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La Marche verte contée par un volontaire d'Imintanout
Publié dans Hespress le 06 - 11 - 2019

C'était le matin du 18 octobre quand les volontaires pour la marche verte du quartier Derb Telba à Casablanca ont commencé à faire leurs adieux à leurs familles, proches et voisins. « Bonne route, que dieu soit avec vous », « que dieu vous protège», « prenez-soins de vous », « vive le roi, le Sahara est marocain », sont les paroles qu'entendait Fatema.K dans les rues de son quartier.
Elle n'avait alors que 12 ans quand elle a assistait à cette scène, sans réellement comprendre la cause du voyage de la moitié des hommes, mais aussi des femmes de son quartier, raconte à Hespress Fr Fatema. K, âgée aujourd'hui de 67 ans.
C'est par la suite que son père, un Fqih du quartier, lui expliquait que ces volontaires ont répondu à l'appel de leur Roi, Feu Hassan II, pour se rendre au Sahara marocain et le libérer de l'occupant espagnol, sans armes, munis seulement d'un exemplaire de coran et du drapeau marocain.
À Iminitanout, un village du sud du Maroc, le cousin de Fatema, Abdelghani. K, se préparait pour son périple vers l'inconnu. Il avait 23 ans quand il a décidé de se présenter dans l'un des bureaux locaux d'Imintanout, mis en place à l'époque par les autorités marocaines pour accueillir les volontaires.
« Je me souviens, une fois que le Roi avait appelé dans son discours du 16 octobre à la marche verte, des centaines d'hommes et femmes d'Imintanout, mais aussi des tribus qui l'entourent se sont rendus aux bureaux locaux pour s'inscrire et y participer. À l'époque, le patriotisme et le militantisme couraient les veines des Marocains. Pour eux, c'était évident. Ils avaient presque tous un membre de leur famille qui a combattu à l'époque de l'occupant français», raconte Abdelghani. K à Hespress Fr.
Iminitanout représentait et représente toujours le centre de cette région reculée du sud. 2500 personnes se sont portées volontaires d'Imintanout et des six tribus qui l'entouraient, dont Mtouga, Seksawa, Damsira et Nfifa, se souvient ce volontaire aujourd'hui âgé de 65 ans. Parmi les 2500 volontaires, il y avait 10% de femmes.
Une fois les préparatifs achevés, les bénévoles de cette région se sont rassemblés et ont pris la route vers Tan Tan, et plus exactement Tan Tan plage, où se trouvait l'un des deux camps préparés spécialement pour les 350.000 volontaires marocains.
« C'était très bien organisé. Je n'avais jamais vu une organisation aussi rigoureuse de la part de l'armée et de la gendarmerie royale, que ce soit lors de la présentation dans les bureaux locaux, la logistique, l'approvisionnement et la gestion de milliers de volontaires. C'était juste génial et l'ambiance qui régnait depuis les préparatifs jusqu'à l'arrivée au camp, et même lors de notre campement était chaleureuse », nous raconte cet ancien fonctionnaire de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEP).
Les 2.500 volontaires d'Imintanout ont donc pris la route un 19 octobre. « Il y avait presque 100 camions et bus qui nous transportaient ainsi qu'une unité médicale composée de médecins et d'infirmiers et deux ambulances. Ils étaient très réactifs et faisaient même des interventions importantes. Le voyage était long, et on comptait parmi nous des personnes qui tombaient malades (fièvre, rhume, infection, etc), et d'autres qui souffraient de diabète, d'hypertension… », se souvient-il.
Premier arrêt, le camp « Al Fath » d'Ait Melloul. «Il était immense», se souvient Abdelghani.K., précisant que «tous les volontaires qui venaient du nord, l'Est et l'Ouest du Maroc s'y rendaient. On s'est reposé un jour. C'était très bien organisé».
Après Ait Melloul, les volontaires d'Imintanout ont pris la route vers le camp de Tan Tan Plage. Mais avant, ils ont fait « une petite pause » à Guelmim. « Une petite pause voulait dire une pause de quatre heures minimum (rire). Le temps que tous les volontaires descendent des véhicules, qu'ils s'installent, que les chauffeurs fassent le tour des camions, vérifient les pneus et fassent le plein. Par la suite, les militaires qui s'occupaient de l'organisation technique nous ont distribué de la nourriture pour chaque groupe. Moi j'étais chef de ravitaillement et je devais m'occuper de 500 personnes», raconte Abdelghani. K.
«Côté nourriture, on avait droit à des boites de conserve, de l'eau de robinet dans les gourdes qu'on nous avait données, du pain, et des paquets de cigarettes à volonté pour les fumeurs. Il y'en avait assez, fallait juste demander (rire). On nous a aussi donné une couverture, un coran, et un drapeau du Maroc chacun, ainsi qu'une écharpe comme celles que portent les Sahraouis. Pour les militaires et les gendarmes qui nous ont accompagnés, ils n'avaient pas d'armes. Ils ne portaient que leurs uniformes», poursuit-il.
Après la « petite pause » à Guelmim, les volontaires d'Imintanout se sont rendus à Tan Tan Plage où un immense camp a déjà était mis en place par les militaires et n'attendait que leur arrivée. «Dès qu'on est arrivé, les militaires nous ont accueillis. Ils stationnaient les camions et donnaient à chaque volontaire le groupe de personnes dont il devait s'occuper. Dans mon cas, j'avais 500 personnes. Ils m'ont montré les tentes qui nous sont destinées. On s'est donc installé, mais entre-temps les négociations entre Feu Hassan II et les Espagnols étaient en cours, mais ils n'avaient toujours pas trouvé un accord», nous raconte Abdelghani. K.
Cet ancien de l'ONEP qui suivait les négociations depuis sa petite radio achetée à Ait Melloul nous rapporte que lors des négociations, Francisco Franco était mourant. «C'était comme un coup de chance pour le Maroc. Franco n'était pas capable de gérer l'affaire et il était persuadé que la marche verte n'allait pas aboutir, que les Marocains n'allaient jamais franchir la frontière et que le Sahara resterait sous le contrôle de l'Espagne. Entre temps Hassan II s'est rendu de Rabat vers Marrakech où il a rencontré le secrétaire général des Nations Unies, l'Autrichien Kurt Waldheim. Il est venu à l'appel de Feu Hassan II à Marrakech et ils se sont rendus pour l'inauguration du barrage Al Massira près de Settat. Ils ont discuté de la question du Sahara dans le train. Je suivais cette affaire depuis ma radio ».
Notre témoin poursuit ses souvenirs: « Entre temps, Franco est en mort clinique. Il ne contrôlait plus rien, et les discussions étaient intenses. Le Roi est revenu à Marrakech le 5 novembre. Il s'est rendu par la suite à Agadir, et depuis la municipalité, il a donné le coup d'envoi pour que dans la matinée du 6 novembre, les 350.000 volontaires investissent le Sahara».
Les volontaires du camp de Tan Tan Plage ont démarré la marche à 10h. Même chose pour ceux du camp de Terfaya, nous fait savoir Abdelghani. K. «Pour faire déplacer 350.000 volontaires, ça demandait énormément de travail. On est arrivé à la frontière et il ne nous restait que 5 km environ pour la franchir. Tout d'un coup, on nous a demandait de nous arrêter, d'arrêter les véhicules, d'éteindre les phares et de ne surtout pas bouger. En face de nous, on apercevait les militaires espagnols avec leurs chars et armés jusqu'aux dents. C'était l'heure de la prière du Maghreb. La tension était là, et le risque aussi. On est resté un moment dans le noir. On a dû passer la nuit sur place. Face à l'ennemi. Je me disais que ça allait mal tourner à n'importe quel moment », raconte Abdelghani. K avec nostalgie.
Entre-temps, les négociations étaient toujours en cours à Madrid et à Agadir où le roi négociait avec d'autres pays voisins, poursuit notre interlocuteur. «Khatri Ould Sidi Saïd El Joumani, le puissant notable de la tribu des Reguibat est venu au Maroc et a présenté son allégeance à Feu Hassan II à Agadir. Le lendemain matin (6 novembre) les négociations étaient arrivées à une impasse. Hassan II a donc fait un autre discours où il avait dit que la marche devait revenir là où elle a démarré. C'est-à-dire revenir à nos camps (Tan Tan Plage et Terfaya)».
Pour les volontaires de Taryfaya, ils ont pu retirer la barrière en fil barbelé et franchir quelques kilomètres du territoire sahraoui occupé par les Espagnols, nous raconte Abdelghani, se rappelant que les volontaires qui se trouvaient au camp de Tan Tan Plage n'ont pas eu l'occasion de faire de même puisqu'en face d'eux se trouvaient les militaires espagnols armés jusqu'aux dents.
«On est donc revenu à notre camp où on est resté presque 10 jours tandis que les négociations étaient toujours en cours. Je me souviens qu'il y avait un climat agréable et folklorique. Il y'avait des chants de tout genre, berbère, zayane, rifain, arabe. Les personnes dansaient et chantaient et il y en a même qui en ont profité pour profiter de la plage. Par la suite, Feu Hassan II a fait un discours où il a annoncé que le Sahara était redevenu marocain à nouveau, et que les volontaires devaient se retirer et revenir chez eux. On a par la suite été décorés par les autorités marocaines. Et l'aventure prit fin », conclut Abdelghani. K.
Il n'a pas manqué de souligner que la marche verte a bénéficié d'une couverture médiatique importante à l'époque surtout par les chaines étrangères telles que France Inter, CNN, BBC et radio Chark, qui ont suivi ce coup de génie initié par Feu Hassan II, applaudi de par le monde.


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