Le Conseil d'Administration de la BAD a approuvé le financement d'un projet d'eau potable à Marrakech qui devra desservir environ 2 millions d'habitants, pour un montant de 120 millions d'euros. Amani Abou-Zeid, représentante de la BAD, nous éclaire sur le rôle de la Banque Africaine de Développement en matière d'intégration africaine. - Finances News Hebdo : Quel est l'intérêt de cette manifestation d'envergure pour tous les décideurs africains et pour une institution comme la BAD ? - Amani Abou-Zeid : Comme vous le savez, l'intégration régionale constitue pour la BAD un axe stratégique et une des raisons même de sa fondation. Pour nous, le développement Sud-Sud est une question primordiale et stratégique. Ce qui est important dans ce forum, c'est qu'il a réuni le nombre, mais surtout la qualité des participants. Il est important d'avoir non seulement les décideurs politiques, mais aussi ceux économiques et les médias. Le leitmotiv de la rencontre est la sensibilisation, la découverte des opportunités... Le processus de développement ne peut se faire avec un seul acteur dans la mesure où nous en sommes tous responsables. Et il est important pour la BAD d'assister à cet échange (B to B) et d'y voir une meilleure sensibilisation, à l'échelle africaine, à l'importance de l'intégration régionale pour qu'on puisse continuer à mettre en œuvre les initiatives déjà commencées il y a une décennie. Des stratégies qui visent spécifiquement l'intégration régionale. Donc, pour nous, cette rencontre s'inscrit dans le cadre de nos priorités et de notre vision stratégique. - F. N. H. : Quelle a été votre réaction suite à la crise internationale qui sévit encore dans le monde. Avez-vous mis en place des mesures spécifiques pour pallier les difficultés du marché européen et, partant, activer le processus de partenariat Sud-Sud ? - A. A. Z. : Depuis 2008, le monde entier a vécu de nombreuses crises, à commencer par celle financière. Il y a une série de crises qui ont eu lieu depuis quelque temps et nous sommes heureux et fiers de voir que le continent africain, malgré toutes, continue à afficher des taux de croissance positifs, continue à maintenir le rythme des réformes économiques et continue à renforcer sa résilience. Ceci dit, de nombreux opérateurs africains contribuent au développement de l'Afrique. Depuis le déclenchement de la crise financière en 2008, la BAD a triplé ses investissements en Afrique pour combler tout déficit et renforcer le travail et l'investissement. Nous avons renforcé le volet du secteur privé parce que, comme vous le savez, la Banque Africaine de Développement se distingue des autres institutions financières dans la mesure où elle peut appuyer directement le secteur privé. Elle l'a renforcé pour combler toutes les difficultés au cours de cette période de crise. Si on prend l'exemple du Maroc, ce dernier continue à afficher un niveau de performances extrêmement élevé. Nous notons avec satisfaction la mise en œuvre de nos interventions. 2012 constitue l'année record de nos investissements au Maroc. A la fin de ce mois-ci, nous atteindrons un milliard d'euros rien que pour l'année 2012. Je suis heureuse de vous annoncer qu'hier notre Conseil d'Administration a approuvé le financement d'un projet d'eau potable à Marrakech qui devra desservir environ 2 millions d'habitants et d'un montant de 120 millions d'euros. Il y a aussi un Conseil qui va se tenir le28 novembre pour l'appui des réformes. Donc, que ce soit au niveau d'un pays ou plus largement, nous poursuivons dans le continent le rythme de nos investissements. Mais, en plus de ces investissements, un élément mérite d'être mis en avant : c'est le renforcement de notre appui aux institutions régionales plus particulièrement. - F. N. H. : Comment la BAD oriente-t-elle ses financements vers une politique d'intégration régionale ? - A. A. Z. : Nous faisons les deux. : un travail que nous faisons au niveau national et, en plus, le développement des stratégies d'action sous-régionales. Donc, pour chaque sous-région en Afrique, il y a, en plus de la stratégie de la BAD en matière d'intégration en Afrique, une stratégie d'action pour l'Afrique de l'Ouest, pour l'Afrique Centrale... et qui relie tous les opérateurs dans chaque région autour d'un plan d'action commun. Nous avons sélectionné, quantifié ces plans d'action qui sont en cours de mise en œuvre. Pour l'Afrique du Nord, nous travaillons beaucoup avec l'UMA. Nous avons déjà mis en œuvre deux projets : l'un pour la désertification, et l'autre pour l'harmonisation des politiques en matière d'informatique. - F. N. H. : Comment la non-UMA peut-elle influer sur le développement de cette région ? - A. A. Z. : Effectivement, l'Afrique du Nord est la région la moins intégrée du monde entier. Le niveau du commerce est l'un des plus faibles à l'échelle mondiale, ce qui n'est pas le cas dans d'autres régions de l'Afrique. Nous essayons de comprendre l'élan qui se manifeste au Maroc en ce moment pour promouvoir l'intégration africaine. Dossier réalisé par S. E., I. B. & A. H.