C'est un Mustapha El Khalfi en verve qui a exposé et défendu le bilan du gouvernement Benkirane mardi dernier. Invité du Forum de la MAP, le ministre la Communication et Porte-parole du gouvernement n'a pas fait d'économie sur les mots pour mettre en orbite l'action gouvernementale au titre de 2012-2013. Un taux de croissance de 4,8% l'année dernière, un chiffre «record» de 40 Mds de DH d'investissements étrangers, la création de l'indemnité pour perte d'emploi, la lutte contre la pauvreté, l'appui à la cohésion sociale, le développement des prestations sanitaires à travers la généralisation du Régime d'assistance médicale (RAMED), l'appui à la scolarisation avec le programme Tayssir... sont autant de résultats et d'initiatives qui poussent El Khalfi à soutenir que le bilan de l'action gouvernementale a été globalement «positif». Une conclusion autre aurait franchement étonné. Hasardeuse ? Peut-être. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'au-delà des nombreux couacs qui ont déjà marqué cette législature, auxquels s'ajoute une crise politique majeure qui a paralysé la bonne marche des affaires du Royaume pendant des mois, il y a beaucoup de points noirs et de nombreux dossiers épineux qui attendent encore d'être vidés. Les finances publiques sont en berne, l'économie souffre d'un déficit de compétitivité, les routes marocaines tuent toujours autant (4.000 morts par an) et l'enseignement est déliquescent, au point qu'il a suscité l'ire du Roi qui a dressé un diagnostic sévère le 20 août dernier, à l'occasion du 60ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. De plus, la multiplication des agressions et autres délits confortent un sentiment légitime d'insécurité : rien que pour ce premier trimestre, plus de 103.000 suspects ont été soumis à la procédure de la garde-à-vue, selon la Direction générale de la sûreté nationale. Et 75.750 personnes ont été prises en flagrant délit en train de commettre différents délits et crimes, alors que 27.964 autres sont recherchées pour leur implication présumée dans différentes affaires criminelles. Si, à tout cela (et la liste n'est pas exhaustive), on adjoint la réforme de la compensation, très timidement amorcée, la réforme fiscale, repoussée sans cesse, et celle du système de retraite, l'une des plus urgentes et des plus attendues, il semble bien difficile d'adhérer aux propos de Mustapha El Khalfi. Surtout que ces trois réformes structurantes sont le socle sur lequel doit se construire une économie nationale performante susceptible de faire face aux tirs croisés de la mondialisation. A mi-mandat, le gouvernement Benkirane a encore beaucoup à prouver. Et si on devait lui donner une note, ce sera un tout petit «assez bien»... pour pas mal de mots et de maux.