Décidément il ne fait pas bon d'être ministre de la Santé en Amérique latine. Le coronavirus fait des ravages partout et ceux collatéraux touchent souvent la haute sphère en ces lieux. Après les ministres du Brésil virés ou « démissionnés » en moins d'un mois voilà que celui de Bolivie non seulement s'est fait virer mais également arrêter hier. Marcelo Navajas, soupçonné de corruption lors de l'achat de respirateurs pour malades du coronavirus Covid-19, a donc, été arrêté (détenu dans les locaux de la Force spéciale de lutte contre le crime (FELCC) à La Paz) et limogé par la présidente intérimaire bolivienne Jeanine Añez, une sénatrice de droite et juriste de formation. Isabel Fernandez.Eidy Roca, vice-ministre de la Santé, a été nommée ministre par intérim. C'est que la bonne dame ne badine pas avec ce genre d'affaires. On se souvient qu'à peine entrée en fonction, le gouvernement par intérim qu'elle dirigeait avait ouvert une enquête sur 600 membres de l'ancienne administration, pour corruption. Parmi les personnes visées : des anciens ministres, vice-ministres, et le président Evo Morales lui-même, aujourd'hui réfugié au Mexique. Mais pour en revenir au scandale de corruption actuel en Bolivie et qui touche sa propre équipe, il a été révélé un surcoût dans l'achat de respirateurs à une entreprise espagnole. 28 000 dollars le respirateur, et ce, pour un modèle basique, un modèle d'urgence, alors que la Bolivie a besoin de respirateurs de thérapie intensive voilà l'affaire pour combattre la maladie du coronavirus (Covid-19). En tout, l'Etat bolivien a donc déboursé 4,7 millions de dollars pour 170 respirateurs, achetés à l'entreprise espagnole, qui elle, les vend, entre 9500 et 11 000 dollars pièce. Un calcul « élémentaire » démontre en effet, qu'on est loin du compte. Il est dit également dans l'histoire que des intervenants dans la transaction se sont grassement sucrés au passage à l'instar de l'importateur local les ayant transportés, pour la modique somme 12 500 dollars l'unité. Deux fonctionnaires de la BID, la Banque interaméricaine de développement, organisme de crédit qui a accordé un prêt à la Bolivie pour l'achat de ces respirateurs ont également été arrêtés. La présidente intérimaire, Jeanine Añez, a affirmé que les autorités corrompues devront rembourser jusqu'au dernier centime ce qu'elles ont volé. Cette arrestation et ce limogeage du ministre sont intervenus un jour après qu'elle eut ordonnée l'ouverture d'une enquête à propos d'une « une possible corruption » concernant l'achat des respirateurs. Le scandale avait éclaté pendant le week-end lorsque des médecins se sont plaints que les appareils n'étaient pas adaptés aux services de réanimation des hôpitaux boliviens. Des informations sur des soupçons de surfacturation ont alors commencé à circuler. Mercredi, la présidente Añez a gazouillé sur Twitter que « le contrat pour les respirateurs qui fait l'objet d'une enquête était de 4.773.600 dollars » et que la Bolivie avait déjà versé 2.028.780 dollars aussi, « pas un centime de plus ne serait versé » pour ces équipements médicaux. La Bolivie a enregistré près de 5 000 (4919) contaminations au coronavirus (Covid-19) et quelque 199 décès, selon les derniers chiffres officiels. Le pays est toujours en confinement, instauré depuis le 17 mars, et les frontières sont fermées au moins jusqu'à la fin du mois de mai.