L'ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a menacé de briser le « silence » et révéler des dossiers potentiellement explosifs si le pouvoir actuel le gardait sous contrôle judicaire. Inculpé pour corruption, détournement de fonds public, et placé sous contrôle judiciaire, l'ancien président a menacé à travers son avocat de révéler des dossiers qui pourraient rebattre les cartes et « changer beaucoup de choses », sans pour autant préciser de quels sujets, de quel niveau il s'agissait, ni qui serait visé. En conférence de presse, Mohameden Ould Icheddou, l'un des avocats de l'ex chef d'Etat a déclaré que « si la supercherie actuelle continue, je suis sûr que mon client brisera le silence, malgré son attachement à la Constitution et à son article 93, qui le mettent à l'abri de toute action judiciaire devant les tribunaux ordinaires ». « Je suis sûr également que s'il parle, ses propos feront du remue-ménage dans le pays et auront pour conséquences de changer beaucoup de choses », a-t-il encore ajouté en restant évasif mais en tentant de faire pression sur le pouvoir. Mohamed Ould Abdel Aziz qui a dirigé le pays pendant 10 ans sans partage, est accusé de corruption et après décision d'un juge d'instruction, il doit désormais demander une autorisation pour quitter la capitale, et doit se présenter à la police trois fois par semaine . Il a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire le 12 mars avec une dizaine de ses proches, notamment un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs ex-ministres et hommes d'affaires du pays. Pour l'ancien président, il s'agit d'une affaire politique, un règlement de comptes, alors que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, l'actuel président qui était son chef de cabinet, affirme que la justice est indépendante et qu'il souhaite enrayer la corruption dans le pays. Une enquête financière a permis la saisie des biens « mal acquis » évalués à des dizaines de millions d'euros. L'équipe d'avocats de l'ancien président a introduit un recours contre son inculpation et lui, invoque son immunité de président dans cette affaire inédite.