué partiellement les déficits, relève la même source, notant que la viabilité à long terme de ces régimes n'a pas connu d'amélioration significative. Au niveau de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la branche long terme maintient un solde global positif, porté par une dynamique démographique favorable du secteur privé. Lire aussi | Le Chef du gouvernement préside une réunion de la Commission nationale chargée du suivi du dossier des retraites Toutefois, la sous-tarification des droits au sein de ce régime et l'assouplissement des conditions d'accès à la pension ou de restitution des cotisations fragilisent ses équilibres à long terme. Dans ce contexte, il devient de plus en plus indispensable de procéder à la réforme du secteur, recommande le rapport, estimant qu'une tarification équilibrée des régimes devrait être instaurée au terme de cette réforme permettant de résorber une grande partie des engagements non couverts des régimes et d'assurer leur soutenabilité à long terme. Les réserves du régime des pensions civiles (CMR-RPC) se sont situées à 57,4 milliards de dirhams enregistrant une baisse de 7,1% par rapport à 2023 et une régression de 6,4% en moyenne annuelle sur les cinq dernières années. Les déficits techniques cumulés du régime depuis l'enregistrement de son premier déficit technique en 2014 ont atteint un montant de 60,3 milliards de dirhams, dont 35,3 milliards sur les cinq dernières années. Lire aussi | Afrique: Nadia Fettah plaide pour des systèmes de retraite résilients et solidaires Grâce aux hausses de salaire, les cotisations ont enregistré une hausse significative de 10,6% pour se situer à 31,9 milliards de dirhams contre 28,9 milliards en 2023. Cette progression résulte principalement de l'application, à compter de juillet 2024, de la première tranche d'augmentation des salaires convenue dans le cadre du dialogue social. Cette dynamique devrait se maintenir au cours des exercices 2025 et 2026, portée par la mise en œuvre de la seconde tranche de cette revalorisation salariale prévue à partir de juillet 2025, précise le document. De la même manière, le régime RCAR-RG a enregistré une progression notable de ses cotisations en hausse de 6,9% (contre 2,2% une année auparavant) pour atteindre 3,5 milliards de dirhams. Cette évolution s'explique également par l'apport des revalorisations salariales issues du dialogue social. Les prestations ont, quant à elles, suivi une trajectoire similaire, progressant de 5,4% pour s'établir à 8,1 milliards de dirhams. Le déficit technique du régime s'est ainsi légèrement aggravé, passant de 4,4 milliards à 4,5 milliards de dirhams. Toutefois, grâce à la bonne performance financière de 5,9 milliards de dirhams, le solde global du régime est devenu excédentaire à 1,2 milliards de dirhams contre un déficit de 317 millions de dirhams en 2023. Lire aussi | Retraite. Les régimes de retraite à la croisée des chemins La branche long terme de la CNSS a enregistré en 2024 un excédent global de 4 milliards de dirhams, en hausse de 273 millions par rapport à l'année précédente. Cette évolution s'explique principalement par la progression des cotisations collectées qui ont atteint 19,3 milliards de dirhams, en hausse de 6,7% par rapport à 2023. Les prestations, quant à elles, se sont élevées à 16,9 milliards de dirhams, en progression de 6,3%, ce qui situe le solde technique à 2,4 milliards de dirhams. S'agissant de la CIMR, le régime a enregistré une hausse des cotisations de 8,8%, s'élevant à 12 milliards de dirhams. Les prestations ont progressé de manière plus modérée (+3,5%), pour atteindre 7 milliards de dirhams. Cette dynamique a permis une amélioration de l'excédent technique, qui passe de 4,3 à 5 milliards de dirhams. Avec un solde financier de 4,1 milliards de dirhams, le solde global du régime s'établit à 8,2 milliards de dirhams en progression de 4,9% par rapport à son niveau en 2023. Selon les évaluations actuarielles, cet excédent devrait se maintenir sur l'horizon des projections, permettant ainsi aux réserves de poursuivre leur tendance haussière.