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Mehdi Mezouari : Le PLFR est d'une logique circonstancielle et ses marges très réduites
Publié dans Hespress le 14 - 07 - 2020

La crise sanitaire du coronavirus (Covid-19) qui a frappé la planète est inédite dans sa soudaineté et dans son ampleur. Le bilan en est dramatique avec plus d'un demi-million de décès dans le monde. A cette crise, s'est jugulée une autre, économique et sociale celle-là, liée aux mesures de confinement et à l'arrêt de l'activité dont les conséquences ont été renversantes à l'international. Le Maroc n'y a pas échappé et a été emporté autant que les autres pays par cette vague dévastatrice.
Aussi, la question de l'état de santé de l'économie marocaine, vient se poser avec acuité après son plongeon brutal de la fin mars. Y-aura-t-il une remontée ou pas, les mesures gouvernementales massives ont-elles permis d'amortir le choc et surtout qu'en est-il des mesures sectorielles, pour les sinistrés de cette crise, telles que ceux du tourisme ou du transport aérien par exemple ? Voilà-là, autant de questions, qui plus que tarauder l'esprit, tracassent et prêtent à de libres interprétations pour le moins très approximatives par rapport à la réalité.
Et si le Projet de Loi de Finances Rectificative (PLFR) pour l'année budgétaire 2020 donne quelques éclaircissements quant à une éventuelle sortie de crise à travers les actions et mesures prises par l'exécutif pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19, et notamment l'appui aux entreprises dont l'activité a connu une baisse ou un arrêt, force est de constater que ce n'est pas encore « in the pocket » car le PLFR devra patienter avant son approbation par nos élus.
Pour en savoir plus, Hespress Fr a sollicité Mehdi Mezouari, économiste de formation et membre du bureau politique de l'USFP, le monsieur économie en quelque sorte du parti de la Rose et qui à travers sa lecture autant politique, qu'économique et sociale, du PLFR, nous a livré un regard autre de son avis éclairé, quant à la question.
Le second PLFR de l'histoire du Maroc
Entrant dans le vif du sujet, le Socialiste donne le ton. « A propos de ce PLFR qui est en train d'être débattu à la première Chambre, dans un échéancier qui est très serré, je pense que la conjoncture exceptionnelle impose des mesures exceptionnelles comme cela a été le cas en 1990, puisque, nous sommes actuellement en train de confectionner notre seconde Loi de Finances Rectificative de l'histoire du Maroc indépendant ».
Peu optimiste quant à une reprise rapide des activités économiques Mehdi Mezouari poursuit, à bâtons rompus: « Maintenant parler d'une remontée de l'économie après le plongeon est un peu prématurée. Personnellement j'y vois plutôt un plan de sauvetage, un canevas ou des signaux pour pouvoir affronter la crise dans l'avenir. Tout le monde le sait et objectivement, pour ne pas être nihiliste, les marges de la loi des finances rectificative sont très réduites. Je pense que l'administration fiscale qui a préparé cette loi, a essayé de faire dans la logique circonstancielle ».
Au passage, il fait une remarque qui lui semble importante par rapport à cela, « c'est qu'au ministère des Finances, la Direction du Budget continue toujours à préparer et à confectionner de tels plans de manière technique et bureaucratique en occultant la réalité du terrain. En effet, ils n'ont pas été à l'écoute des partis politiques, c'est une chose aberrante et négative par rapport à ce climat instauré dans notre lutte contre le coronavirus (Covid-19) ».
On a paré au plus pressé avec des plans de sauvetage
« Plus » poursuit cet homme de la génération montante de la gauche marocaine, « ils ont persisté à gérer les équilibres financiers, les équilibres macro-économiques malgré les résultats désastreux. Et ça on le pressentait au regard d'une économie marocaine d'avant Covid-19, déjà bien fragile et qui s'apprêtait à entrer de plain-pied dans une crise économique. Donc on parlera beaucoup plus d'un plan de sauvetage, d'un plan qui œuvre surtout à laisser les entreprises « vivantes » si l'on peut dire ainsi. Pendant toute cette période de cinq à six mois, on n'a fait que gérer les équilibres financiers ».
Projection vers l'horizon 2024
« L'heure est venue de s'attaquer à la Loi de Finances 2021 qui sera débattue à partir du mois de septembre dans trois mois dans l'hémicycle. La particularité de cet exercice c'est que suivant la loi organique des Finances on devra préparer une Loi des Finances étalée sur trois ans, c'est le délai de la sortie de crise », a déclaré Mehdi Mezouari avant de donner son impression sur ce qui a été entrepris par l'exécutif.
« Donc, dit-il, mon avis personnel sur cette question c'est qu'on a voulu pallier à la crise par des +mesurettes+ histoire de relancer l'entreprise sans plus. Ca a baigné surtout sur le plan procédural, sur le report des échéances, concernant les entreprises qui ont des difficultés à pouvoir payer l'impôt, et autres +mesurettes+ d'ordre technique, de décalage. On n'occultera nullement, cependant, quelques mesures importantes, positives, faites pendant la crise par le Comité de veille économique et ce dans le cadre du PLFR ».
Besoin d'un Etat fort, d'un Etat social pas d'un Etat providence
Et dans sa lancée, il poursuit, « toujours est-il que je pense que nous sommes loin du cadre de rupture qui manque à l'économie nationale, il faut marquer des ruptures pour pouvoir aller de l'avant. Sincèrement on ne sent pas que nous sommes en train de nous diriger vers « l'Etat social ». La leçon essentielle de la Covid-19 dans le monde entier, c'est justement ce grand besoin d'un Etat fort et d'un Etat social, qui dépasse l'Etat providence, qui dépasse aussi l'Etat régulateur ».
« Le besoin qui se ressent c'est un Etat qui intervienne dans la vie économique essentiellement et dans la vie sociale, en garantissant le pouvoir d'achat au citoyen, en augmentant les accès à l'emploi, à la santé, à la scolarité, à la vie digne etc. Or, on ne sent rien de tout cela. On a l'impression de faire une opération mathématique pour ne pas voir s'effondrer la chose dite entrepreneuriale, ce qui est bien sûr, légitime et même positif, à certains égards au regard de la situation que nous vivons », ajoute notre interlocuteur.
Sauver l'entreprise, mais pas que...
Puis esquissant le sujet délicat sur les entreprises en difficulté ou sinistrées, Mehdi Mezouari met l'accent sur « les contrats programmes qui vont être signés parce que le gouvernement a décidé de faire les choses au cas par cas pour les secteurs les plus sinistrés par rapport à leur situation face à cette pandémie. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme et le transport aérien, et les entreprises qui y opèrent vont peiner pour se relever et donc l'Etat se doit d'intervenir directement ».
Mehdi Mezouari clairvoyant pense que des sacrifices sont à envisager pour les secteurs sinistrés. « Pour l'aviation, un plan de relance de la compagnie nationale Royal Air Maroc a été ou est en train d'être discuté. Le plan social qui en découlera va être douloureux, c'est clair, mais l'Etat, l'entreprise et les acteurs sociaux doivent trouver la solution la moins pénible pour tous et il va falloir faire des concessions de part et d'autre pour sauver ce qu'il y a à sauver », détaille l'économiste.
Et de souligner: « On parle de redressement, c'est sûr, mais la compagnie était en déficit depuis longtemps déjà, la crise sanitaire n'a fait que confirmer une situation existante au préalable. Un plan draconien est en train de se mettre en place et il ne devrait pas plaire à tous, ce sera dur L'objectif est de relever la tête et l'on peut faire confiance aux différentes composantes de la RAM, c'est une grande école, pour peu que l'Etat y ajoute du sien ».
Le tourisme mettra du temps à s'en remettre croit savoir notre interlocuteur. « Pour ce secteur lié à la conjoncture internationale il y a une période difficile à traverser, mais le savoir-faire est là et dans toutes ses composantes ce qui est un facteur déterminant pour redécoller de plus belle dans les années à venir. L'Etat doit s'y investir et les Marocains doivent contribuer à sa survie et lui tendre la main en donnant un coup de pouce tourisme local », estime-t-il.
Le PLFR est resté en marge de l'essentiel, le développement
Puis brassant les perspectives, il saluera des actions étatiques entreprises à l'image de celle des financements « on relèvera à propos cette mesure très importante prise en conseil des ministres à savoir l'ouverture du crédit et des possibilités de financement aux entreprises dont celles publiques qui peuvent contracter des financements garantis par l'Etat à hauteur de 95% par la CGC pour la toute petite entreprise ».
Mais pour autant Mezouari ne cachera pas son amertume quant au PLFR. « Il y a certes des mesures positives mais l'on reste loin du fond, de la rupture, de la nouvelle lancée d'autant plus que le Royaume, hormis cette crise la Covid-19 est en train de repenser sa stratégie de développement. Je pense qu'un tel document ne devait pas rester en marge de cette stratégie qui est en train d'être repensée ».


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