L'Algérie continue son virage autoritaire en sanctionnant et en intimidant toutes les voix critique du pouvoir incarné par Abdelmadjid Tebboune, dont l'élection est contestée et qui a accédé à la présidence dans un contexte de grave crise sociale et de rejet des symboles du régime algérien par le mouvement national Hirak. Alors que le pays vit une détérioration à tous les niveaux (baisse du pouvoir d'achat, pénuries d'aliments de base, de médicaments et d'oxygène…) dont les citoyens sont les premiers impactés et pour laquelle les dirigeants ne semblent pas s'inquiéter, le régime algérien continue sa stratégie d'intimidation. Elle vise tous ceux qui oseraient se plaindre ou pointer du doigt les incohérences, les défaillances et la mauvaise gestion de l'Etat. En ligne de mire, se trouvent les journalistes ainsi que les activistes et après l'épuisement des prétextes pour les trainer de la justice à la solde de l'Etat, c'est une nouvelle accusation fourre-tout que le régime algérien a trouvé: l'appartenance soit au MAK soit au Rachad, deux mouvements basés à l'étranger (échappant à l'Etat algérien) qui ont récemment été classés comme « terroristes ». Après avoir arrêté et emprisonné plusieurs journalistes pour diverses raisons, aujourd'hui le régime algérien s'est distingué par une nouvelle obsession. Elle vise les journalistes du quotidien Liberté détenu par l'homme d'affaires Issab Rebrab, un homme hautement apprécié par ses employés. Après l'arrestation de Rabah Kareche, le correspondant de Liberté dans le sud algérien, une région soumise à un black out pour taire les revendication de la population lésée par rapport à celle du nord, c'est un autre journaliste du même quotidien qui s'est vu visé. Il s'agit de Mohamed Mouloudj, qui a été placé sous mandat de dépôt. Officiellement il n'a « pas été arrêté pour ses écrits journalistiques », nous confie un source en Algérie ayant requis l'anonymat qui a déploré une « période difficile » vécue par les Algériens. « Il est accusé d'appartenance au MAK (le mouvement d'indépendance Kabyle, ndlr). Mais il ne fait plus partie de ce mouvement », assure notre source, affirmant que le régime algérien a trouvé avec le MAK une nouvelle case fourre-tout pour légitimer des arrestations illégales et abusives. Mercredi, le Front des forces socialistes (FFS) a réagi à cette arrestation en dénonçant une « escalade sécuritaire et judiciaire ». Il s'agit d' « arrestations arbitraires » qui ne feront que « creuser davantage le fossé de la confiance » entre le peuple et les dirigeants, a indique le parti politique dans un communiqué. Et de poursuivre en dénonçant « le recours systématique à la gestion sécuritaire des affaires de l'Etat pour contrer les aspirations populaires à la liberté, à la dignité et à la justice sociale » et en appelant à la libération de « tous les détenus d'opinion », la cessation immédiate des « atteintes aux libertés individuelles et collectives » et l'ouverture des « champs politique et médiatique ». Le parti, lucide, a appelé les dirigeants algériens à la « sagesse » et à « l'instauration d'un climat de calme et de sérénité », estimant que « l'approche du tout sécuritaire » continuera de « creuser davantage le fossé de la confiance, alimenterait les tendances extrémistes et augmenterait la tension, ce qui aggraverait encore la situation ». De son côté, le secrétariat du bureau politique du parti des Travailleurs de Louisa Hanoune, ancienne détenue lors du mouvement de purification post déchéance de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, a tancé les dirigeants algériens en dénonçant une approche sécuritaire et répressive contre les enfants de l'Algérie. « L'Etat éclairé, soucieux de l'avenir du pays, et donc de sa stabilité, ne traite pas les problèmes politiques par les moyens sécuritaires, par le recours à la répression tout azimut à l'encontre de ses enfants », a indiqué le parti en référence à cette énième campagne d'arrestations arbitraires. Le parti a mis en garde contre cette « campagne d'arrestations qui cible des activistes politiques et des journalistes » dont Mohamed Mouloudj, « un militant pour la démocratie, un patriote sincère défenseur des causes justes ». il est « irresponsable de procéder à des arrestations à la hussarde et des condamnations irrationnelles pour appartenance à ce mouvement marginal », ajoute le PT en référence au mouvement MAK, un mouvement pacifique et non armé, relevant « des accusations très graves (qui) sont portées contre les prévenus » en Kabylie.