La Coordination nationale pour le Congrès de la citoyenneté (CNCC), un collectif d'associations algériennes de défense des droits humains, a dénoncé la tenue d'élections législatives le 12 juin prochain en Algérie, qu'elle qualifie de "mascarade". "Un scrutin controversé et massivement rejeté par le Hirak et plusieurs partis de l'opposition algérienne", écrit le média algérien +AlgeriePart+, estimant que "Les élections législatives anticipées sont bel et bien une énorme dépense publique pour un retour sur investissement quasi-nul…". "Désertée par toute l'opposition démocratique et progressiste, la mascarade entend reconduire le système autoritaire quitte à aggraver la crise de légitimité qui éloigne les citoyens de l'Etat, chaque jour davantage", lit-on dans une déclaration de la Coordination rendue publique à Alger. La CNCC a souligné que dans un contexte de retour des manifestations populaires exigeant un changement politique radical, "le pouvoir s'apprête à rééditer, le 12 juin prochain, un autre coup de force à travers un simulacre d'élections législatives destinées à recomposer et récompenser ses anciennes et nouvelles clientèles". La Coordination considère que ni cette "élection", ni son report, ni aucune autre "élection" de substitution à l'instar de la présidentielle anticipée, ne sont une solution. "Toute élection organisée unilatéralement à l'ombre de la répression, du déni des libertés publiques et en dehors d'une période de transition démocratique autonome et d'un processus constituant souverain, est condamnée à reproduire le même Etat de non-droit et la même corruption structurelle", a-t-elle estimé. Selon la coordination, le peuple algérien ne peut que rejeter et condamner ce nouvel épisode de la longue et triste histoire de la confiscation de sa souveraineté. Revenant sur la proposition faite par des acteurs de la société civile d'aller vers une conférence nationale du Hirak à Kherrata pour mai prochain, la CNCC a souligné qu'elle ne rejette pas le principe ni l'opportunité de l'initiative. Elle indique toutefois que pour augmenter les chances de réussite et de la prémunir de tout dérapage, il est impératif d'en baliser d'avance le déroulement et les objectifs en les inscrivant dans le cadre de l'exigence d'une transition démocratique indépendante et d'un processus constituant souverain, loin de toutes cooptations par le "système illégitime ou réhabilitation de son agenda autoritaire". Elle a par ailleurs condamné la poursuite de la répression policière et judiciaire, appelant les citoyens et les organisations politiques acquis à la démocratie à faire de la libération des détenus politiques et d'opinion, de l'arrêt de la répression et de la consécration effective des libertés individuelles et collectives et de l'égalité en droits, devant la Loi, entre la femme et l'homme, le centre de toutes les mobilisations. La réussite de la révolution démocratique contre un ordre policier de près de 60 ans exige liberté et organisation des énergies citoyennes, a noté la coordination, qui a jugé que le rassemblement du courant démocratique de la société civile est le meilleur gage de réussite du processus révolutionnaire pacifique en cours. Plusieurs partis et organisations de la société civile, dont le Front des Forces Socialistes, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Parti des travailleurs et l'Union pour le changement et le progrès, avaient annoncé leur décision de boycotter ce scrutin législatif anticipé, également rejeté par le mouvement populaire. "En pleine crise financière, l'Algérie va dépenser l'équivalent de plus de 500 millions de dollars pour les élections du 12 juin prochain", titre le média algérien +AlgeriePart+, soulignant que "Les élections législatives anticipées du 12 juin prochain coûteront cher, très cher à l'Algérie alors que le pays traverse l'une de ses pires crises financières de son histoire contemporaine". Elle "seront, certainement, les élections les plus coûteuses de ces 20 dernières années", écrit la publication. "L'organisation de ce scrutin électoral nécessite un budget qui dépassera les 70 milliards de Da, soit l'équivalent de 520 millions de dollars, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations. Ce budget a été d'ores et déjà validé par la Présidence algérienne qui tient absolument à l'organisation de ces élections législatives anticipées alors que chaque semaine, des milliers, pour ne pas dire des millions, d'Algériennes et d'Algériens manifestent dans les rues pour exprimer leur rejet de ces élections qualifiées de « superflues » et de « non-essentielles » au regard des problèmes politiques et économiques qui paralysent actuellement l'Algérie", poursuit la publication. Selon l'auteur de l'article, "les élections législatives anticipées sont bel et bien une énorme dépense publique pour un retour sur investissement quasi-nul…".