En 2016, Soixante-quatorze journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions à travers le monde, révèle Reporters Sans Frontières dans son bilan annuel rendu public aujourd'hui. Les deux tiers se trouvaient cette année dans des zones de conflit. L'organisation déplore une "sinistre chasse aux journalistes". Professionnels ou non, la plupart des journalistes tués « étaient clairement visés ». En effet, ils ont été soit assassinés, soit tués alors qu'ils se trouvaient en reportage, précise le bilan. Pour Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, « La violence contre les journalistes est de plus en plus délibérée ». Une situation alarmante qui, selon lui, « traduit l'échec patent des initiatives internationales en faveur de la protection des journalistes. Elle signe l'arrêt de mort de l'information indépendante dans les zones où la censure et la propagande, notamment celle des groupes extrémistes au Moyen-Orient, s'imposent par tous les moyens ». Bien que le nombre ait baissé de 31% passant de 101 journalistes tués en 2015 à 70 en 2016, RSF indique que cette baisse n'a rien de réjouissant, car elle s'explique largement par le fait que les journalistes n'ont pas eu d'autre choix que de fuir les pays devenus trop dangereux pour eux, en particulier la Syrie, l'Irak, la Libye, le Yémen, l'Afghanistan ou le Burundi. « Malgré leur courage, ces derniers, de peur d'être assassinés, sont contraints à l'autocensure, comme c'est le cas au Mexique, pays en paix le plus meurtrier pour les journalistes cette année, avec 9 tués », ajoute-t-il. Toutefois, dans son bilan, la RSF appelle l'ONU à instaurer un mécanisme concret de mise en œuvre de résolutions pour que le droit international puisse être appliqué. « Avec l'arrivée d'un nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il est urgent que soit nommé un représentant spécial pour la protection des journalistes », affirme Christophe Deloire.