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Béatrice Beloubad, le travail dans l’âme
Publié dans Finances news le 29 - 11 - 2007

Née à Mirabel, petit village du Sud-Ouest de la France, Béatrice Beloubad a reçu une éducation rigoureuse de ses parents protestants. Ils lui inculquaient, ainsi qu’à sa sœur unique, la valeur du travail, au sein de la famille, à l’école et également dans la vie d’une manière générale.
Elève sage, trop sage même, Béatrice est élevée dans les grands espaces où elle forme une petite bande avec ses cousins. Une enfance tranquille, heureuse… Mais elle commence à prendre conscience de la souffrance de sa mère. En effet, émigrée italienne mariée à un Français de souche, la mère de Béatrice est arrivée en France juste après la Deuxième Guerre mondiale. Les temps étaient difficiles et son intégration aussi.
Bac économique, Béatrice opte pour une tout autre voie et s’inscrit pour un DESS en psychopathologie à Toulouse. «C’était une quête pour comprendre l’autre. Et on ne peut comprendre l’autre que lorsqu’on est au clair avec soi-même».
«La vie estudiantine est importante dans la vie d’une personne. C’est un moment où l’on développe son relationnel et puis en 1981, on assistait à l’arrivée du socialisme au pouvoir.
On a cru changer le monde, on ne l’a pas changé, mais on en a au moins rêvé. Et puis quand on a des objectifs, cela nous permet d’avancer dans la vie».
Féministe convaincue, elle rencontre son mari durant ses études.
«Il ne pouvait pas vivre en dehors de son pays et c’était quelque chose sur laquelle il ne pouvait pas revenir. J’ai fait le choix de le suivre. Et nous sommes arrivés à Casablanca en août 1985. Certes, je connaissais le Maroc à travers les vacances que j’y passais mais les vacances c’est un peu le temps, entre parenthèses, où tout se passe bien».
Mais, pour s’y installer !
Très attachée à ses origines, Béatrice Beloubad fait tout de même le choix de suivre son mari au Maroc. Une épreuve difficile pour ses parents mais surtout pour sa mère qui a connu les affres de l’exil. Mais disons qu’ils ont été rassurés quand ils ont rencontré leur futur beau-fils. «Son attachement aux valeurs de la famille les a rassurés». C’était un choc que de passer d’une culture à une autre complètement différente. Certes, sa belle-famille était très ouverte et l’a bien adoptée. De même qu’elle avait un poids supplémentaire par rapport aux autres belles-filles, de nationalités différentes d’ailleurs, parce que son beau-père est un ancien combattant et qu’il partage une histoire avec la France.
Mais le plus difficile de cet exercice d’intégration se faisait à l’extérieur et ce n’était pas toujours une partie de plaisir. À l’époque on avait une seule voiture et je marchais beaucoup pour aller à mes rendez-vous ou à mon travail et je me sentais souvent agressée par des regards, des paroles en l’air».
Le fait qu’en septembre de la même année elle intègre un jardin d’enfants lui a permis un contact formidable avec ses collègues et aussi avec les parents des enfants. Une fenêtre sur cette société marocaine où elle venait d’atterrir. «Les conseils de mes collègues m’ont été d’une grande aide pour comprendre ce nouvel environnement dans lequel je vivais désormais et, en fonction de ce qu’on me disait, j’apprenais comment réagir, les limites à poser et l’interprétation de ce que je vivais».
Les premiers six mois de sa vie au Maroc furent très durs et bien que l’idée de repartir en France lui ait effleuré l’esprit, elle décide de rester aux côtés de son mari.
Une année plus tard, Béatrice Beloubad fait son entrée dans l’humanitaire et elle n’a pas choisi la voie la plus facile. Pour sa première expérience, elle rejoint l’Association des parents et amis d’enfants inadaptés.
«C’était le deuxième choc depuis mon arrivée au Maroc», d’autant plus qu’elle était la responsable de l’intégration professionnelle de ces jeunes une fois adultes.
Elle se rappelle encore les conditions difficiles où elle devait exercer, en plus d’être heurtée par des croyances ancrées qui veulent que les handicapés mentaux soient possédés. II lui était parfois complexe de travailler avec les familles qui se résignaient en prétextant la fatalité, ce qui leur permettait d’accepter la maladie et toutes ses souffrances mais leur évitait toute remise en question.
«Souvent, les chefs d’entreprise préféraient donner des enveloppes d’aide à l’association au lieu d’insérer ces jeunes dont personne ne voulait». De retour à l’association, elle devait faire face à la détresse de ces jeunes et à l’angoisse de leurs familles.
La naissance de sa fille va créer un déclic. Béatrice est plus que jamais résolue à rester au Maroc. «Ma fille est marocaine et dans son éducation il fallait toujours trouver un compromis, un équilibre pour lui éviter d’être tiraillée entre deux cultures».
Sa responsabilité de mère va donner un élan à son travail humanitaire.
Béatrice poursuivra son travail non sans difficulté. En effet, elle ne voyait pas d’un bon œil les méthodes peu orthodoxes du Président de l’association. Et après huit ans au sein de celle-ci, elle claque la porte. «C’était un déchirement que de laisser ces 360 enfants derrière moi, mais je ne pouvais travailler dans de telles conditions...».
Et elle a eu raison de partir puisque ce qui devait arriver arriva, des scandales de détournements d’argent ont éclaté. Et ce que soupçonnait Béatrice s’est avéré.
En février 1995, c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans la vie de Béatrice Beloubad. Un cap qui s’appelle SOS Village d’Enfants Maroc.
«Il était nettement plus aisé de travailler avec des enfants abandonnés qui inspiraient la sympathie qu’avec des enfants souffrant de maladies mentales et puis l’association ayant une structure et étant plus organisée, le travail était facilité».
Une association qui travaille avec un budget sur l’année qui permet de programmer des actions avec la certitude de les reconduire l’année qui suit. Une stabilité qui la motive.
Béatrice va tomber immédiatement sous le charme du concept de famille de substitution avec les mêmes valeurs qu’une famille ordinaire.
Elle fut engagée pour la collecte de fonds, une mission qu’elle accomplit pendant une année avant de s’occuper de la formation des collaborateurs.
Le travail avec les enfants abandonnés lui donnait un autre regard sur le phénomène et par la même occasion, un autre angle de vue sur la société marocaine, un autre côté de la misère.
En 1998, Béatrice Beloubad prend la direction de SOS Villages d’Enfants Maroc. La consécration de ses efforts qui n’a d’égale que la reconnaissance qu’elle lit dans les regards de ceux qu’elle a pu aider. «Nous avions à l’époque deux villages et un foyer et grâce au travail intéressant de l’équipe nous avons lancé de nombreux projets». Et depuis l’avènement de SM Mohammed VI, les choses ont rapidement évolué et au sein de l’association, il a été constaté que c’était désormais les entreprises qui venaient frapper à sa porte. Un effet de dynamique impulsé par le Roi en personne, notamment avec le lancement de l’INDH. L’environnement est devenu plus favorable au travail humanitaire.
«En 20 ans, le Maroc s’est beaucoup ouvert sur l’extérieur, c’est aussi un facteur qui a aidé à mon intégration». En 2004, l’association a lancé le programme de renforcement de la famille pour prévenir l’abandon des enfants. Une ouverture de l’association sur son environnement avec également des cours d’alphabétisation et des formations aux activités génératrices de revenus en faveur des familles les plus vulnérables… des actions, entre autres, pour être le plus utile possible.
«Le Maroc enregistre un taux important d’abandon des enfants par rapport à d’autres pays voisins. Dans ce sens, il faut se pencher sérieusement sur ce phénomène pour en diminuer l’ampleur. L’abandon est la plus grande violence qu’on puisse faire à un enfant, il en porte les séquelles à jamais».
Pour concrétiser tous ces projets, la devise de Béatrice Beloubad est de ne jamais reporter à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. «Je sais que travailler avec moi peut être une grande souffrance pour mes collaborateurs».
Avec 2.000 bénéficiaires à l’Association, Béatrice accorde le plus clair de son temps au travail, mais la satisfaction de la mission accomplie est pour elle le plus beau cadeau de la vie.


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