Le gouvernement de gauche espagnol a renoncé à présenter un projet de loi de finances pour 2024 et a décidé de prolonger sur l'ensemble de l'année en cours les équilibres budgétaires de 2023. Cette décision a été prise après l'annonce mercredi de la dissolution du Parlement de la Catalogne et d'élections anticipées le 12 mai dans cette région du nord-est du pays, susceptibles de déstabiliser le soutien dont bénéficie le gouvernement du Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez au Congrès. Avec les élections catalanes, « les circonstances politiques ont changé », où « l'arithmétique parlementaire au Congrès est la clé » pour le vote d'un projet de loi de finances, a résumé jeudi sur la radio publique RNE Juan Espadas, porte- parole du parti socialiste au Sénat. Interrogée mercredi soir sur la radio Cadena Ser, la ministre du Budget, Maria Jesús Montero, numéro deux du gouvernement, avait jugé nécessaire d'être « réaliste » face au contexte politique espagnol et de se concentrer désormais sur la préparation du budget 2025. Le projet de loi de finances pour 2024 aurait dû être voté à l'automne, mais a été retardé en raison de l'incertitude politique ayant suivi les élections législatives de juillet 2023. L'exécutif gouverne donc depuis le 1er janvier sur la base du budget 2023, qui a été prolongé. Les législatives de juillet n'ont pas permis de désigner une majorité claire et ont conduit, après de longues négociations, à la formation d'un gouvernement minoritaire entre les socialistes et le parti de gauche radicale Sumar, soutenu par des indépendantistes, notamment catalans. Mais les deux principales formations séparatistes catalanes, Ensemble pour la Catalogne (JxCat) et Gauche républicaine de Catalogne (ERC), sont à couteaux tirés depuis que JxCat a claqué la porte du gouvernement régional catalan en octobre 2022. Cette décision a fini par convaincre mercredi le président de la Catalogne, Père Aragonès, chef de file d'ERC, de convoquer un examen anticipé le 12 mai, après l'échec de son propre projet de loi de finances pour 2024. Les résultats de ce scrutin sont susceptibles d'influencer sur le positionnement de ces deux partis vis-à-vis du gouvernement central au Congrès. « La convocation d'élections en Catalogne a clairement modifié l'échiquier politique », a souligné Maria Jesús Montero, disant vouloir désormais « profiter » du travail budgétaire engagé ces dernières semaines avec les soutiens de l'exécutif au Parlement « pour travailler sur le budget 2025 ». La constitution espagnole autorise le gouvernement à prolonger les plafonds de dépenses et de recettes d'un budget pendant plusieurs années, sous conditions, en cas d'absence de consensus au Parlement. Cette disposition a été utilisée à de multiples reprises ces dernières années.