■ Des dossiers de projets d'investissements indiens relatifs notamment à l'industrie de la soie, au logement social, à l'exploration et l'exploitation des gisements de charbon, sont en cours d'étude par les départements ministériels concernés. ■ Pour le maroco-indien Pishu Tulsidas G. Ifergan, président de WUCCI, World United Chambers of Commerce and Industry, le Maroc a tous les atouts pour devenir une locomotive de développement du continent africain. ✔ Finances News Hebdo : Après un an de travail, où en êtes-vous de vos ambitions qui ont motivé la décision d'ouvrir un bureau de représentation africaine de WUCCI au Maroc ? ✔ Pishu Tulsidas G. Ifergan : Nous avons proposé plusieurs dossiers de grands projets intéressants au gouvernement actuel, susceptibles de créer plusieurs milliers, voire un million d'emplois au Maroc sur les cinq prochaines années. Si, bien évidemment, on s'y prend tôt et qu'on les concrétise. A titre illustratif, nous pouvons citer le dossier sur la production de la soie, partant de l'élevage des vers jusqu'à la production finale des fils de soie. A travers ce projet, nous voudrions d'une part faire du Maroc une plateforme aussi bien de production et de développement pour les besoins du pays que d'export pour l'Afrique, l'Inde, l'Europe, les USA et l'Amérique du Sud et, d'autre part ,parvenir à une réhabilitation du savoir-faire textile marocain lié à la soie aussi bien au niveau de l'industrie que de l'artisanat. Pour ce projet précisément, et pour d'autres pour lesquels nous avons des investisseurs prêts à se déployer avec la technologie et les finances, nous souhaitons avoir des facilités pour agir aisément et passer à l'étape de la concrétisation et, pourquoi, pas lancer à très court terme une unité pilote pour l'industrie de soie en particulier. En somme, nous aimerions dans le cadre de la coopération sud-sud faire du Maroc une plate-forme économique de l'Inde et d'autres pays asiatiques vers l'Afrique. ✔ F. N. H. : Un million d'emplois, n'est-ce pas un objectif ambitieux ? ✔ P. T. G. I. : Quand je dis un million, cela peut être plus car nous avons les idées, les moyens techniques et financiers ainsi que les projets et les investissements nécessaires pour concrétiser cet objectif à travers les projets proposés et d'autres moyennant des investissements multisectoriels que nous pouvons encourager dans différents domaines. Plusieurs multinationales indiennes ont déjà sollicité la WUCCI pour venir opérer au Maroc et, partant, en Afrique. Il s'agit de Bahrats Electronics, société spécialisée dans la fabrication des produits électroniques de pointe, de Hindustan Aeronotic et Hindustan Motors, de l'Indian Oil Corporation, du Groupe Sonalika qui est l'un des plus grands fabricants de tracteurs en Inde. D'autres groupes très importants souhaitent également venir s'installer au Maroc, pouquoi pas à Tanger Med ? pour se déployer en Afrique tels que Himalaya, Reliance, Bollywood, TVS, Jindal, Aditya Birla, Ashok Leyland, Wipro, Infosys, Larsen Toubro, Hal, Essar, Subadra Industries, Summeet, Ramachandra Hatcheries» et bien d'autres. ✔ F. N. H. : Quels sont les principaux secteurs ciblés ? ✔ P. T. G. I. : Nous visons des secteurs porteurs tels que les infrastructures, l'industrie automobile, les énergies renouvelables, l'électronique, la manutention, l'environnement, l'industrie pharmaceutique, les télécoms, les biotechnologies, l'agroalimentaire et l'offshoring. L'objectif de WUCCI est d'encourager, tous azimuts, entre les pays asiatiques, dont l'Inde en particulier, et le Maroc d'une part, mais aussi entre le Maroc, la région euro-méditerranéenne et l'Afrique, d'autre part, la promotion des échanges commerciaux, des services, des investissements ainsi que le montage de joint-ventures et de partenariats nécessaires au tissage de relations commerciales et industrielles durables, structurantes et fructueuses entre le Maroc et les différents pays où la WUCCI opère à travers ses membres. Tous les secteurs que j'ai cités sont intéressants et présentent des opportunités. Et le marché est là puisque nous considérons que le marché africain est estimé à un milliard de consommateurs sans compter les pays avec lesquels le Maroc est lié par des accords de libre-échange. Et puis, il y a un volet important : celui de la formation professionnelle et du transfert du savoir-faire technologique. Mais, pour y parvenir il faut vraiment activer les choses avant que l'onde de choc de la crise n'atteigne le Maroc. ✔ F. N. H. : Ça fait un peu plus d'un an que la chambre s'active au Maroc. Où en êtes-vous aujourd'hui ? ✔ P. T. G. I. : Effectivement, nous travaillons depuis un an à présenter les projets de partenariats commerciaux et industriels. Les dossiers ont été accueillis favorablement par les personnes que nous avons contactées tant au niveau public que privé. Le printemps arabe, les élections, le changement d'équipe gouvernementale, forcément cela se traduit par un peu de retard, mais nous insistons pour que le Maroc soit notre point de contact avec le marché africain. ✔ F. N. H. : En général, les relations entre pays passent par le biais de plusieurs institutions, qu'elles soient privées ou étatiques. Un pareil réseau existe-t-il entre le Maroc et l'Inde ? ✔ P. T. G. I. : Je crois que le Maroc a déjà jeté les ponts d'une relation Maroc-Inde depuis 1955. Les relations entre les deux pays ne datent pas d'hier. Moi-même je suis né au Maroc et je suis à la fois Marocain et Hindou … Donc, je représente les deux pays avec une double culture et évidemment tout contact doit être fait et construit entre deux, chose à laquelle je m'attelle obstinément. Et ce que nous voulons c'est que les pays se joignent par des intérêts communs pas forcément par le même schéma qui lie le Maroc à certains pays européens. Et notre rôle est d'y contribuer sur le plan économique. Il n'y a pas de blocage et en tant qu'anglophones, nous sommes pragmatiques et avons une façon de faire différente de celles des autres. ✔ F. N. H. : Est-ce que sur le plan financier ces dossiers sont bouclés ? ✔ P. T. G. I. : En collaboration avec le secteur d'investissement financier indien, la WUCCI a lancé la promotion du Fonds de Développement Afrique Post 2012-2015, au profit d'un groupe de pays dans lequel le Royaume du Maroc a été inclus. Ces fonds qui sont disponibles, aujourd'hui, pourront servir à développer les industries marocaines dans la valorisation et la mise à niveau de leurs installations et outils de production ainsi que dans le cadre de nouvelles acquisitions de machineries, ou autres équipements, en provenance de l'Inde, afin d'améliorer leur compétitivité à l'international. Nous avons un noyau dur, notamment l'Exim Bank. Nous avons également d'autres partenaires en Inde puisque les dossiers présentés au Maroc ont vu leur financement bouclé en Inde. Le Fonds de Développement Afrique Post 2012-2015 dont j'ai parlé est doté de 70 milliards de dollars destinés à l'Afrique. Et nous pensons que le Maroc a un important rôle à jouer de capteur d'une bonne partie de ces capitaux. Et malgré une année de retard, les financements sont toujours là en attendant la concrétisation des projets. Mais, il est urgent de bénéficier de l'appui du prochain gouvernement pour les traduire sur le terrain ! C'est une opportunité que le Maroc doit saisir pour devenir une vraie locomotive de développement économique du continent. Et ce d'autant plus que le pays dispose des atouts nécessaires pour le devenir. SM le Roi a réalisé de grands changements. De plus, le pays est historiquement une porte vers l'Afrique grâce à sa position géostratégique. Donc, pour moi, il n'y a aucun doute, le pays dispose de tout ce qu'il faut pour devenir cette locomotive ! ■ Propos recueillis par Imane Bouhrara