La pandémie de COVID-19 a induit des perturbations majeures des services de santé, particulièrement pendant les périodes de confinement. Des perturbations qui risquent d'anéantir les progrès réalisés en matière de mortalité infantile liée à des pathologies soignables ou ayant déjà des vaccins, fait savoir l'UNICEF dans son dernier rapport sur la mortalité infantile dans le monde. De nombreux enfants à travers le monde ont été privés des services de santé en raison de l'encombrement des systèmes, note l'UNICEF dans son rapport. Dans les systèmes de santé les plus fragiles, plusieurs femmes qui ont accouché à l'hôpital ont couru le risque de contracter la COVID-19. Ainsi, l'UNICEF estime qu'il est urgent de rétablir les services de santé perturbés de peur de voir “des millions d'enfants de moins de 5 ans, en particulier des nouveau-nés” mourir. Ces enfants pourraient en effet succomber à des pathologies cliniquement traitables en temps normal, comme la prématurité, l'insuffisance pondérale à la naissance, les complications lors de la naissance, le sepsis néonatal, la pneumonie, la diarrhée et le paludisme. La crise sanitaire a également privé des milliers d'enfant des services de vaccination qui ont permis de sauver des millions de vies au cours des 30 dernières années, relève l'organisation onusienne. La pandémie de COVID-19 a perturbé les services de santé infantile et maternelle, dont l'accès aux examens de santé, la vaccination et les soins prénatals et postnatals dans tous les pays du monde. D'après une enquête menée au cours de l'été par l'UNICEF, près de 68 % des 77 pays interrogés ont signalé que les examens médicaux pour les enfants et les services de vaccination étaient perturbés dans une mesure plus ou moins importante. En outre, 63 % ont rapporté subir des perturbations dans les examens anténatals et 59 %, dans les soins postnatals. Une enquête récente de l'OMS a révélé que 52 % des 105 pays interrogés faisaient état de perturbations dans les services de santé pour les enfants malades et 51 %, dans les services de gestion de la malnutrition. Pourtant, le monde a enregistré en 2019 le taux de mortalité infantile le plus bas depuis 1990, chutant à 5,2 millions contre 12,5 millions en 1990, d'après les dernières estimations sur la mortalité publiées par l'UNICEF, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies et le Groupe de la Banque mondiale. La pandémie de COVID-19 est cependant venue chambouler ces acquis en frappant de plein fouet les services de santé débordés et saturés par les cas de contamination au coronavirus. En mai, la première modélisation réalisée par l'Université Johns Hopkins a montré que près de 6 000 enfants supplémentaires risqueraient de mourir chaque jour en raison des perturbations liées à la COVID-19. “Les enfants n'ont jamais été aussi nombreux à vivre jusqu'à leur premier anniversaire” a relevé le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. Il s'agit là de progrès remarquables qui ont été bousculés par la pandémie et les nombreuses restrictions qu'elle a générées, comme les restrictions en matière de transport, la suspension ou la fermeture des services et des installations, le manque d'agents de santé induit par la réaffectation du personnel ou la peur d'une infection en raison de la pénurie d'équipements de protection individuelle, indique-t-on de même source. S'y ajoutent les difficultés financières importantes générées par la pandémie. L'UNICEF appelle ainsi tous les pays à se mobiliser afin de permettre un meilleur accès aux soins néonatals et postnatals en ces temps de crise sanitaire mondiale, afin de ne pas essuyer des décès infantiles facilement évitables. Cela reviendrait, selon l'UNICEF, à anéantir 30 années de progression en matière de mortalité infantile.