L'Observatoire de l'immobilier d'entreprise (OIE) produit, à fréquence régulière, des analyses synthétiques des indicateurs clés du marché de l‘immobilier d'entreprise. Le risque de l'IE locatif est relativement faible, avec une rentabilité stable. Le point avec Mohamed Charif Houachmi, président de l'OIE. - Finances News Hebdo : Quels sont les objectifs qui sous-tendent la création de l'Observatoire de l'immobilier d'entreprise ? - Mohamed Charif Houachmi : L'OIE a été créé pour répondre à un besoin émis par plusieurs professionnels du marché de l'immobilier d'entreprise à l'occasion du Séminaire d'actualité immobilière organisé par l'ICH, à Rabat, le 15 mai 2009. Pour simplifier, ce besoin est l'accès, à travers un outil simple et récurrent, aux indicateurs clés du marché de l'immobilier d'entreprise (IE). L'enquête de pré-lancement a montré un consensus des acteurs du «Marché de l'Immobilier d'Entreprise : Insuffisance de données fiables et de transparence». C'est pour cela qu'un groupe de travail a été mis en place regroupant plusieurs professionnels du secteur, ce qui a abouti à la création de l'Association de l'Observatoire de l'immobilier d'entreprise en 2011. Notre ambition, à travers l'OIE, est d'ériger l'Immobilier d'entreprise comme une filière à part entière de l'économie, en militant pour plus de transparence et de professionnalisme en faveur de ses différents segments. - F. N. H : L'immobilier professionnel est-il un créneau intéressant pour les développeurs immobiliers ? - M. C. H. : L'immobilier d'entreprise est effectivement un créneau intéressant du fait qu'il est directement lié aux activités économiques du pays et des besoins des entreprises du pays en terme de sites pouvant les accueillir. On dit toujours que «quand l'immobilier va, tout va». Un autre point important étant que le marché local est demandeur de locaux conformes aux nomes, vu la vétusté ou l'inadéquation des locaux existants. Comme tous les autres investisseurs, les développeurs immobiliers ont besoin de diversifier leur risque entre les différentes typologies de l'immobilier afin de garantir des rentabilités stables. Aussi, on peut parler de l'effet de la crise mondiale, ce qui pousse plusieurs utilisateurs à se concentrer sur leur métier de base et laisser le développement et le portage de l'actif immobilier à des spécialistes. - F. N. H : Qu'est-ce qui pourrait limiter ou desservir le développement de ce segment de marché ? - M. C. H. : Comme toute autre activité économique, les freins majeurs pour l'IE sont la rareté du foncier et le manque de visibilité sur l'offre et la demande. L'OIE essaie de s'attaquer à une partie du problème en mettant à la disposition du public des données sur l'écoulement. Les autres problèmes sont d'ordre plus général et demandent l'implication de tous les acteurs du marché, qu'ils soient privés ou publics. Le point positif est l'attractivité du marché marocain, via les stratégies sectorielles, pour bon nombre de sociétés étrangères qui comptent s'installer au Maroc, ce qui donne confiance aux développeurs pour investir dans l'IE. - F. N. H : Qu'en est-il du problème de la spéculation ? - M. C. H. : Je pense que ce problème est assez limité dans l'IE, contrairement aux autres segments, vu que les biens répondent généralement à des besoins spécifiques en locaux d'activité. En plus, les taux de vacances assez faibles dans tous les segments (par exemple 4% dans les bureaux à Casablanca) confortent les investisseurs dans leurs choix de lancer le développement de projet au lieu de réfléchir à la spéculation. - F. N. H : Quels rôles jouent les assureurs et les caisses de retraite dans ce secteur? - M. C. H. : Le profil des investisseurs en IE se définit par rapport aux paramètres Risques / Rentabilité / Durée de détention. Vu que les assureurs et les caisses de retraite ont besoin de placer une partie de leurs réserves stratégiques, l'IE leur correspond parfaitement. L'IE locatif à un risque relativement faible, avec une rentabilité stable et des durées de rétention qui vont au moins jusqu'à 9 ans, voire plus en cas de locaux à usage industriel ou logistique (15 ans et plus). De ce fait, on voit plusieurs organismes du secteur investir directement ou via des fonds spécialisés. - F. N. H : Quelles sont les nouvelles tendances de la demande? - M. C. H. : La demande varie selon la typologie de l'actif (bureaux/commerce/industrie/logistique), mais en général, on peut dire qu'actuellement il y a une inadéquation entre l'offre et la demande. Les utilisateurs souhaitent avoir des locaux modernes, sécurisés, aux normes internationales, et dans des sites accessibles. En résumé, les utilisateurs cherchent des locaux adaptés à leurs besoins. - F. N. H : Quelles sont les actions entreprises pour développer le locatif ? - M. C. H. : A part la publication de données sur le marché, l'une des actions majeures est le projet de réforme de la loi régissant le bail commercial (la loi actuelle date de 1955) qui est maintenant au niveau de la Chambre des Conseillers. On peut aussi citer les différents séminaires et manifestations traitant du secteur, ce qui démontre l'intérêt du marché. Aussi, la mise en place d'un cadre fiscal favorisant la création de fonds d'investissement spécialisé serait souhaitable afin de positionner le marché de l'IE en tant qu'investissement alternatif. - F. N. H : À quand la prochaine publication de chiffres de l'OIE ? - M. C. H. : Nous projetons de publier les chiffres 2012 au début de janvier 2013.