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Environnement : Le parent pauvre du gouvernement
Publié dans Challenge le 02 - 05 - 2009

L'environnement n'est pas encore un sujet qui emballe grand monde. Même au sein des gouvernements qui se sont succédés, les avancées en la matière ont été timides. Que reste-t-il à faire?
Le coût de la dégradation de l'environnement (déforestation, gaspillage de l'eau…) est évalué à près de 13 milliards de DH annuellement. Cet argent, s'il avait été économisé, aurait servi à financer des projets d'infrastructures de base, des réformes cruciales… Mais on n'en est pas là. L'environnement ne semble pas encore être le souci des équipes gouvernementales qui se succèdent. Ce n'est pas un dossier pris trop au sérieux. Preuve en est les avancées timides qui s'opèrent depuis plusieurs années. Est-ce suffisant ? Les changements qui se produisent à l'international pourraient faire modifier les «tactiques» de nos ministres. Les Américains, qui n'étaient pas trop portés sur l'environnement, commencent, avec l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, à davantage s'y intéresser. Pourquoi pas nous ? Un forum mondial est d'ailleurs prévu dans les semaines à venir pour discuter des préparatifs du prochain grand Forum sur le changement climatique qui se tiendra cette année à Copenhague. Et comme le Maroc «calque» souvent des textes et des lois appliqués à l'international, il pourrait alors s'y mettre lui aussi. Peut-être pas aveuglément, car nous avons un contexte bien à nous. C'est ce qui fait dire à Hakima El Haité, directrice générale d'Eau Globe, un cabinet spécialisé dans l'environnement, l'aménagement et l'urbanisme, que nous ne sommes pas obligés de faire comme les autres pays, mais de plutôt tenir compte de leurs erreurs pour ne pas les commettre à notre tour. «L'environnement, qui est un pôle de développement générateur de richesses, n'est pas un phénomène de mode ou un luxe. C'est une nécessité. Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller les ressources», ajoute-t-elle. Nous risquons d'en payer les frais, tôt ou tard. Pour l'eau seulement, le Maroc a perdu l'an dernier quelque chose comme 13 milliards de m3, soit plus de la moitié du potentiel annuel en eau renouvelable du pays et l'équivalent de ce qui est stocké actuellement dans l'ensemble des grands barrages. Un constat qui hérisse les poils. Le Maroc a donc besoin de plus de visibilité, d'une vision bien claire qui fasse adhérer l'ensemble des départements ministériels (puisqu'ils sont concernés eux aussi lorsqu'ils réalisent de grands travaux). «Nous avons besoin d'un tableau de bord environnemental qui trace des lignes bien claires», suggère El Haité.
Produire le plus propre
possible
Même si, à l'image des pays développés, le Maroc ne reçoit pas de flux importants de pollution, son environnement est fragilisé. Des failles sont encore ouvertes. Par exemple, au niveau de la pollution industrielle, l'on ignore encore quelles sociétés polluent le plus ou le moins. A ce sujet, Saïd Mouline, Monsieur environnement, précise. « Il faut d'abord savoir que la production propre n'existe pas. On a tendance à pointer du doigt de grandes entreprises qui brûlent trop d'énergie comme les cimentiers, les raffineurs… Ce sont des activités nécessaires à l'économie. La question est plutôt de savoir comment elles polluent moins et propre. Pour en juger, il faut les comparer à leur secteur, il faut voir comment elles produisent en gaspillant le moins… ». Voilà qui est plus clair. Quoi qu'il en soit, les contrôleurs doivent quand même avoir des références pour juger des niveaux à ne pas dépasser. Jamais au Maroc une entreprise n'a été inquiétée. Et pour cause, la loi des « pollueurs/payeurs » n'est pas appliquée, puisque ses décrets d'application ne sont pas publiés. Et quand bien même ce serait le cas, « cela n'empêche pas de grands groupes (NDLR : comme la Samir, l'OCP, les cimentiers…) de réaliser de gros investissements dans le souci de produire le plus proprement possible et de gaspiller le moins d'énergie possible», dixit Mouline. Comme elles, plusieurs sociétés, mêmes celles qui exportent (du fait des contraintes imposées par leurs clients), ont pris conscience de l'enjeu. Celles-là sont assez sensibilisées à la problématique en question. D'autres continuent par contre à fermer les yeux, arguant qu'elles s'y mettront lorsque les lois les y obligeront. « L'environnement et l'efficacité énergétique sont une carte à jouer sur certaines niches. Si rien n'est fait, cela coûtera plus cher demain », reconnaît Mouline.
Une niche : traitement
des eaux usées
Au sujet des eaux usées et de leur traitement, des efforts ont été fournis avec de bonnes intentions déclarées chez les uns et les autres… Mais dans quelles conditions ? Hakima El Haité cite l'exemple de villes comme Rabat ou Casablanca, où le rejet des eaux s'effectue encore en mer via un émissaire. Pourtant, à Rabat, le contrat du gestionnaire permettrait le retraitement de ces eaux pour les utiliser à des fins d'arrosage dans les espaces publics par exemple. « C'est du gâchis », lance-t-elle, « alors qu'on aurait pu économiser beaucoup d'eau». A Casablanca par contre, le contrat avec le gestionnaire ne spécifie pas si les eaux usées doivent être jetées à la mer ou retraitées. Et même s'il tel était le cas (retraitement), des problèmes se poseraient au niveau de leur traitement, étant donné que les déchets industriels seraient mélangés aux domestiques. « Le traitement devient plus difficile, d'autant que des risques de contamination peuvent se révéler », explique Hakima El Haité. Cette pratique devrait cependant se développer dans les années à venir. D'ailleurs, Abdelkébir Zahoud, le Secrétaire d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement a prévu, dans le cadre de sa nouvelle stratégie, de porter le traitement et la réutilisation des eaux usées, notamment dans l'arrosage des terrains de golf et des espaces verts, à un haut niveau. Il sera possible de réutiliser près de 300.000 m3 par an. Au passage, cette politique devra aussi reposer, entre autres, sur le captage des pluies et le transfert de l'eau des zones du Nord vers celles du Sud (économie d'environ 2,5 milliards de m3 à l'horizon 2030), sur le développement du goutte-à-goutte dans l'agriculture… Dans le domaine de l'élimination des déchets solides, « nous avons accusé du retard », convient la directrice générale d'Eau-Globe. « Sous prétexte du manque de moyens pour leur valorisation, nous construisons des décharges contrôlées alors qu'ailleurs, en Europe par exemple, l'on se rend compte que ce n'est pas forcément la meilleure solution pour une gestion durable », explique-t-elle. Par ailleurs, et au niveau de la protection des ressources en eau, la politique des barrages a été d'un grand secours au pays. Mais elle n'a pas été des plus exemplaires. Des mesures d'accompagnement ont manqué, entre autres, pour aménager des bassins versants servant à protéger les barrages des envasements. Quant aux Agences de bassins chargées de la planification de l'eau, de sa protection, et de l'allocation des ressources, elles n'ont, de l'avis de Haité, pas joué le rôle de lutte contre la pollution. « Faute de moyens, elles se retrouvent handicapées », argue la directrice. Ce constat a poussé au réveil de responsables. Il n'est plus question de perdre du temps. Les notions de développement durable (et sa composante environnementale), d'efficacité énergétique…, sonnent de mieux en mieux à l'oreille de beaucoup de gens. Des campagnes de sensibilisation sont (et seront) lancées et des mesures d'accompagnement introduites. En ce qui concerne les entreprises, chaque catégorie (PME ou grands établissements) aura sa propre approche. On accordera par exemple plus d'attention aux plus petites, dans la mesure où plusieurs d'entre elles ne savent pas si elles polluent ou pas. Chaque secteur disposera aussi de sa propre méthode d'accompagnement. Mais pour concevoir et réaliser tous ces chantiers, des normes, des lois et des règles doivent être mises en place. « Tout changement entraîne un refus, mais c'est un apprentissage », conclut Haité. Les différentes actions doivent être accompagnées de contrôle. Sans lui, elles n'auront pas de sens.
Repères
Le rêve est permis
Si Hakima El Haité, directeur général d'Eau Globe, devait avoir une baguette magique pour opérer des changements, si elle devait rêver à un environnement meilleur, elle dissocierait d'abord le Secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement du ministère de l'Energie et des Mines pour le rendre majeur et lui donner les moyens de mettre en place des normes. «Aucune stratégie ne peut fonctionner sans règles claires», soutient-elle. Le deuxième volet porterait sur la clarification de la politique de développement de certaines régions en leur donnant les outils nécessaires. «Chaque région ayant ses propres spécificités, il est important d'accorder à chacune une politique spécifique claire. Il faut penser local et régional. C'est d'une politique de développement durable qui comprend une composante environnementale qu'il s'agit ». La troisième action consisterait à instaurer une loi relative à la gestion des déchets hospitaliers. La quatrième porterait sur l'interdiction de la construction de décharges contrôlées. Quant à la cinquième mesure, elle concernerait la révision des process de production industrielle.
Des incitations pour produire propre
Les pouvoirs publics sont en train de réfléchir à de nouvelles pistes pour encourager les usagers (particuliers et entreprises) à gaspiller moins d'énergie. C'est dans ce cadre qu'ils veulent donner une nouvelle impulsion aux énergies renouvelables notamment. Dans ce sens, le Centre des énergies renouvelables, après publication des textes, devra être transformé en une Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique dont le rôle sera axé sur la sensibilisation, l'accompagnement et la réglementation. Elle devrait se pencher sur plusieurs secteurs, mais prioritairement sur l'industrie, l'habitat, le transport et l'agriculture. L'Etat pourrait inciter les entreprises « récalcitrantes » à gaspiller moins d'énergie en leur facilitant l'accès aux ressources financières par exemple.


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