■ L'Afrique attire les regards et l'intérêt croissant des investisseurs potentiels. ■ A travers les échanges, une relation de confiance s'est établie entre le Maroc et l'Afrique. ■ Le prochain gouvernement aura, compte tenu du contexte, la possibilité d'aller beaucoup plus vite dans la mise en place des réformes nécessaires pour le marché financier. ■ Explications de Salaheddine Mezouar, ministre des Finances. ✔ Finances News Hebdo : Qu'est-ce que l'ASEA pourrait apporter aux Bourses africaines, en général, et au Maroc en particulier ? ✔ Salaheddine Mezouar : Ce qui est important aujourd'hui, c'est que les Bourses africaines se retrouvent et avancent pour créer des synergies. Il est devenu nécessaire de comprendre que les Bourses africaines ont un rôle fondamental dans la restructuration et la captation des flux d'investissement. L'Afrique a une opportunité historique et il est de son devoir de la saisir. L'African Securities Exchanges Association (ASEA) représente un des cadres qui peut capter, mais aussi accompagner pour faire en sorte que les synergies se créent et que les Bourses africaines démontrent une capacité de captation des ressources qui rassurerait les investisseurs et leur donnerait envie de venir. Il existe beaucoup d'argent dans le monde qui doit être canalisé. En effet, l'argent a davantage la volonté de se diriger vers l'investissement. L'Afrique attire les regards et l'intérêt croissant des investisseurs potentiels, et je crois, qu'aujourd'hui, elle constitue une opportunité exceptionnelle pour faire en sorte que cette dynamique de bouleversements qui existe dans le monde soit captée. Le message que j'essaye de faire passer est qu'il y a une opportunité et qu'il faut travailler pour la saisir et, pour ce faire, nous déployons les moyens nécessaires en vue de créer les synergies entre les différentes Bourses africaines. ✔ F. N. H. : Quel avenir entrevoyez-vous pour l'Afrique et, à votre avis, combien cela va-t-il prendre de temps ? ✔ S. M. : A mon avis, l'Afrique a déjà démarré depuis 7 ans. Il n'y a qu'à voir les taux de croissance, les investissements directs étrangers qui ont été multipliés par deux. Le potentiel de l'Afrique est énorme et toutes les prévisions tablent sur un taux de croissance supérieur à 5% sur les dix prochaines années. D'ailleurs, l'Afrique va atteindre les 2,6 trillions de dollars de PIB, soit 1 Md de dollars de plus par rapport au rythme actuel. A titre d'illustration, c'est le PIB cumulé de la Russie et du Brésil aujourd'hui. Le continent africain a un potentiel en termes d'investissement et de croissance. Je pense que la dynamique qui va venir dépendra de la capacité des gouvernants à créer les conditions de captation, de sécurité et de clarification de l'environnement économique et politique. Par la suite, l'Afrique pourra aller vers des rythmes de croissance plus importants que ce qui est prévu. L'Afrique pourrait atteindre des taux de croissance moyenne de 7%. ✔ F. N. H. : Comment le Maroc peut-il jouer un rôle dans le développement du continent africain ? ✔ S. M. : Le Maroc peut jouer un rôle de relais. La position géographique du Maroc lui offre cet avantage. En créant Casa Finance City et en étant la troisième place africaine, l'ambition était d'utiliser le Maroc comme un hub régional et une référence à côté de celle de Johannesburg. Le pays a des relations avec l'Afrique, avec le Monde arabe et avec l'Europe, il a donc cette capacité de se positionner comme acteur de relais et c'est toute la stratégie qui est la nôtre aujourd'hui. Il suffit de voir les échanges qui existent entre les acteurs, qui devraient d'ailleurs se renforcer encore plus ; nous constatons qu'il y a une relation de confiance qui s'est établie. Tout cela démontre que le Maroc peut se positionner comme étant un acteur de référence, mais aussi un relais important pour la captation des ressources vers l'Afrique. ✔ F. N. H. : Selon vous, quelles démarches devrait entreprendre le prochain gouvernement afin de développer le marché financier marocain ? ✔ S. M. : Une grande reforme est entamée depuis 1993. Cette dernière s'est accélérée ces dix dernières années. Il y a de grands chantiers de réforme du système financier marocain qui devraient se poursuivre. Le prochain gouvernement aura, compte tenu de ce contexte, la possibilité d'aller certainement beaucoup plus vite parce qu'on a préparé l'essentiel des textes. Il devra, dès 2012, faire passer ces textes dans le circuit législatif et engager également les ouvertures nécessaires sur la dynamisation des marchés de capitaux. Sachant que l'aspect régulation sera bouclé, il y aura une nécessité d'aller vers une plus grande ouverture mais aussi une plus grande dynamisation des marchés des capitaux pour accompagner l'effort d'investissement. Il y a de gros investissements que le Maroc doit réaliser; il y a une nécessité de captation de ressources; il y a une nécessité également de faire jouer l'ensemble des acteurs, d'améliorer l'épargne…C'est autant de chantiers que le prochain gouvernement devra nécessairement prendre en charge et accompagner. ■ Dossier réalisé par W. M. & I. Ben