CDM U17 Qatar 25 : l'Equipe Nationale reçue lundi par le président de la FRMF avant de s'envoler ce mardi pour son camp de base de préparation    HB / 46e CAHCC Casablanca 25 : Al Ahly et Petro Atletico sacrés, Derb Sultan deuxième    PLF 2026 : Hausse record de l'investissement public et des fonds alloués à l'éducation et la Santé    Objectifs du développement durable : Casablanca-Settat face à ses paradoxes    Libye : L'Espagne saisit 10 navires militaires destinés aux forces de Haftar    L'UE acte la fin des importations de gaz russe pour 2027    Une femme à la tête d'une coalition gouvernementale au Japon    Abdeltif Loudyi reçoit le nouveau chef de l'AFRICOM    Fès-Meknès : les investissements privés explosent de plus de 90% en 2025    Casablanca : Le Fusion Show Ayta D'Bladi fait son entrée du 13 au 15 novembre    Rendez-vous : demandez l'agenda    Mondial U20 : Ouahbi mène les Lionceaux de l'Atlas sur le toit du monde    L'ancien chef de la DGSI, Nacer El Djinn, symbole des déchirements du pouvoir algérien, arrêté et placé en détention à Blida    Lavrov et Rubio ont discuté au téléphone des modalités du prochain sommet Poutine-Trump    Steve Witkoff annonce un possible accord de paix entre Rabat et Alger    La Bourse de Casablanca démarre en bonne mine    Nadia Fettah : Le gouvernement a dépensé 120 MMDH pour lutter contre la vie chère et protéger le pouvoir d'achat    Fouzi Lekjaa reçoit les U17 et les encourage à honorer le football marocain au Mondial    Une vidéo diffusée par Hicham Jerando, faussement liée à un réseau de prostitution à Casablanca, provenait de sites pornographiques étrangers    La cour d'appel de Casablanca confirme plusieurs condamnations dans l'affaire Jerando    Le temps qu'il fera ce lundi 20 octobre 2025    Les températures attendues ce lundi 20 octobre 2025    Réunion du Conseil de gouvernement consacrée au PLF 2026    Chine : Yu Jinsong confirmée comme ambassadrice à Rabat par Xi Jinping dans un contexte de relations étendues    Coupe du Monde U-17 (Qatar 2025): Le Maroc, une grande nation footballistique capable de vaincre n'importe quelle équipe (Nabil Baha)    PLF 2026: 380 MMDH comme effort d'investissement    Création de postes budgétaires : Ce que prévoit le PLF 2026    Transformation numérique du système judiciaire : Rabat et Nouakchott signent le Programme de travail 2026-2027    Le Polisario expulse 100 chercheurs d'or d'une zone à l'Est du Mur des Sables    From Tangier to Dakhla, Morocco erupts in celebration after historic U20 World Cup triumph    Mondial U20 : Fouzi Lekjaa souligne le rôle de la stratégie du Maroc dans le football [vidéo]    Mondial U20 : Le Maroc remporte la coupe et prend ses marques dans l'usage du carton vert    Errance et détresse psychique : Symptôme d'un système de prise en charge lacunaire    L'Ethiopie entre dans l'ère atomique    L'Angola lance son Agence spatiale nationale    Rabat célèbre la créativité avec le Festival Léonard De Vinci du Court Métrage    Doukkala en heritage: Une leçons de mémoire au féminin    Edito. Grippé n'est pas condamné    Sahara marocain : Washington en faveur d'une solution définitive    Aérien : RAM et China Eastern Airlines s'allient pour renforcer la connectivité Chine-Afrique    Unforgettable and unbelievable : Moroccan U20 players reflect on their world title    SM le Roi félicite les membres de la sélection nationale de football suite à leur sacre au Mondial U-20 au Chili    Former Health Minister Khalid Aït Taleb makes political comeback as Wali of Fès-Meknès    Tanger : Ouverture de la 25e édition du Festival national du film    La hausse des prix de l'or ont augmenté les réserves russes de 142 milliards de dollars    "Yallah' Afrika", une exposition collective à Rabat célébrant la CAN Maroc 2025    La mémoire de Hassan Ouakrim honorée lors d'une projection documentaire à Washington    Le Festival de Cinéma Méditerranéen de Tétouan dévoile sa sélection officielle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Blockchain – Cryptomonnaies: «Le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs»
Publié dans Finances news le 29 - 01 - 2021

◆ La posture du Maroc envers les cryptomonnaies a un effet considérable sur l'essor de la technologie blockchain.
◆ Le pays ne devrait pas protéger le secteur financier plus que ne le font des pays considérés comme des temples de la finance internationale, pour ne citer que les USA ou la France.
◆ C'est l'avis de Badr Bellaj, co-fondateur de l'entreprise technologique Mchain. Explications

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Est-ce que cette crise liée à la pandémie a accru l'intérêt du Maroc d'accélérer la mise en place de la blockchain dans le système financier ?
Badr Bellaj : Il est difficile de répondre à cette question. Toujours est-il que la crise liée à la Covid-19 a impacté pratiquement tous les secteurs. Pour l'heure, il est encore ardu de mesurer concrètement les effets de la pandémie sur la blockchain. Ceci dit, il est sûr et certain que les outils digitaux, de collaboration et de travail en ligne ainsi que les nouveaux services financiers constituent des solutions permettant de transcender les contraintes imposées par la pandémie (confinement total, restrictions des déplacements, distanciation sociale, arrêts d'activité, etc.). Lors du confinement total, l'ecommerce et le paiement en ligne ont, par exemple, facilité la vie de bon nombre de consommateurs marocains. L'on a constaté aussi une hausse du volume des paiements en ligne.
Tous ces éléments ont été propices à la résurgence de l'idée de mettre en place au sein des Etats une monnaie digitale de Banque centrale fonctionnant sur le protocole blokchain, appelée Central Bank Digital Currency (CBDC). Beaucoup d'experts et d'institutions internationaux se sont dit que la pandémie est un bon «use case» pour l'expérimentation de monnaies digitales nationales fonctionnant sur le protocole blockchain. A mon avis, la crise liée à la Covid-19 a permis d'aller plus loin dans le débat de l'adoption de l'innovation précitée. Hormis cela, la pandémie n'a pas changé substantiellement l'équation existante relative à la technologie blockchain. Par ailleurs, certains font remarquer qu'une pandémie d'une telle ampleur ne survient qu'une fois par siècle.
Par conséquent, celle-ci ne doit donc pas régir tous les modes de fonctionnement de l'écosystème technologique existant. Du reste, je pense que la pandémie prouve la nécessité d'accélérer la digitalisation de la monnaie. Et il n'y a pas mieux que les CBDC, parce que le système traditionnel a montré ses limites du fait, entre autres, du faible taux de bancarisation et du taux d'analphabétisme élevé. Au Maroc, par exemple, les griefs qui ont surgi lors des distributions des aides financières au profit des ménages impactés par la crise liée à la Covid-19 légitiment une adoption plus large de la technologie blockchain. Ce canal est de nature à garantir l'efficience et l'efficacité des programmes d'aides par la transparence (traçabilité maximale), la sécurité et l'absence d'intermédiaires. Ce qui limite les risques de corruption. Il faut rappeler que tous les ménages-cibles n'ont pas reçu les aides financières octroyées par l'Etat lors de la période du confinement.

F.N.H. : Nous avons l'impression que le système financier est encore frileux pour une implémentation à grande échelle de la blockchain. Qu'est-ce qui bloque toujours selon vous ?
B. B. : Il faut garder à l'esprit que les décideurs du système financier ne perçoivent pas encore l'intérêt d'introduire des changements majeurs dans l'écosystème financier marocain. Ceux-ci trouvent que notre système financier est performant. En d'autres termes, les décideurs marocains se disent pourquoi changer des mécanismes dans lesquels ils ont confiance et qui fonctionnent parfaitement. Sachant qu'ils sont conscients de l'existence de la technologie blockchain et de ses avantages pour le monde de la finance.
Certains même continuent de vanter la résilience du système financier marocain face à la crise financière de 2008. Or, il faut savoir que notre système financier a été épargné à cause de son poids marginal à l'échelle mondiale. En tant que pays, je dirai que le Maroc a une posture d'observateur vis-à-vis de la technologie blockchain. Les autorités compétentes suivent ce qui se fait à l'international. On remarque aussi qu'elles reconsidèrent leurs positions vis-à-vis de la technologie en fonction de celles de leurs homologues européennes ou des organisations internationales. Pour rappel, dans un premier temps, l'Autorité des marchés financiers de la France (AMF) a été contre la blockchain et les cryptomonnaies, avant de revenir sur sa position. Une attitude similaire a été observée chez nos autorités compétentes.
En d'autres termes, le Maroc est suspendu aux positions internationales et s'interdit quelque part d'être proactif en la matière. Par ailleurs, à l'échelle nationale, il est clair que la compréhension de la technologie blockchain ne s'est pas encore démocratisée. Les compétences et les experts locaux sont également rares au Maroc. Ces deux éléments constituent des freins pour l'adoption de la blockchain au niveau du système financier et dans d'autres domaines. L'autre remarque, et non des moindres, est que le Maroc est contre les cryptomonnaies. Ce qui est préjudiciable à mon avis. L'allégation mise en avant et critiquable, à mon avis, est que les cryptomonnaies sont susceptibles d'impacter les investisseurs locaux.
Or, les cryptomonnaies sont utilisées en dehors de la finance classique et il est difficile de contraindre les particuliers à les utiliser sans leur consentement. La posture du Maroc envers les cryptomonnaies a un effet considérable sur l'essor de la technologie blockchain. Il faut savoir que celle-ci tire sa force de la finance (gestion de monnaie). A titre illustratif, utiliser la blockchain comme canal de distribution des aides financières au profit des ménages au Maroc n'est pertinent que s'il existe une monnaie digitale. Dans le même ordre d'idées, il convient de mentionner que beaucoup d'acteurs financiers marocains ont stoppé leurs projets blockchain en raison de l'aversion affichée par les autorités compétentes envers les cryptomonnaies. Au regard de ce tout ce qui précède, il est difficile de croire que le Maroc ait dans les années à venir une position privilégiée dans le domaine de la blockchain.

F.N.H. : Peut-on dire que le Maroc fait fausse route en tournant le dos aux crytomonnaies et donc à la technologie blockchain, peu répandue à l'échelle nationale ?
B. B. : Un célèbre adage dit : «Quand le vent souffle, certains battissent des moulins et d'autres des murs». Pour ce qui est de la blockchain, le Maroc a fait le pari hasardeux de bâtir des murs. Or, le pays n'a rien à perdre en explorant cette technologie. A la fin des années 80, qui pouvait imaginer qu'Internet serait l'un des principaux moteurs des économies en 2021? Et pourtant, c'est bien le cas. Je pense que le Maroc est en train de se protéger contre un faux danger, celui des cryptomonnaies. Comme évoqué précédemment, le développement de la technologie blockchain est difficilement envisageable sans la promotion des cryptomonnaies qui font le lit de l'innovation.
Cette dernière ouvre la porte à la création d'une «économie naissante», appelée la Decentralized Finance (DeFi), qui pèse des milliards de dollars aujourd'hui. Il est dommage de constater que le Maroc fait partie des rares pays qui s'isolent en renonçant aux cryptomonnaies. Je souhaite que cette posture soit révisée. Les exemples de pays qui ont adopté les CBDC sont nombreux. On dénombre même des pays arabes qui expérimentent une monnaie digitale de Banque centrale fonctionnant sur le protocole blokchain. Concrètement, la Banque centrale des Emirats Arabes Unis (EAU), en partenariat avec la Banque centrale saoudienne, ont uni leurs forces pour travailler sur leur propre CBDC. L'aboutissement de ce projet est de nature à favoriser davantage les échanges entre l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Nos décideurs sousestiment le potentiel des projets impliquant la technologie blockchain.
Et pourtant, à l'échelle internationale, bon nombre d'initiatives enrichies par la blockchain et qui avaient peu de valeur il y a quelques années, pèsent aujourd'hui plusieurs milliards de dollars. La création d'une plateforme de cryptomonnaie au Maroc, s'appuyant sur une réglementation appropriée, sera un pas important vers la réduction de l'utilisation du cash. Une telle initiative boostera aussi l'innovation économique. Au final, j'appelle les décideurs financiers à lâcher prise en permettant l'introduction de la blockchain et la mise en place de plateforme de crypto-monnaies. Notre pays doit absolument éviter de rater ce deuxième virage, après celui d'Internet. Les secteurs marchands et non marchands ont accusé du retard dans leur processus de digitalisation.
Il ne faut pas être plus royaliste que le roi en protégeant le secteur financier plus que ne le font des pays comme la France ou les USA. Les instruments susmentionnés favorisent une concurrence loyale, en plus d'être bénéfiques aux citoyens en quête de transparence et de coûts abordables. L'introduction des nouvelles technologies passées en revue sont dans l'intérêt de la majorité de nos concitoyens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.