Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) représente l'un des piliers de la croissance économique de notre pays. Le point avec Larbi Bencheikh, Directeur général de l'OFPPT, sur la formation des compétences destinées au secteur du BTP. -Finances News Hebdo : Quelles sont les filières mises en place pour former des spécialistes du BTP au sein de l'OFPPT ? -Larbi Bencheikh : Vous n'êtes pas sans savoir que l'OFPPT accorde une attention particulière au secteur du BTP, au vu de son importance et de son poids dans l'économie nationale et eu égard aux besoins en ressources humaines générés par les grands chantiers. L'année 2008-2009 a connu le doublement des effectifs des stagiaires. Ainsi, la part du secteur dans le dispositif global de l'OFPPT est passée de 10% à près de 20%. Actuellement, l'offre de formation dédiée au BTP s'appuie sur un réseau de 150 établissements, dont 18 EFP sectoriels ou à dominance BTP, ayant une capacité d'accueil de 47.600 stagiaires. Ce dispositif est complété par un réseau de plusieurs Unités Mobiles de Formation aux métiers du bâtiment qui interviennent au niveau des localités éloignées et à proximité des chantiers de BTP. 22 formations initiales sont ainsi assurées dans les métiers telles que conducteur des travaux, géomètre-topographe, gros oeuvres, patrimoine design, chef de chantier TP pour le niveau technicien spécialisé, réhabilitation du bâtiment traditionnel, taille de pierres, dessinateur de bâtiment, peintre-décorateur en bâtiment ou techniques de bois pour le niveau technicien... L'OFPPT offre également 25 formations qualifiantes telles que chef d'équipe barrage, chef d'équipe forage et injection, concepteur décorateur-fleuriste, métreur, électricité de bâtiment, la menuiserie dans toutes ses variantes… Ce mode représente actuellement 47% de l'offre, avec plus de 22.000 personnes concernées. A mon sens, ce mode constitue un moyen efficace de répondre de façon rapide et précise aux besoins prioritaires. Nous travaillons également sur la mise en place de formation pour adultes au profit de personnes sans emploi, afin de pallier le manque d'attractivité du secteur pour les jeunes et de lutter contre l'informel par la qualification des salariés. De plus, j'aimerais signaler que l'OFPPT a initié, par anticipation, le réajustement de son offre de formation, en fonction des résultats de l'Etude de définition des besoins en ressources humaines dans le secteur du BTP, lancée conjointement par l'OFPPT, la FNBTP et les ministères concernés, pour déterminer les profils à former par région et par métier. Cette étude permettra à l'ensemble des opérateurs de formation dans le secteur d'arrêter un plan d'action pour le développement de l'offre de formation dans les métiers du BTP et qui a été quantifiée à 173.000 personnes à l'horizon 2012, tous corps confondus (cadres supérieurs, ingénieurs, cadres, techniciens, ouvriers qualifiés et ouvriers spécialisés…). -F.N.H. : Les profils formés correspondent-ils aux besoins du marché ? -L. B. : L'adéquation formation/emploi est une des priorités pour l'OFPPT. Elle est constamment recherchée à travers la mise en œuvre d'un certain nombre d'outils pour l'adaptation permanente de l'offre à la demande, notamment la réingénierie en continu des cursus, la mise en place d'un centre de développement des compétences – BTP pour assurer la veille technologique, l'ingénierie des filières, le perfectionnement des formateurs, l'assistance technique des établissements… Cette adéquation formation/emploi est également recherchée à travers l'implication des professionnels dans le processus de formation. Ainsi, et à l'instar d'autres secteurs, la FNBTP participe aux différents organes de gouvernance de l'OFPPT. Elle est également associée à la gestion des établissements sectoriels. C'est pour ces raisons que le secteur du BTP enregistre l'un des taux d'insertion les plus élevés, soit plus de 77,5%. Il y a même des métiers des travaux publics ou du bâtiment tels que chef de chantier, conducteur de travaux gros œuvres,... qui peuvent se prévaloir d'un taux important oscillant entre 90 et 100%. J'aimerais ajouter que cette recherche d'adéquation sera poursuivie dans le plan de développement de l'OFPPT à l'horizon 2016, en conformité avec les préconisations du?contrat-programme?Etat/FNBTP?; l'OFPPT prévoit la formation annuellement de 40.000 ouvriers et techniciens dans des instituts de dernière génération. Ainsi, en plus de l'ISTA BTP Errahma/Casablanca, créé en partenariat avec la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, et qui accueille en 2010/2011 un millier de stagiaires, le dispositif de l'OFPPT sera renforcé par la mise en place de nouveaux établissements : • école de formation aux métiers du bâtiment et des travaux publics de Settat : initiée en partenariat avec la FNBTP, pour une capacité d'un millier de jeunes par an ; elle aura nécessité un investissement de 200 millions de dirhams ; • ISTA BTP Errachidia qui formera 1.500 stagiaires annuellement ; • ISTA route Aéroport-Tétouan qui sera réaménagé et accueillera 500 stagiaires /an. Ceci sans oublier l'Institut des matériaux de construction, lancé en partenariat avec la Fédération des matériaux de construction. -F.N.H. : Justement, une convention a été signée entre la FMC et l'OFPPT. Quel bilan dressez-vous de cette convention? -L. B. : Effectivement, l'un des points forts de la convention-cadre signée avec la FMC, le 12 mars 2009, a été la création de l'Institut spécialisé des matériaux de construction (ISMC)- Tamesna, qui s'étend sur une superficie de 15.000 m2, pour un investissement global de 40 millions de dirhams. Une ingénierie sera mobilisée pour la définition des programmes, le recrutement et la formation des formateurs et l'appui à la définition des équipements nécessaires. Les travaux de constructions vont démarrer incessamment. La FMC est, bien sûr, impliquée non seulement dans le suivi technique du projet, mais également dans la gestion à travers la présidence du Comité de gestion de l'établissement. -F.N.H. : Quelles sont à votre avis les dispositions à prendre pour valoriser davantage la main-d'œuvre de ce secteur ? -L. B. : Effectivement, les métiers du BTP souffrent d'une image négative, surtout auprès des jeunes citadins. Malgré l'importance de la capacité d'accueil mobilisée, certaines formations ne drainent pas suffisamment de candidats, notamment dans les filières du bâtiment, à cause de cette dévalorisation. Nous travaillons avec la FNBTP pour améliorer l'image du secteur, auprès des jeunes en le présentant comme un secteur à fort potentiel d'évolution de carrière et qui offre de nombreuses opportunités d'emploi. C'est également l'un des objectifs de l'étude RH que j'ai citée auparavant. Il y a également les efforts déployés pour la valorisation du secteur par la redynamisation de la formation continue et la généralisation de la «Validation des acquis de l'expérience» aux salariés du secteur, afin d'en rehausser le niveau et de lutter contre l'informel qui représente l'un de ses principaux maux. Dossier réalisé par L. Boumahrou et W.Mellouk
