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Najib Akesbi : «Les employés de l'informel, l'élément fondamental»
Publié dans Finances news le 27 - 03 - 2020

Dans cette période de confinement obligatoire, le mécanisme de soutien au profit des salariés du secteur informel pourrait, dans un premier temps, se servir de la liste des bénéficiaires du Ramed.
En élargissant la cible des bénéficiaires à 2 millions de ménages (entre 8 et 10 millions de personnes), le coût mensuel de cette aide ponctuelle se chiffre à 4 Mds de DH.
Dans cet entretien, Najib Akesbi, professeur et économiste, aborde également l'impact du quasi arrêt de l'activité économique sur le taux de croissance et la pression sur les réserves de change.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quelle lecture faites-vous sur l'ensemble des mesures prises par l'Exécutif et aussi dans le cadre du Comité de veille économique afin de permettre au pays d'atténuer les chocs induits par la progression du coronavirus ?
Najib Akesbi : Dans les circonstances actuelles, les efforts de l'Etat doivent être orientés à trois niveaux. Il s'agit de l'aspect médical, l'accompagnement des entreprises et l'aide aux ménages.
Sur le plan médical, j'estime aujourd'hui qu'il y a une prise de conscience suffisante de la gravité de la situation. Ce qui n'occulte pas le fait que le secteur de la santé a été négligé pendant des années sous le poids de l'orthodoxie néolibérale.
Pour ce qui est de l'accompagnement des entreprises dans cette période en proie à la pandémie du coronavirus, l'inquiétude ne doit pas être de mise car la CGEM continuera de faire le nécessaire.
D'ailleurs, l'on voit très bien que les premières mesures prises par le Comité de veille économique (CEV) afin de soutenir les secteurs impactés par le coronavirus concernent les entreprises ainsi que les salariés exerçant dans le secteur formel.
A mon sens, l'élément le plus fondamental pendant cette conjoncture difficile où l'économie est en quasi arrêt, est la situation des employés de l'informel. Cette catégorie de travailleurs est dans une précarité telle que dans la conjoncture qui prévaut, marquée par le confinement obligatoire (cession de la plupart des activités), elle est dépourvue de revenus pour faire face aux dépenses de première nécessité.
Objectivement, il est impossible de demander le confinement des salariés du secteur informel sans assurer à ceux-ci une source de revenu.

F.N.H. : Justement dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation, il était question de procéder au ciblage des personnes vulnérables afin d'instaurer un système d'aides directes. Existe-t-il un lien entre le retard de la création du Registre national de la population et celui du dispositif d'aide aux personnes travaillant dans le secteur informel auquel vous faites allusion ?
N. A. : Il est clair que la réforme de la Caisse de compensation allait impacter le pouvoir d'achat des classes pauvres et moyennes. D'où l'idée à l'époque de procéder aux aides directes au profit des populations vulnérables économiquement.
Le système des aides directes n'a pas été mis en place. Ce qui m'amène à dire que les pouvoirs publics ne procèdent pas aux réformes nécessaires en temps opportun.
L'instauration du mécanisme des aides directes dans le sillage de la réforme de la Caisse de compensation aurait permis d'aller très vite dans la situation actuelle où il est crucial d'adopter les mesures d'accompagnement au profit des salariés non affiliés à la CNSS qui exercent dans l'informel.
Pour rappel, dans l'optique de mettre en place le système précité, l'établissement de la liste des bénéficiaires était proposée, sachant que celle-ci pouvait s'appuyer sur celle du Ramed.

F.N.H. : Aujourd'hui comment gagner du temps pour identifier les salariés du secteur informel qui ont besoin d'un coup de pouce financier dans cette période de confinement ? Et qu'en est-il de l'implémentation de ce soutien sur le plan opérationnel ?
N. A. : Le mécanisme de soutien au profit des salariés du secteur informel peut dans un premier temps se servir de la liste des bénéficiaires du Ramed. Il est évident qu'aujourd'hui, ceux-ci ont besoin d'aide.
Très concrètement, en s'alignant sur les mesures prises au profit des salariés du secteur formel, avec le versement mensuel de 2.000 DH au profit d'1 million de ménages (4 à 5 millions de personnes), le coût total de cette mesure s'élève à 2 Mds de DH par mois.
En élargissant la cible à 2 millions de ménages (entre 8 et 10 millions de personnes), le coût mensuel de cette aide ponctuelle se chiffre à 4 Mds de DH. Ce qui est tout à fait soutenable au regard des sommes susceptibles d'être collectées au titre du Fonds de solidarité pour la gestion de la pandémie du coronavirus (40 Mds de DH).
En d'autres termes, il suffirait de consacrer le tiers de ce Fonds à la catégorie de travailleurs précitée pour couvrir la période critique pouvant durer 3 mois.
Sur le plan pratique et opérationnel, un système articulé autour d'un nom pour chaque ménage, un numéro de téléphone et un code de retrait peut faire l'affaire, sans l'existence de lourdeurs administratives et de risques de fraude. Un simple sms indiquant l'heure et le code, adressé à l'intéressé, permettrait le retrait sécurisé du montant de 2.000 DH.
A l'évidence, il faudra veiller à ce qu'il y ait plusieurs points de distribution (agences bancaires, poste, établissements de paiement, etc.) afin d'assurer la facilité des transactions.
La rapidité de l'opération de retrait est un critère fondamental dans cette période de confinement où les sorties sont strictement limitées et les attroupements fortement déconseillés voire interdits.

F.N.H. : Quel crédit accordez-vous aux prévisions du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui table sur un fort repli du taux de croissance pour l'année 2020 (0,8% du PIB) à cause de la sécheresse et de la propagation de la pandémie aussi au bien au Maroc qu'à l'échelle internationale ?
N. A. : Tout exercice prévisionnel ne vaut que par les hypothèses sur lesquelles il a été fondé. En l'état actuel des choses, toutes les institutions de prévisions économiques sont dans le flou total. Aujourd'hui, les hypothèses permettant de déterminer le taux de croissance de notre pays sont toutes très incertaines.
Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, la seule chose que l'on sait est que la campagne agricole de cette année sera très mauvaise. Cette certitude remonte au mois de février.
Les années précédentes, jusqu'au mois de mars, il était encore difficile de savoir si la campagne agricole allait être bonne ou mauvaise. Les pluies de ces derniers jours ne sauveront pas la situation agricole de cette année. Au mieux, ces précipitations seront bénéfiques pour le végétal, notamment pour l'aliment du bétail.
Ceci dit, les modèles économétriques permettant de déterminer le taux de croissance intègrent parfaitement la particularité de la variable agricole dépendante de la pluviométrie. En revanche, le quasi arrêt de l'activité économique auquel on assiste actuellement, sera lourd de conséquences sur le niveau du taux de croissance qui reste très incertain.
Faudrait-il rappeler qu'il existe quatre canaux de transmission de la crise internationale à l'économie marocaine. Il s'agit du commerce extérieur, le tourisme, les transferts des MRE et les IDE. Pour l'heure, on constate que les principaux partenaires économiques du Maroc (Espagne, France, Chine) sont les plus impactés par la progression du coronavirus.
L'une des conséquences de la sécheresse sera également l'importation massive de produits alimentaires (céréales). Pour ce qui est du tourisme, certaines prévisions font d'ores et déjà état d'un recul de 40% du nombre de touristes. A mon sens, il faudra s'attendre à une baisse supérieure à celle annoncée. L'année 2020 risque d'être catastrophique pour le tourisme même si la situation s'améliore d'ici le mois de mai.
La pandémie gagne énormément de terrain au niveau de l'arc latin (Europe), composé de l'Espagne, l'Italie et la France. Ces trois pays qui abritent le plus grand nombre de MRE sont les économies les plus impactées par la propagation du coronavirus. Cette situation ne sera pas sans conséquence sur le niveau des transferts des MRE qui diminueront cette année.
Toujours dans le cadre des canaux de transmission évoqués plus haut, les IDE observaient déjà un trend baissier, sous l'effet de la crise mondiale. Aujourd'hui, on assiste à une reconfiguration mondiale des stratégies d'investissements internationaux ainsi que celle des chaînes de valeur. La régionalisation prend le pas sur la mondialisation. La nouvelle donne internationale se traduit négativement sur les flux d'IDE.
Au regard de ce qui précède, il est clair que la situation économique du pays sera lourdement impactée par les quatre canaux de transmission.

F.N.H. : Les réserves de change ne risquent-elles pas de fondre substantiellement à cause de la configuration économique qui prévaut ?
N. A. : La situation décrite plus haut est défavorable aux réserves de change. D'ailleurs, j'estime que le deuxième élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, acté récemment, est inopportun voire imposé sans raisons objectives par le FMI, lors de la visite de sa Directrice générale, Kristina Georgieva en février au Maroc.
Pour preuve, il y a près de deux ou trois mois, le wali de Bank Al-Maghrib avait lui-même annoncé que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour procéder au deuxième élargissement de la bande de fluctuation du Dirham. Aujourd'hui, il existe un indice de taille traduisant une forte pression sur les réserves de change du pays, qui doivent d'abord servir pour l'importation des produits énergétiques et alimentaires.
Le Directeur général de l'Administration des douanes et des impôts indirects a exhorté récemment les importateurs de voitures de réduire au maximum leurs achats de véhicules à l'étranger. ◆


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