Dans le monde des frères Azaitar, tout est faux. L'amplitude de leurs exploits sportifs, l'origine de leur fortune, leur statut d'intouchables et même le concept de leurs commerces inaugurés en grande pompe dans la marina de Salé en mars dernier. Ainsi, le point de vente baptisé Royal Donuts ne fait pas partie du réseau de la célèbre enseigne allemande du même nom. Interrogée par Hespress, une source proche de Enes Seker, le principal fondateur de Royal Donuts, affirme que la marque allemande ne dispose d'aucun restaurant franchisé au Maroc, pas un seul. L'unique manière pour les Marocains de consommer les (vrais) donuts de l'enseigne internationale est de les commander en ligne, via ses boutiques en Belgique. Pourtant, les frères Azaitar n'ont eu aucun scrupule à reproduire les signes distinctifs et le savoir-faire de la marque dans leur magasin de donuts ouvert à la marina de Salé. Une usurpation qui pourrait bien faire reprendre aux multi-condamnés germano-marocains le chemin des tribunaux allemands, car Enes Seker accuse la fratrie de lui avoir « volé sa marque ». Ses avocats sont en train de « travailler sur cette affaire, » selon notre source à Cologne. « Voleur un jour, volera toujours », écrivait Arthur Schopenhauer dans l'un de ses plus célèbres textes sur le libre arbitre. Plutôt que de scolariser ses délinquants de fils dans une institution saoudienne controversée en Allemagne, le père d'Abu Bakr, Omar, Khalid et Ottman Azaitar aurait mieux fait de les familiariser avec la pensée du philosophe allemand. Loin des fausses croyances diffusées par le wahhabisme et dans lesquelles ils ont grandi, ils auraient au moins appris à quel point il est difficile d'échapper à sa vraie nature. Ceux qui pensent que les Azaitar ont tiré un trait sur leur lourd passé criminel ont tort Celle des frères Azaitar n'a rien d'honorable. Évidemment, nul n'est à l'abri de dérapages ou d'erreurs de jeunesse, mais le casier judiciaire de la fratrie et l'avidité dont elle fait preuve sont tels que nous n'avons aucun mal à adhérer à la vision de Schopenhauer. Le 1er mai 2021, nous révélions le casier judiciaire glaçant des frères Azaitar avant qu'ils ne se lancent dans les arts martiaux mixtes (MMA) : « vols, extorsion de fonds, fraudes, violences physiques, association de malfaiteurs, vols qualifiés et récidive, escroquerie informatique, conduite sans permis, atteinte à l'intégrité physique causant une incapacité permanente, coups et blessures, trafic de stupéfiants, faux et usages de faux et résistance à force de l'ordre. » Ce pedigree inouï a valu à Abu Bakr, par exemple, des condamnations en 2004,2005, 2006, 2007, 2008 et deux autres en 2012. Son jumeau Omar, quant à lui, a engrangé des exploits similaires avec un penchant pour les vols qualifiés, notamment à main armée, et les extorsions de fonds. Les pratiques de celui qui fût manager et entraîneur d'Abu Bakr et Ottman, donnent tout leur sens à un proverbe hébreu qui voudrait que « quand un voleur vous embrasse, comptez vos dents ». Omar Azaitar en chef de bande Enes Seker et son associé Abdullah Sevim comptent actuellement les leurs. Ils ne reviennent toujours pas d'avoir découvert l'ampleur de la contrefaçon de leur marque par les frères Azaitar, à leur tête Omar qui fait figure de chef de bande dans cette incroyable usurpation. Fondée en 2018 à Cologne par les deux entrepreneurs d'origine turque, la marque au concept original de donuts, déclinés de 120 façons différentes, a connu un succès fulgurant au point de compter aujourd'hui plus de 300 restaurants franchisés en Allemagne (170), Belgique, Suisse, Pologne, Ukraine, Autriche, Grèce, Portugal, Pays-Bas, France, Espagne, Emirats Arabes Unis (Dubaï) et Tunisie (Tunis). Page Instagram de l'enseigne allemande Royal Donuts Il suffit de jeter un coup d'œil au compte Instagram de la société mère Royal Donuts qui affiche 230.000 abonnés pour se rendre compte qu'elle suit tous les points de vente franchisés à travers le monde, mais que celui des frères Azaitar ne figure pas dans la liste. De même que le compte Instagram de la fratrie, baptisé Royal Donuts Morocco, n'affiche aucune relation avec l'entreprise fondée par les deux entrepreneurs d'origine turque. Le compte Instagram de la Royal Donuts Morocco n'affichant aucun lien avec la maison mère en Allemagne Plagiat, contrefaçon et parasitisme S'il n'est pas illégal de s'inspirer d'un modèle existant, car une idée ou un concept ne peuvent pas être complètement protégés, personne ne peut purement et simplement copier la matérialisation de ce modèle, que ce soit les textes du site, la plaquette de présentation, le design, la dénomination, le produit, le menu ou encore le logo. Ces éléments sont, en effet, protégés par le droit d'auteur, voire pour certains, par des brevets. Entre la marque allemande Royal Donuts et le point de vente ouvert le 27 mars dernier par les frères Azaitar, le risque de confusion ou d'association est avéré. Loin de n'avoir que de simples ressemblances, le logo et la dénomination à eux seuls suffiraient à faire condamner les contrefacteurs. Nom, logo, menu, donuts, décoration : tout est copié Ainsi, lorsque l'on compare les menus de l'enseigne internationale Royal Donuts et Royal Donuts-Morocco, on comprend aisément que le consommateur pourrait s'y perdre tout comme il croirait sans difficulté voir dans certains signes distinctifs du logo copié par la fratrie, celui de la (vraie) marque. Tous deux arborent une couronne sur la lettre O de Royal. La seule précaution prise par les frères Azaitar consiste à éliminer une branche de la couronne qui en compte 5 sur le vrai logo de l'enseigne allemande. L'enseigne allemande Royal Donuts avec 5 branche de la couronne et Royal Donuts-Morocco des Azaitar avec 4 branches seulement Un préalable qu'ils n'ont, en revanche, pas considéré devoir assurer pour leur autre point de vente, Royal Burger, mitoyen du magasin de donuts au sein de la marina de Salé. La couronne y présente 5 branches, mais au lieu du O en forme de donuts du logo original, ils ont tout simplement mis un hamburger. Notons que Royal Burger est le nom d'un produit créé par l'enseigne internationale Royal Donuts. C'est un beignet coupé en son milieu et rempli d'une garniture, à la manière d'un burger. C'est avec ce genre d'offres et sa capacité à se renouveler régulièrement que la marque allemande se distingue de son principal concurrent, le géant américain Dunkin. Au lieu du O en forme de donuts du logo de l'allemand Royal Donuts, les azaitar se sont contentés d'un hamburger Dégradation de l'image de la marque Royal Donuts Là encore, du côté de la marina de Salé, nous avons affaire à un faux. La gamme a été totalement copiée par la fratrie qui peut être attaquée pour « parasitisme » s'il est démontré qu'elle contribue à la dégradation de l'image de marque de Royal Donuts et tire « indûment profit du savoir-faire et des efforts humains et financiers consentis par une entreprise, victime des agissements de la personne qui usurpe la notoriété acquise par ce concurrent. » Les Azaitar sont également allés jusqu'à reproduire la diffusion sur leurs comptes Instagram des mêmes spots publicitaires de la franchise allemande Royal Donuts et le graphisme utilisé pour les emballages n'échappe pas, non plus, à ce copier-coller. Les azaitar reproduisent la diffusion, sur leurs comptes « instagram », des mêmes spots publicitaires produits par la franchise allemande « royal donuts » Le troisième commerce ouvert par la fratrie, le bar à chicha Chérie, chéri fait, lui aussi, l'objet de copies grossières. Une simple recherche sur internet permet de constater que la dénomination est celle d'un concept store et café français créé dans la ville de Rennes. Il existe également une application de rencontre du même nom. Sa créatrice, une entremetteuse des temps modernes, propose des soirées de rencontre depuis 14 ans à Paris, la capitale française. Décoration du bar à chicha Chérie chéri à la Marina de Salé Concept store et café français créé dans la ville de Rennes L'imitation ne s'arrête pas là puisque les éléments de décoration ont eu pour modèle Rolls Dotty's qui n'est autre que la filiale espagnole de Royal Donuts. Le design intérieur, l'atmosphère, les couleurs, le mur de fleurs sont là pour témoigner d'une reproduction que les promoteurs espagnols pourraient dénoncer, dans la foulée de la maison mère allemande. Un copier-coller qui risque de leur coûter cher Avant de prendre le risque d'une peine d'emprisonnement et de lourdes amendes, la fratrie aurait tout simplement pu acheter le droit d'exploiter la marque Royal Donuts en faisant franchiser son point de vente par l'enseigne allemande qui connaît l'une des croissances les plus rapides au monde avec 6 nouveaux magasins ouverts chaque mois. Pour être franchisé, il faut un apport de 50 000 euros (530 000 dirhams) et payer un droit d'entrée de 85 000 euros (900 000 dirhams), peut-on lire dans les sites spécialisés. Ce n'est pourtant pas l'argent qui manque à Omar Azaitar, celui des frères qui s'est occupé de mettre en place les commerces de la famille. Le prix d'une seule des montres de luxe Richard Mille qu'il expose fièrement à son poignet régulièrement dans les réseaux sociaux aurait suffi pour faire franchiser au moins 5 magasins par la maison mère. Omar azaitar avec au poignet une montre de luxe Richard Mille Mais les frères Azaitar ne sont pas du genre à passer à la caisse. Ce sont eux qui se font payer, pas l'inverse. Ils sont tellement pris dans un régime de pouvoir au sein duquel ils revendiquent haut et fort leur position de dominant, qu'ils considèrent sans doute ne rien devoir à personne. Deux mots expliquent précisément cette posture : arrogance et vanité. Ils ont fait perdre toute notion de la réalité à la fratrie et les ont menés à une volonté de domination qui se répand et déborde pour réduire les Marocains, outrés par leurs excès, au silence. Cette même arrogance et cette même vanité les ont conduits à s'arroger et s'attribuer illégitimement des concepts qui ne leur appartiennent pas, en pensant que personne ne viendrait les leur contester. Nous sommes dans l'absurde et le sordide Si au Maroc des vies ont été brisées pour que des personnes gonflées de vide comme Omar, Abu Bakr, Ottman et Khalid continuent leur imposture, les fondateurs de la (vraie) marque Royal Donuts n'entendent pas se laisser dépouiller par ceux que la presse allemande avait surnommé « les gangsters à la Ferrari ». En attendant qu'ils saisissent la justice, les propriétaires d'une autre chaîne de restauration allemande, « 3h's », dont les Azaitar possèdent une franchise à Tanger depuis 2019, ont mis un terme à leur collaboration avec l'encombrante fratrie. En effet, la page web officielle de la franchise de hamburger ne fait d'ores et déjà plus référence à une filiale au Maroc. Nous n'avons pas réussi à obtenir plus d'informations sur les raisons de cette séparation, mais il fait peu de doutes que les pratiques de contrefaçon de marque de la fratrie ont dû conforter les fondateurs de « 3h's » dans cette rupture de contrat. le restaurant des azaitar à Tanger est toujours opérationnel sous le nom de « 3h's », avant qu'il ne soit renommé « royal burger morocco », comme l'indique la page « instagram » officielle dudit établissement