À la date du 17 juin dernier, le bureau national du Syndicat indépendant des médecins du secteur public au Maroc (SIMSP) a adressé une lettre au ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, avec comme demande urgente « la résolution définitive du problème de mutation avec la levée de la condition du remplaçant ». « Le Bureau national du SIMSP attire votre attention pour l'activation de l'ensemble des demandes de mutation et de transfert pour rejoindre les époux, qui sont suspendues et limitées par la condition du remplaçant. Il y a ceux dont l'autorisation de transfert à été éditée à leurs noms, mais ne peuvent jouir de leur droit dans une atteinte flagrante aux lois. Et c'est ce qui pousse malheureusement de nombreux délégués du ministère de la Santé, à refuser donc d'appliquer les instructions ministérielles« , explique le SIMSP. Joint par Hespress Fr, Dr. El Mountadar Alaoui, secrétaire général national du SIMSP nous explique que les demandes de transfert des médecins sont en stand-by depuis des années. Il s'agit des demandes légitimes ayant été acceptées par le ministère de la santé, mais dont le bénéficiaire ne peut jouir complètement vu la condition de la disponibilité d'un remplaçant. « Il y a ceux dont la demande de mutation a été acceptée en 2018, mais se trouvent toujours au même poste vu l'indisponibilité d'un remplaçant pour combler le vide ». Pour ce syndicaliste, « c'est au ministère de la santé de régler ce problème de remplacement et de combler le vide et non celui du médecin. Le personnel a le droit de demander la mutation. Et c'est un problème qui resurgit chaque année ». Interrogé si les demandes de transfert se font uniquement du milieu rural vers le milieu urbain, Dr. Alaoui nous répond par un « Non »catégorique , « vu qu'il y a beaucoup de femmes qui veulent rejoindre leurs époux dans leurs villes natales, notamment des petites provinces ». « À Outat Lhaj qui se trouve dans la province Boulmane, il y a deux urgentistes qui travaillent à l'hôpital provincial sachant que c'est une petite ville. Et pourtant. Mais si un jour ils décident de changer de ville, ils ne pourront jamais bénéficier de ce droit vu l'indisponibilité d'un remplaçant. Ils sont donc condamnés. En plus des médecins qui ont été admis au concours de spécialité mais ne peuvent quitter leur poste vu qu'il n'y a pas de remplaçant » nous dit-il, notant que même les futurs médecins et lauréats, en qui le Syndicat avait espoir, refusent d'intégrer le système de santé public vu les nombreuses failles qu'il connaît ce qui est compréhensible. L'arrivée des médecins étrangers ressouderait-elle le problème ? Difficile de trancher sur ce point, selon Dr. Alaoui. Le projet de loi 33-21 modifiant et complétant la loi 131-13 relative à l'exercice de la médecine au Maroc, prévoit d'attirer le plus de médecins étrangers au Maroc et combler la pénurie de plus de 30.000 médecins dont a besoin le Royaume. Ce projet de loi vient également accompagner la refonte du système de santé ordonnée par le Roi Mohammed VI. Tout en étant ouvert à l'accès des médecins étrangers au Maroc, Dr. Alaoui se demande si un médecin venu du Canada va accepter de travailler dans un village situé au sommet d'une montagne ou dans un village isolé. « Nous avons besoin d'une solution immédiate de la part du ministère. Il nous faut des remplaçants pour permettre aux médecins de bénéficier de leur droit de mutation. Mais si nous évoquons le sujet des médecins étrangers, qui sont les bienvenus au Maroc, il faut se poser la question si ce médecin venu d'un pays européen va accepter de remplacer Mohamed dans le milieu rural avec le salaire médiocre que touche ce dernier ? Il faut être logique« , relève le syndicaliste qui s'interroge « si le ministère de la santé aura le courage d'imposer aux médecins étrangers de ne travailler que dans le milieu rural où se trouve la pénurie de médecins. Sauf s'il leur propose dix fois le salaire ». Mais pourquoi ne pas motiver les médecins marocains en leur offrant un « bon salaire et des bonnes conditions de travail » pour les inciter à travailler dans en milieu rural?. Sur ce point, Dr. Alaoui revient sur le dossier revendicatif des médecins du secteur public qu'ils brandissent depuis des années et qui selon lui «répond à l'ensemble des besoins légitimes des médecins du secteur public et qui reste réalisable ». « Aujourd'hui, les médecins du secteur public ont besoin d'aide. C'est une réalité. Et on est ouvert à toute proposition notamment l'arrivée des médecins étrangers. Mais on se dit que les conditions qualitatives sont indispensables pour préserver la santé des citoyens. Il faut que ces médecins étrangers soient compétents. Il faut s'assurer de leur compétence avant leur accès au Maroc, comme nous les Marocains, quand on immigre vers l'étranger on nous impose un paquet de conditions pour faire nos preuves et accéder au secteur. Et les médecins marocains ont prouvé à maintes reprises leurs compétences et leur savoir-faire à l'échelle mondiale. Certes nous avons besoin d'aide, mais nous refusons les bras cassés parmi nous« , conclut Dr. Alaoui.