Quand il intègre le groupe fondé par son père Haj Ahmed Jamaï, le défunt roi Hassan II lance le programme du logement économique. Une aubaine pour le groupe qui refond de fond en comble son organisation afin de mieux s'adapter aux mutations du secteur. Né dans une famille rompue au monde des affaires, Rachid Jamaï a tenu à s'affirmer en dehors du cercle familial avant d'y entrer par la grande porte. Diplômé en génie civil à l'école Hassania des ingénieurs, il complète sa formation académique par une spécialisation en géo-technique et un DEA de l'école des Mines. Sa passion pour les études ne s'arrête pas là. D'ailleurs, même quand il décide de travailler, il choisit un poste qui lui permet de garder un lien étroit avec le monde des connaissances : chercheur au laboratoire public d'essais et d'études, puis enseignant à l'école Hassania. En parallèle à sa fonction de professeur d'ouvrages spéciaux, il se lance dans l'entreprenariat en créant un bureau d'études spécialisé dans les ouvrages hydrauliques. Il prend goût à l'entreprise et en lance une autre spécialisée en génie civil appliqué. Cela arrive au début des années 90, date à laquelle les premières réflexions sur le programme du logement social commencent à émerger. «Vu les nouveaux besoins du marché en matière de logement, j'ai vite compris qu'il fallait se préparer sérieusement à la nouvelle donne», lance Rachid Jamaï. En 1994, le roi défunt Hassan II annonce à Skhirate le lancement du programme 100.000 logements. Anassi était le premier groupe privé à y avoir participé. Aujourd'hui, il a à son actif plus de 30.000 unités », s'en targue-t-il. Le volume du travail grossit, les commandes foisonnent de partout indiquant une nouvelle voie à la famille Jamaï. « Le groupe familial disposait de plusieurs entreprises spécialisées en grande partie dans les métiers liés à l'immobilier. Nous avons pris la décision de les intégrer pour minimiser la dépendance vis-à-vis des fournisseurs externes et nous procurer en grands volumes les matières premières dans les délais », explique-t-il. Et d'ajouter, « Nos partenaires n'étaient pas outillés pour répondre à des commandes à grandes échelles. Il fallait donc qu'on réagisse en trouvant une solution en interne ». Visionnaire, Rachid Jamaï ne s'est pas cantonné dans la promotion immobilière, mais a voulu être présent à tous les niveaux de la chaîne, de la carrière au produit fini. Pour défendre ses intérêts et ceux de toute une profession, il travaille la main dans la main avec Mbarki, ministre de l'Habitat sous le mandat Youssoufi, et crée la Fédération des Promoteurs Immobiliers dont il a assuré la présidence durant deux mandats. «Cela a permis à notre corporation de faire partie de la CGEM», raconte-t-il. Son implication dans l'associatif professionnel ne s'est pas limitée au plan national puisqu'il a fait partie de plusieurs commissions mixtes et est parti plusieurs fois vendre le Maroc à l'international. Mais sa grande bataille reste celle de s'imposer localement. Ayant fait ses preuves à Casablanca, il s'est développé dans d'autres régions notamment à Marrakech où il a réalisé plus de 13.000 logements et 500 villas économiques dans le cadre d'un partenariat public-privé et à Tanger où il compte finaliser 7.500 logements de standing similaire. Ayant atteint sa maturité, le groupe pense aujourd'hui à se développer autrement à travers le développement de son management et des instruments financiers desquels il se sert. «Beaucoup d'opérateurs étrangers nous courtisent, mais nous ne faisions le pas que si on trouve un partenaire stratégique capable de nous apporter un plus en matière de savoir faire tout azimut», conclut-il.